SensCritique
Liste de

13 films

créée il y a environ 2 mois · modifiée il y a 5 jours
La Pie voleuse
6.2
1.

La Pie voleuse (2025)

1 h 41 min. Sortie : 29 janvier 2025. Drame

Film de Robert Guédiguian

Annotation :

Très habile construction scénaristique, qui voit des séquences être posées sans fil narratif commun, puis qui trouvent réponse une poignée de scènes plus tard, et finissent par s'imbriquer les unes dans les autres.

Du cinéma de vieux sage : sans virtuosité, sans prétention, presque pépère, mais avec beaucoup de fond. On peut reprocher à Guédiguian sa naïveté (quelle clémence pour le personnage d'Ariane Ascaride), mais certainement pas d'être léger. Jolie histoire, incarnée, habitée, sensible.

Donne presque envie de revenir à Marseille, et pourtant Dieu sait que cette ville est devenue laide.

Slocum et moi
6.4
2.

Slocum et moi (2024)

Slocum

1 h 15 min. Sortie : 29 janvier 2025 (France). Animation

Long-métrage d'animation de Jean-François Laguionie

Annotation :

Mimi petit dessin-animé, intime, sur un récit d'adolescence douce-amère, abordé sans lourdeur. Sans ambition autre que celle du souvenir personnel et de la déclaration d'amour à ses parents, Laguionie livre un joli métrage, léger mais en aucun cas dérisoire, et où les vues aquarelles d'une Marne paisible évoque l'héritage des impressionnistes, entre Sisley et Marquet.

Wallace et Gromit - La Palme de la Vengeance
7.1
3.

Wallace et Gromit - La Palme de la Vengeance (2024)

Wallace & Gromit: Vengeance Most Fowl

1 h 19 min. Sortie : 3 janvier 2025 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Nick Park et Merlin Crossingham

Annotation :

Découvrir le dernier Wallace et Gromit, c’est avoir le cœur pris en otage : on ressuscite un personnage d’il y a trente ans pour une suite à Un Mauvais Pantalon, on remet en place tout le folklore gromitien, on fait des tapes dans le dos à droite à gauche, il faut que ça rappelle des choses. La tentative marche un temps, car il est difficile de résister au charme suranné de cette animation mignonne, et de ne pas sourire devant quelques bons gags et jeux de mots bienvenus.

Mais ce volet ressemble trop à une machine, et derrière ces hordes de nains parfaitement animées, ce rythme effréné, ce besoin incessant de la référence, on finit par bailler : le cœur n’y est plus. Il y a sans doute une part de nostalgie quand on repense aux premiers Wallace et Gromit, mais l’image était différente, plus artisanale, plus vibrante. Ici, tout paraît trop bien fait, trop conscient, trop plein, et manque cruellement de folie. C’est mieux que la majorité des productions, c’est sûr, et l’esprit anglais est toujours là, mais celui de débrouille et le côté savant-fou de Nick Park n’y sont plus : il n’est plus que savant.

Le Jardin zen
6.6
4.

Le Jardin zen (2023)

Hamon

2 h. Sortie : 29 janvier 2025 (France). Comédie dramatique

Film de Naoko Ogigami

Annotation :

L'observation réaliste de ce Japon des envers est assez juste : des relations familiales qui se tendent en sourdine à l'exposition courageuse et rare des sectes sournoises, il y a du vrai. Dommage que la mise en scène soit si peu affirmée : les images sont assez peu fortes, et le film n'est que trop l'application de son scénario.

La scène finale est - enfin - un peu moins basique, mais, par opposition, elle est trop démonstrative : voir un personnage qui danse pour exprimer sa sérénité, merci mais non merci.

La Chambre d'à côté
6.3
5.

La Chambre d'à côté (2024)

The Room Next Door

1 h 47 min. Sortie : 8 janvier 2025 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Annotation :

Iglesias est un grand compositeur : ce n'est pas un immense faiseur de mélodies, mais c'est un très habile habilleur. Ici, dans de subtiles teintes herrmanniennes ou dans un habituel style rond, il donne beaucoup de fluidité à ce film. Almodóvar lui doit beaucoup.

Autrement, ce film n'est pas particulièrement intéressant ; il rappelle que son réalisateur est un narrateur doué, un homme de style, mais l'ensemble se résume à ces deux étiquettes. Pour sa première grande incursion en terre américaine, l'Espagnol perd un peu le sens des réalités, et se confronte à un milieu d'une telle bourgeoisie et d'un tel snobisme qu'il est difficile de croire à la chair de ses personnages, de les avoir dans les tripes. Almodóvar ferait un très bon décorateur d'intérieurs, un habile photographe de magazine de mode, mais a-t-il déjà mis des bottes pour marcher dans la boue ? C'est une question qu'on peut se poser à la vision de ce film si apprêté qu'il en oublie de traiter d'un fond quelconque. Belle dernière réplique, à la rigueur...

Plaisir un peu sadique de voir que Tilda Swinton surjoue encore une fois, et, comme à son habitude, ne peut s'empêcher de se déguiser le temps d'une séquence : elle rappelle, sans qu'on le lui demande, à quel point elle n'est qu'une actrice de l'happening et du tape-à-l'œil. Qu'il est agréable d'être conforté dans ses opinions !

Queer
5.9
6.

Queer (2024)

2 h 15 min. Sortie : 26 février 2025 (France). Drame, Romance

Film de Luca Guadagnino

Annotation :

Ça partait bien : la première partie, même si elle n'est pas exempte de défauts, a le mérite de tenter des choses, et d'en réussir un certain nombre. Il faut reconnaître que Guadagnino a du talent, et quelques scènes, allant de la rencontre sur Come As You Are (et pourtant, difficile de faire plus clipesque) jusqu'à celle des premières étreintes, montrent que le cinéaste n'est avare ni en idées, ni en sensibilité. Quelque part entre la sophistication de Bertolucci (la photo fait beaucoup penser à Storaro) et le maniérisme de Fassbinder, en moins schématique, il trouve sa place.

Malheureusement, dès le deuxième chapitre, les choses se gâtent ; à partir de là, le film ne fait que baisser en qualité, et s'y empilent les moments franchement embarrassants. Entre des effets numériques piteux, une retranscription particulièrement moche d'un bad trip sous ayahuasca, ou un final affreux de lourdeur, l'ensemble finit par devenir insupportable. Il est probable que cela soit dû plus à Burroughs qu'à Guadagnino : à chaque fois qu'on retrouve l'étrangeté malsaine propre à l'écrivain, on descend d'un cran.

Il aurait fallu se contenter de ces 40 minutes d'introduction : elles contiennent beaucoup de cinéma. Drew Starkey, révélation de l'année.

The Brutalist
7.1
7.

The Brutalist (2024)

3 h 35 min. Sortie : 12 février 2025 (France). Drame, Romance

Film de Brady Corbet

Annotation :

J'ai toujours peur de méjuger les films récents : peur de répondre à des réflexes primaires d'auto-défense face au génie et d'être beaucoup plus exigeant qu'envers le cinéma classique, peur de me tromper vis-à-vis de ce qui fera date, peur de réagir sur l'instant - comme nous le faisons tous à notre époque - et de ne pas saisir immédiatement la place qu'une œuvre aura en moi sur le long terme. Pour The Brutalist, je suis pourtant assez sûr de mon jugement, je ne fais pas preuve de mauvaise foi : quand au bout de 200 minutes de cinéma lourdingue, et juste avant un générique avec musique pimpante asséné comme un coup de coup de grâce, un personnage déclare "L'important, ce n'est pas le voyage, mais la destination", je me dis que ce n'est pas tant le génie que la démesure qui m'a écrasé.

Il est évident que voir, en 2025, un film de cette ampleur, de cette précision, de cette longueur a quelque chose de réjouissant, mais, au final, qu'aime-t-on au cinéma : la forme, qui n'est ici que celle d'une reconstitution consciencieuse (voire un peu prétentieuse), ou le fond ? Sans doute des deux, mais ici, il est beaucoup trop question de l'un et pas assez de l'autre. On voit dans The Brutalist un certain soin, une exigence technique inhabituelle, quelques dialogues assez réussis, mais rien de plus : ce film n'est que facture, et il y a une chose qu'il n'est jamais, c'est émotion. Beaucoup de choses, pêle-mêle, le constituent : une réflexion sur la judéité, un renversement de l'American Dream (ce n'est pas un hasard si le film commence sur une image retournée de la Statue de la Liberté), un parallèle entre l'architecture d'un bâtiment et la recherche de la beauté absolue de l'être humain, et d'autres encore sans doute. Mais la sève de l'affect, elle, est complètement délaissée. Les trente dernières minutes sont à ce titre un pur calvaire : on en a plus rien à faire. Cette relecture de la construction de la chapelle Rothko n'a aucune saveur, elle glisse sur les yeux.

Même s'il lui reste du chemin à parcourir, Ari Aster est nettement plus talentueux que ce Brady Corbet. Paul Thomas Anderson peut dormir sur ses deux oreilles. Martin Scorsese a le temps de voir venir la relève. Et Orson Welles ricane dans son cercueil.

Le Dossier Maldoror
6.6
8.

Le Dossier Maldoror (2024)

2 h 35 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Drame, Thriller, Policier

Film de Fabrice Du Welz

Annotation :

Pendant un bon bout, et malgré des excès, le film est bien mené, presque convaincant dans son importation européenne des codes du polar américain. Puis voilà que Du Welz ne peut s'empêcher de verser dans l'hystérie, le destroy, le lyrisme outrancier, et de ruiner son joujou en le fardant de filtres rouges mortels, d'imagerie criarde de l'expiation, de colères amphigouriques, d'appels craspecs au glauque indigent. Les amateurs de série B seront en joie : ça veut tout dire. Quant à Tarantino, il attend toujours son successeur.

Presence
6.3
9.

Presence (2024)

1 h 25 min. Sortie : 5 février 2025 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Steven Soderbergh

Annotation :

Le projet aurait pu donner quelque chose, mais le scénario et les dialogues sont vraiment trop expédiés (un ado aurait signé quelque chose de plus consistant), et il devrait être interdit de filmer en grand angle autrement qu'en plan fixe ou en mouvement rectiligne.

Le voir en VF n'a sûrement pas aidé, mais le film n'avait pas suffisamment d'arguments pour convaincre par ailleurs.

Le Dernier Souffle
5.5
10.

Le Dernier Souffle (2024)

1 h 40 min. Sortie : 12 février 2025. Drame

Film de Costa-Gavras

Annotation :

Le fond n'est pas inintéressant, et il est touchant de voir Costa-Gavras se préoccuper de la fin de la vie alors qu'il a lui-même plus de 90 printemps (il en parlait déjà dans Cœur de Femme), mais ce testament ne présente aucun début de cinéma. Mise en scène zéro : le film est nettement mieux documenté que réalisé.

Sidérante distribution, voyant certains noms de grand prestige... faire des apparitions de deux minutes.

Julie se tait
6.9
11.

Julie se tait (2024)

Julie zwijgt

1 h 37 min. Sortie : 29 janvier 2025 (France). Drame

Film de Leonardo Van Dijl

Annotation :

Sérieux, engagé, appliqué, consciencieux, et donc programmatique, cousu de fil blanc et parfaitement chiant. De quoi rêvent les réalisateurs qui font ce genre de film, à quoi songent-ils ? Ont-ils déjà vu la lune ?

La Voyageuse
6.8
12.

La Voyageuse (2024)

Yeohaengjaui Pilyo

1 h 30 min. Sortie : 22 janvier 2025 (France). Drame

Film de Hong Sang-Soo

Annotation :

Invraisemblable : Hong Sang-Soo a scénarisé ce film en une semaine, puis l'a tourné en trois jours. Nikon numérique des années 2000, prise de son ultra basique, photographie d'une nonchalance incroyable (le nombre de plans hors de focus est sidérant), non mais vraiment, de qui se moque-t-on ? Ceci n'est qu'une ébauche de film, à la rigueur, un film privé... Arrêtons la complaisance, cessons de donner de la valeur à "l'originalité de son style", soyons sérieux deux minutes : qu'on offre des sorties nationales aux brouillons de Sang-Soo est un incroyable foutage de gueule pour ceux qui se donnent du mal. Quel que soit son passif ou sa personne, il n'a droit à aucune indulgence.

Alors oui, il faut reconnaître que, dans sa cruauté, l'ensemble possède son ton, il y a de la férocité dans la façon que le personnage de Isabelle Huppert, mi-escroqueuse mi-débilos, a d'être disséqué, mais même en comptant cela, à quoi sert ce film ? Pensez-vous vraiment que Hong Sang-Soo lui porte de l'estime ? Pensez-vous qu'il est heureux de l'avoir fait ? Et vous, pensez-vous que vous vous le rappellerez dans six mois ?

Le néant. Honteux de flemmardise.

Bird
7
13.

Bird (2024)

1 h 59 min. Sortie : 1 janvier 2025 (France). Drame

Film de Andrea Arnold

Annotation :

Détestable.

Les personnages d'Andrea Arnold sont-ils indignes ? Non. La façon qu'elle a de les exposer et d'en faire des bêtes de foire l'est-elle ? Assurément. En cumulant tous les poncifs de la misère dans ce film lourdingue, en faisant de chaque scène un écueil de toutes les déchéances sociales, et en listant laborieusement tout le catalogue du bouseux pour apitoyer le spectateur en manque de culpabilité, elle fonce dans la surenchère. Il est quand même paradoxal de vouloir traiter de façon aimante et directe ses personnages lorsque, par ailleurs, on en fait des bestiaux d'hérédité chargée, tous parents à 14 ans, habitant dans des squats minables et insalubres, et vivant d'activités plus bas que terre ou réduits à la violence de quartier... Quand, dès le début, on entend les pitres de Fontaines D.C. s'époumoner "Is it too real for ya ?", on a envie de répondre que c'est juste too much : caricatural au possible.

Sans compter toute la symbolique ridicule autour du coming of age (des oiseaux, des chevaux, du vent, une fugue à la mer), vraiment, c'est à lever les yeux au ciel... Andrea Arnold a plus de soixante ans, et fait des films comme si elle en avait 25.

Véreux

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