Les meilleurs films de Wim Wenders selon takeshi29

Annotation :

Je suis loin de tout aimer chez Wim Wenders, en particulier dans sa filmographie récente, mais là que c'est beau, p... que c'est beau !

Sorte de jumeau de son "Au fil du temps" réalisé deux ans plus tôt cet "Alice dans les villes" est lui aussi un road movie politique dans la manière qu'il a de montrer un monde et une société en mutation. Tout ici est est profondément mélancolique, désabusé, et pourtant jamais plombé. Car il y a chez Wenders la volonté de montrer de l'humanité à chaque seconde, à chaque gros plan sur un visage, à chaque travelling, comme celui d'un enfant à bicyclette sur un trottoir.

Parfois c'est ça le cinéma, des images qui ne vous quitteront plus, une boucle musicale qui fout les poils, un noir et blanc qui à lui seul bouleverse. Quand photographie et cinéma se rejoignent, à l'image de tout le travail d'un Morris Engel par exemple, ça donne cela, une magie difficilement explicable.

Et parce qu'il y a aussi du buddy movie, la magie n'opérerait pas sans un duo magique, de personnages et d'acteurs.

Annotation :

Wim Wenders avait donc à peine 30 ans lorsqu'il signa ce film à la fois d'une fougue et d'une maturité exceptionnelles. Il fallait avoir sacrément confiance en soi pour pondre un tel objet de quasiment 3 heures, pour penser son épopée flottante suffisamment captivante, ses personnages un peu lunaires suffisamment attachants pour que le public suive, pour comprendre qu'au fil du temps on suivrait ces deux cabossés au bout de la nuit et du monde.

Ce road-movie à la mélancolie proche d'un "Paris, Texas" dit tant de choses, intimes, questionnant chacun de nous au plus profond, sur ce qui a ou non de l'importance dans un parcours de vie, sur nos étapes, politiques aussi avec ce pays coupé en deux à l'image de ces êtres aussi progressistes que conservateurs.

Progressiste et conservateur, tel Wenders déclarant son amour envers le cinéma, qu'il pensait déjà en 1976 perdu car vendu au marché.

Annotation :

C'est ça les grands réalisateurs, ils font semblant de faire un film et en font un autre, ils esquissent un portrait et en produisent un autre. C'est ainsi que Wim Wenders promet Ozu et dérive dans Tokyo, du portrait d'artiste en pointillés esquissé il s'égare pour notre plus grand bonheur vers une œuvre inclassable à la Chris Marker, d'ailleurs croisé ici, plus sociologique que biographique.

Malgré tout l'amour pour un immense cinéaste transpire à chaque seconde, la passion pour un pays aussi, que Wenders célèbrera à nouveau 38 ans plus tard dans le si doux "Perfect Days".

Annotation :

Ce "Lisbonne Story" étant situé dans une période de la filmographie de Wim Wenders qui ne m'intéresse qu'assez peu je ne m'étais jamais précipité pour le voir. Et j'avais eu tort car c'est un objet plus que singulier, comme la dégaine du complice de toujours Rüdiger Vogler, à l'atmosphère et au rythme envoûtants, enveloppé de la torpeur de Lisbonne.

Ode au cinéma ce film en capte la diversité, la poésie, la beauté si bien personnifiée par la silhouette et la voix de Teresa Salgueiro de Madredeus. Quand il filme le groupe Wenders semble se mettre à tourner un clip, et c'est un moment assez fou, comme hors du film, hors du temps, hors de toute rationalité.

Annotation :

On ne sait jamais où va ce film, on sent Wenders perdu, hésitant entre poursuivre et abandonner, et le résultat est forcément déstabilisant et donc passionnant. "Nick's Movie" est-il le portrait d'un artiste désireux de créer jusqu'à son dernier souffle, de la mort quasiment filmée en direct, d'un acte voué à l'échec dès le départ ? On ne le saura pas et c'est ça qui est beau, beau comme cette dernière scène, comme un testament rédigé sous nos yeux.

Annotation :

En partant filmer au Japon Wim Wenders semble avoir retrouvé son âme, ou du moins celle de son cinéma. En effet "Perfect Days" peut s'apparenter à un de ses road movies, mais qui cette fois refuserait d'avancer, reviendrait en permanence au bercail, à une réflexion sur la vie simple percutée par les rencontres, par les hasards qui empêchent le confort.

Wenders ne filme pas "à la Japonaise", son regard restant, que ce soit volontaire ou non, celui d'un "touriste", mais embrasse des thèmes chers au cinéma nippon, comme la famille, l'enfance, le temps qui passe ou la valeur du geste anodin.

Si le film aurait pu être plus ramassé afin d'éviter son petit creux à mi-parcours, il fait malgré tout beaucoup de bien, travaillé comme un feel-good philosophique au son de Lou Reed, Van Morrison, Nina Simone, des Kinks ou du Velvet, posant des questions essentielles et existentielles. Et pour ceux qui comme moi accordent beaucoup d'importance aux fins, celle-ci est sublime, comme le visage de Kôji Yakusho qui entre sourire et tristesse raconte tout des 120 minutes qui viennent de s'écouler.

Annotation :

Ce qui m'a le plus marqué et impressionné dans ce premier Wenders c'est qu'on sent tout de suite que le garçon sait ce qu'il veut : faire du cinéma en parlant de cinéma, de voyage, de rencontres, de personnages étranges qui échangent des mots étranges, faire semblant d'explorer un genre pour mieux s'en extraire.

(Je n'avais jamais fait le rapprochement mais ici le cousinage entre Wenders et Aki Kaurismäki m'a sauté aux yeux, en particulier dans la première partie du film, où un plan rappelle d'ailleurs en tout point celui des récentes "Feuilles mortes". Peut-être un hommage discret de la part du poète finlandais.)

Annotation :

Là c'est le Wenders que j'aime, l'amoureux de cinéma, le malin. Ces "Lumière de Berlin" jouent en permanence entre le vrai et le faux, louant ainsi le travail d'illusionniste du cinéaste, naviguent entre le documentaire en forme d'enquête et la fiction biopic. C'est ludique, amusant autant que didactique.

Annotation :

Second film "cannois" de Wenders en 2023 et seconde réussite. Et cette fois c'est le Wim documentariste qui dresse un portrait à la fois beau visuellement et passionnant d'Anselm Kiefer, artiste poil à gratter et remueur de (mauvaise) conscience.

(Je suis bien plus réservé sur la partie "fictionnelle" du film mais ça reste de l'ordre de l'anecdote.)

Annotation :

Ce "Faux mouvement" n'est pas facile à aborder, parce qu'il se situe entre les immenses "Alice dans les villes" et "Au fil du temps", parce que c'est également un road movie avec Rüdiger Vogler, parce que c'est en couleur et que je n'aime jamais tant Wenders que quand il travaille le noir et blanc. Mais forcément avec du Goethe ce n'est pas la fête du slip alors il faut savoir faire son deuil de la légèreté, de l'aspect solaire des deux autres et accepter d'être dans du cérébral.

Mais ça reste fichtrement brillant, et quand il y a Hanna Schygulla et même la magnifique Nastassja Kinski dans son tout premier rôle, comment ne pas prendre de plaisir ?

Annotation :

On a connu Wim Wenders plus aventureux dans la forme de ses portraits. Malgré tout on passe un bon moment avec son ami couturier Yohji Yamamoto, avec en creux la fascination éternelle du cinéaste allemand pour Tokyo.

Annotation :

Wim Wenders signe là un film noir d'un classicisme étonnant de sa part, qu'on pourra trouver élégant ou ennuyeux. Perso ce fut les deux à la fois.

Annotation :

Je suis tombé de haut car je m'attendais à autre chose de la part d'un tel film culte. Je ne suis jamais rentré dans ce récit qui fait du surplace, qui ne change jamais de ton, et j'ai dû me contenter de regarder le gros gros casting. Et à ce niveau rien à redire ça régale.

Annotation :

Sortant de "L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty" et avant "Alice dans les villes" Wenders signe un truc aussi énervé que "Derrick", qui a tout d'un téléfilm (esthétique, acteurs à moitié morts, musique complètement pétée). On dirait que Wim s'est amusé à montrer ce qu'était un film de commande contre un film d'auteur.