Les meilleurs films de 2025 selon Alexandre G
5 films
créée il y a environ 1 mois · modifiée il y a environ 6 heuresJe suis toujours là (2024)
Ainda Estou Aqui
2 h 15 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Biopic, Drame, Thriller
Film de Walter Salles
Alexandre G a mis 9/10.
Annotation :
Déjà une énorme claque de l'année et on n'est qu'en janvier ! Prenant le prétexte d'une famille, celle de Rubens et Eunice Paiva, durant la dictature militaire au Brésil des années 1970, le film nous expose ce sentiment si cher aux Brésiliens et Portugais : la saudade. Cette nostalgie bienheureuse, douce-amère, qui retrace les doux moments partagés et qu'on a perdus, ceux qui se mêlent avec le malheur et le désespoir : ici, l'idylle familiale du début, parfaitement filmée, est rapidement détruite par l'arrestation arbitraire de Rubens Paiva, ex-député socialiste, et sa femme, Eunice, qui devient rapidement le personnage principal de cette histoire. Libérée, elle tente désespérément de retrouver la trace de son mari. Le film nous captive, que ce soit dans ces longues scènes à l'intensité inégalée, qu'avec ses morceaux d'amour familial croqués par-ci par-là, habités par les acteurs, petits et grands, au casting parfait. Seul petit bémol : les flash forwards finaux, nécessaires pour l'intrigue, sonnent un peu forcé après la trame principale.
Mémoires d’un escargot (2024)
Memoir of a Snail
1 h 34 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Animation, Drame
Long-métrage d'animation de Adam Elliot
Alexandre G a mis 8/10.
Annotation :
Et bien ! 2025 commence si bien. Et c'est avec le retour d'Adam Elliot, peu prolifique réalisateur de film d'animation en stop-motion, qui ne signe là que son 2e long-métrage après 'Mary et Max' en 2009. A travers l'histoire de Grace Pudel, une jeune fille rondelette et bizarre, qui a une passion immodérée pour les escargots et la lecture, 'Mémoires d'un escargot' brosse en réalité une fable autour de la vie elle-même, de ses hauts et de ses bas. Grace expérimente toutes les épreuves de la vie : le deuil (qui parcourt tout le film : la mère morte en couches, le père mort d'une apnée du sommeil, Pinky son amie morte dès la scène d'intro), la séparation d'avec son frère jumeau Gilbert, les désillusions du mariage... C'est toutes les facettes de l'existence et tout le panel des émotions qu'A. Elliot revisite, à travers une esthétique dépressive mais douce-amère, agrémentée d'un humour caustique tout à fait bienvenu, qui permet de ne pas sombrer dans les larmes toutes les 5 minutes. On s'y reconnaîtra si l'on a des frères et soeurs, des parents absents, ou si l'on se sent bizarre.
Strip-tease intégral (2024)
1 h 30 min. Sortie : 12 février 2025. Société
Documentaire de Jean Libon, Yves Hinant, Clémentine Bisiaux, Régine Dubois, Stéphanie De Smedt et Mathilde Blanc
Alexandre G a mis 8/10.
Annotation :
Que demande le peuple ? Des années après l'arrêt de la série documentaire culture belge, le divin nous a gratifié de 5 épisodes supplémentaires. Certes, la série originale a ce goût de vintage des années 90, mais ici on se plaît à voir ce que la société est devenue depuis, dans ce miroir que tend la caméra : des influenceuses à Dubaï qui se font tout refaire mais restent des "filles simples" à la famille nombreuse où la mère obsédée par le zéro déchet et les bières au nom sulfureux doit supporter ses ados tous sans exception en crise d'ado, en passant par le médecin hypocondriaque, c'est encore une galerie de portraits formidables qui nous est proposée, sans a priori, sans jugement (hormis ceux de vos voisins de rangée qui s'esclaffent quand même beaucoup face aux influenceuses). Certaines scènes semblent écrites par Audiard lui-même (le curé invité à manger à qui les ados montrent leur combinaison de air soft et notamment les poupons qui servent d'otages...), d'autres sont un peu plus anecdotiques (la femme humoriste pour sa première à Avignon), et d'autres rappellent vraiment les épisodes originels (le médecin hypocondriaque). Peut-être le dernier épisode paraît en trop (une autopsie filmée dans sa quasi intégralité et en ASMR) mais qu'attendre d'autre de cette formule que de nous bousculer ?
Bird (2024)
1 h 59 min. Sortie : 1 janvier 2025 (France). Drame
Film de Andrea Arnold
Alexandre G a mis 8/10.
Annotation :
Une petite surprise que ce 'Bird', film poétique sur l'adolescence dans les classes populaires anglaises. La jeune Bailey, 12 ans, se bat pour construire son identité au milieu des injonctions violentes des gangs de jeunes qui cherchent à protéger les petits du quartier, de son trop jeune père qui pense plus aux hallucinogènes de la bave de crapaud et de sa mère qui l'a chassée et qui vit au milieu des toxicos. Mais Bailey a une passion secrète : elle aime la beauté du quotidien, la bienveillance, elle est gentille et attentionnée. Et c'est son ange gardien, un grand bonhomme assez laid, qui se prénomme Bird, et que seule elle semble voir ou en tout cas comprendre, c'est Bird qui lui donne cette respiration de bienveillance au milieu du chaos et de l'incertitude. Elle tente de l'aider à retrouver sa famille, mais son père le rejette : aussi bien, Bird et Bailey seront de la même famille.
Le film est vraiment réussi, dans toutes les dimensions qu'il propose : le portrait des classes populaires n'est jamais condescendant ni caricatural, et il s'appuie notamment sur les petites vidéos poétiques prises par Bailey avec son smartphone, et sur un Barry Keoghan qui n'en finit pas de jouer le rôle du prolo loser mais qui le sublime à chaque fois, ici en jeune père plein d'amour brut. D'un autre côté, les moments de poésie sont des petits nuages de bienveillance, Bird agissant comme un phare dans la nuit : la virée à la plage se transforme en parenthèse enchantée, alors qu'on sait ce qui doit arriver en rentrant.
Et bien sûr, tout ça rendu plus iconique encore par les Fontaines DC et leur 'Too Real', qui rythme le début et surtout le générique.
La Chambre d'à côté (2024)
The Room Next Door
1 h 47 min. Sortie : 8 janvier 2025 (France). Drame
Film de Pedro Almodóvar
Alexandre G a mis 6/10.
Annotation :
Almodovar prend un virage nettement plus poétique depuis quelques films, délaissant davantage les situations relationnelles complexes pour approfondir ici le lien entre deux femmes : Martha, ancienne reporter de guerre en phase terminale d'un cancer du col de l'utérus, et Ingrid, son amie perdue de vue et qui la retrouve à New York par hasard. Martha lui demande si elle peut l'accompagner alors qu'elle s'apprête à se suicider dans un cottage luxueux, et toutes deux dissertent sur les erreurs passées de Martha, le rapport à la mort, etc.
Ce qui fait habituellement un bon Almodovar est ici : une bonne direction d'actrices, des décors et des costumes formidables, et une bande originale intéressante. Mais pour ce qui est du reste, c'est assez inégal : le rythme irrégulier est déconcertant, tant le premier tiers du film ne semble pas savoir où il va (les flashbacks, inexistants par la suite, semblent irréels, les acteurs jouant mal, les dialogues sont mal écrits...) Le moment dans le cottage dans les bois reste le plus intéressant du film, mais il est ponctué de scènes très inutiles (la séance de sport ??) ou qui ralentissent l'intrigue (l'interrogatoire avec la police...) On sent qu'Almodovar voulait approfondir la relation entre la fille et la mère, et la scène finale est nécessaire à ce titre, mais faire jouer les deux personnages par Tilda Swinton manque de goût. Bref, un film anecdotique dans la grande filmographie de l'Espagnol.