Les meilleurs films de Wong Kar-wai selon ZayeBandini

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Revu, note inchangée.

Dès les première images, les premières notes, je frissonne, et cela ne se calmera quelque peu qu'après précisément 124 secondes, qui donnent un aperçut, ou un uppercut, de ce que peut être pour moi la perfection au cinéma, faite de tout un tas d’imperfections qui, misent ensemble forment quelque chose allant bien plus loin que des images, une musique ou bien du jeu d'acteur.

Nous laissant tout de même respirer, le reste du film sera plus ou moins du même acabit, une scène sur deux est iconique. Écrit, joué, filmé et monté avec une telle fraîcheur, une telle liberté, sublimant autant la solitude que les coups de foudre, l'absence que les regards, se permettant même parfois d'être aussi illogique que le sentiment naissant.

Je peine vraiment à lui trouver des défauts, enfin si j'en trouve, c'est décousu, parfois filmé un peu à la va-vite, mais dans ce cas précis ce sont à mes yeux des qualités. Je lui laisse ce 9 pour avoir encore une bonne occasion de le revoir et régler ça.

Annotation :

Que dire face à 2046 ? Que c'est beau ? Que la musique est aussi envoûtantes que le découpages des lieux et des cadres ? Que c'est vague, éthéré et décousu comme un rêve ? Que seul Wong Kar-Wai sait sublimer ainsi la mélancolie et la maladresse amoureuse ?

Oui, on pourrait même dire beaucoup plus, mais sans jamais vraiment dire ce que le film touche si particulièrement, malgré ses petits défauts et son maniérisme assumé, alors autant ne pas trop en dire et se laisser bercer par le souvenir de ce songe, comme de ces instants suspendus d'histoires d'amour qui ne seront jamais, ou jamais plus.

Il y a quand même une chose que je peux dire, c'est que le 21 juillet je démissionne si on me force à bosser le jour de la ressortie d'In the mood for love, mais que je sais d'avance qu'il manquera un petit quelque chose : ce moment où 90% de la salle frissonne en réalisant que l'on est face à une copie 35mm après 6 mois sans cinéma.

Annotation :

Revu, note inchangée, 7.

Malgré toutes ses qualités In the mood for love manque d'un petit truc, peut-être cette étincelle de panache et d'irréalité que Wong Kar Wai saura insuffler quatre ans plus tard à 2046, qui me touche bien plus.

Il n'en reste pas moins un film admirable, esthétiquement bluffant, brillamment mis en scène, récit universel ancré dans la vie quotidienne d'un moment précis au sein d'un microcosme précis. Peut-être est-ce toujours la même chose avec les films de Wong Kar Wai fonctionnant en duo, il y en a un qui vous plaît tant que l'autre ne tient pas la comparaison, paraissant un peu palot face à l'autre face de l’œuvre, quand bien même les deux sont de très grands films.

Sur ce coup là il y avait déjà double tricherie en faveur du second film, le premier étant en 1.66:1, le second en 2.35:1, et même avec une restauration 4k magnifique, découvrir un film en scope dans une copie 35mm est quand même une sacré gifle quand les cadres y sont si bien construits.

Annotation :

Ce négatif de Chungking Express, malgré d'immenses qualités visuelles et quelques scènes augurant déjà le Wong Kar Wai d'In the mood for love, ne m'aura pas autant transcendé que son positif.

Peut-être est-ce en partie dû aux histoires imbriqués de manière un peu foutraque, ou à une B.O. qui ne m'aura pas autant fait vibrer, mais surtout je n'ai pas trouvé ce petit truc qui pourrait être résumé par les 124 premières secondes de Chungking Express, qui, avec un mélange de force brouillonne et de maestria spontané, m'avaient fait entrer en transe dès le départ, excellente intro à un film dont chaque défaut devient une qualité.

Je chipote certainement pas mal, peut-être que j'en attendait un peu trop, et m'applique donc à ne pas trop m'en rappeler, et donc ne pas trop m'étendre ici, pour pouvoir le redécouvrir d'ici quelques temps, c'est bien parti car certaines images me hantent déjà !

Annotation :

Il est compréhensible que l'on veuille inclure Nos années sauvage dans un cycle, considérant qu'In the mood for love et 2046 en sont les continuités, pas forcément chronologiques mais artistiques.

Plutôt qu'un premier volet je le verrait plus comme un coup d'essai augurant ces deux futurs coups de maître, tant les éléments sont pour la plupart présent sans parvenir à la transcendance, aux instants miraculeux qui balafreront le spectateur face aux deux suivants.

Mais la magie est déjà clairement là, ce romantisme désillusionné, c'est esthétisme sublimant la décrépitude et l'ordinaire, ce rapport à la musique. Avec ce second film Wong Kar-Wai ne nous souffle pas tout à fait de son style, mais l'a clairement déjà trouvé.

Annotation :

Je fini par trouver que ce qui fait les qualités de certains Wong Kar Wai peut faire les défauts d'autres, Les cendres du temps, ou la Chine éternelle sauce western, est aussi beau par instant qu'il ne laisse un fort arrière goût d’abscons, voir d'un peu creux.

Les scènes de batailles sont absolument sublimées, mais l'ensemble, derrière un apparat très beau, semble se draper un peu trop derrière des filtres trop excessifs, et des trouvailles visuelles cachant mal les limites auxquelles se cogne son réalisateur : cette fois-ci à force de filmer sans trop savoir où il va, il fini par ne pas trouver en cours de route.

L'avantage c'est qu'à force de ne pas trouver où emmener ce projet il fera une pause pour souffler un peu, et pour ça il shootera ni plus ni moins que son chef d’œuvre, Chungking Express.

Annotation :

Revu, et je pense comprendre pourquoi j'en avait si peu de souvenir. C'est que, malgré pas mal de qualités, ce film passe son temps à se gâcher, mettant en place de bonnes idées mais les exploitant mal.

De prime abord le mélange art-martiaux/histoire/romance à ellipse n'est pas pour me déplaire, mais si le premier est très mis en avant, le deuxième est présenté sans grand intérêt et le troisième se loge dans la place qu'il reste, alors que c'est bien là que Wong Kar-Wai excelle. Dommage que ses thèmes de prédilection ne soient ici qu'espèces d'à-côtés qui ne s'épanouissent que trop tard.

Même gâchis du côté des scènes de combat, elles sont magnifiquement chorégraphiées, dans des décors qui le sont tout autant. Alors pourquoi filmer tout ça de si près, avec un montage si saccadé, passant beaucoup trop vite d'un plan à l'autre. Prends du recul, et prends ton temps !! Et puis, film, en montant si nerveusement des plans en slow-motion, tu passes quand même un peu pour un con !

Ah et franchement, si en Chine les trains sont si long, j'ose difficilement imaginer la taille des quais !