Les meilleurs films de Frederick Wiseman selon Arthur Debussy
3 films
créée il y a 3 mois · modifiée il y a 2 moisLaw and Order (1969)
1 h 21 min. Sortie : 2 mars 1969 (États-Unis). Société
Documentaire de Frederick Wiseman
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Chef-d’œuvre et mètre étalon du cinéma documentaire, qui n'a pas pris une ride. Par ses images brutes, naturalistes, par son absence de discours idéologique surplombant, par son honnêteté et son éthique, Frederick Wiseman a inspiré des générations d'artistes et est devenu une référence absolue. Son cinéma, sociologique et profondément humaniste, intelligent, est un régal pour qui cherche à comprendre davantage nos sociétés et l'être humain. Les images de Richard Nixon en campagne présidentielle, avec ses outrances verbales, annoncent d'ailleurs un certain Donald Trump. L'histoire se répète, hélas... Courrez voir ce film si vous ne l'avez pas déjà vu.
Ex Libris - The New York Public Library (2017)
3 h 17 min. Sortie : 1 novembre 2017.
Documentaire de Frederick Wiseman
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Premier film de Wiseman que je vois, et je dois dire que le bonhomme est à la hauteur de sa réputation. Il livre un documentaire de 3h17 exigeant, croyant en l'intelligence du spectateur (beaucoup de choses sont juste suggérées), parfois éprouvant par sa longueur, son aspect tentaculaire et son absence de rythme... mais profondément stimulant.
Le titre de ce film est trompeur, Wiseman n'a pas réalisé un documentaire sur le livre ou le lecture. Il a réalisé un film autour de la problématique suivante : en quoi une institution culturelle telle qu'une bibliothèque publique est-elle un pilier de la démocratie ? Une réflexion salutaire en 2017, alors que Trump venait d'être élu président des Etats-Unis, lui qui allait ébranler sérieusement les fondations d'une des plus grandes démocraties du monde...
Ce documentaire est avant tout sociologique - presque ethnographique - et politique. Il montre une institution qui se pense elle-même, par la voix de ses représentants, comment elle agit, et comment elle mesure son action. Et l'on se rend compte, comme pour toute institution culturelle me semble-t-il (du cinéma indépendant de quartier au théâtre municipal) qu'il s'agit de remplir un tonneau des Danaïdes...
Comment aider les personnes éloignées de la culture ? Car on sait que les personnes qui fréquentent les lieux culturels sont avant tout les personnes disposant d'un capital culturel (et souvent financier aussi) élevé. Comment rendre la culture accessible sans l'édulcorer ? Tout le film montre cette tension entre ces deux dimensions difficilement réconciliables.
Parmi les nombreuses qualités de ce film, j'ai beaucoup aimé le choix de Wiseman de donner autant d'importance à la parole, et donc à la pensée, des différents protagonistes, en la coupant le moins possible. Une façon d'élever le débat, et d'amener le spectateur à réfléchir sur lui-même et sur notre société, qu'elle soit américaine, européenne, ou d'ailleurs dans le monde. Tout cela fait de ce documentaire une œuvre d'un grand intérêt.
High School (1968)
1 h 15 min. Sortie : 13 novembre 1968 (États-Unis). Société
Documentaire de Frederick Wiseman
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
High School est le deuxième long métrage de Frederick Wiseman, et son statut de documentaire culte n'est pas usurpé. Bien qu'il s'agisse du plus court (1h15) des films documentaires réalisés par Wiseman sur l'ensemble de sa carrière, il s'agit d'une œuvre très dense et au propos percutant.
Wiseman filme la Northeast High School, lycée huppé de Philadelphie. Comme à son habitude, il dépeint en filigrane une institution, ici un établissement scolaire qui promeut une éducation conservatrice, intimant aux élèves de se conformer à un carcan social étouffant.
High School, comme bon nombre des films de Wiseman, est un témoignage inestimable sur la société américaine de l'époque, reflet de l'idéologie d'alors... La guerre du Vietnam y fait même irruption, démontrant comment elle a bouleversé les États-Unis. Notamment ces générations sacrifiées, qui se sont battues, ont été blessées ou ont perdu la vie sans trop savoir pourquoi...
Il est intéressant de voir combien l'éducation et les valeurs dans les années 1960 trouvent encore un écho aujourd'hui, notamment chez les Républicains trumpistes... Les États-Unis n'en ont décidément pas fini avec leurs démons...