Les meilleurs films des années 1960 selon Venceslas F.

Annotation :

Persona restera pour moi le meilleur film de Bergman. Cependant La Honte est sans aucun doute mon film préféré du réalisateur. Je trouve ça assez surprenant qu'encore aujourd'hui le film soit aussi méconnu alors qu'il est clairement l'un des meilleurs films de Bergman. La Honte parle d'une guerre quelconque pour parler de toutes les guerres et les effets qu'elles peuvent avoir sur notre humanité. On suit un couple ordinaire, joué par (la sublime) Liv Ullmann et Max Von Sydow, tentant de survivre à une guerre faisant rage sur l'île où ils habitent. Ce point de vue de civil et non de soldat rend cette guerre d'autant plus terrifiante car les personnages ne semblent pas maîtres de leur destin, ils subissent cette guerre et ne peuvent rien faire pour changer ça. Le film ne nous épargne rien dans cette incessante quête de survie au décor apocalyptique.

Du point de vue de la réalisation, La Honte possède un noir et blanc magnifique (mais c'est un peu toujours le cas avec Bergman vous me direz). L'esthétique est très sobre grâce notamment à l'utilisation de lumières naturelles. L'horreur de la guerre est d'abord retranscrite par le son. Les balles, les obus et les cris d'agonie forment la mélodie macabre du film avant de laisser place au silence effroyable de la guerre. On est immergé dans le film grâce à des plans caméra à l'épaule, chose assez rare chez Bergman, qui font ressentir l'urgence de chaque situation. La brutalité et le désespoir qui parcourt le long du film font que l'on ne ressort pas tout à fait indemne de La Honte.

Annotation :

Ce que j’adore à propos d’Ingmar Bergman, c’est que même en ayant déjà vu dix-neuf films de sa vaste filmographie, il arrive encore à me surprendre avec le vingtième. Il faut dire qu’Une Passion a tout pour me charmer. Déjà rien qu’avec ce casting bergmanien cinq étoiles, je ne pouvais qu’adorer : Liv Ullmann, Bibi Andersson, Erland Josephson et Max von Sydow – qui livre ici la meilleure performance que j’ai vu de sa part, et ce toute époque confondue. Une Passion est aussi un film de transition dans la carrière de Bergman. Il quitte peu à peu son style typique des années 60 pour se diriger, lentement mais sûrement, vers celui des années 70. On peut en effet voir dans Une Passion l’annonce de films tels que Cris et Chuchotements ou Scènes de la vie conjugale.

Comme avec L’Heure du Loup et La Honte, Bergman traite ici des problèmes de la vie d’un couple, qui se retrouvent projetés dans des éléments concrets de leur monde. Ici, le massacre d’animaux. Bergman aborde une nouvelle fois le sujet de l’incommunicabilité entre les êtres, qu’il met magnifiquement en scène en séparant, quasi systématiquement, ses acteurs pendant les scènes de discussion. Une Passion fait preuve, comme c’est souvent le cas chez le réalisateur, d’une grande austérité mais le film se démarque des autres par deux éléments assez atypiques chez le cinéaste: la couleur et les plans caméra à l’épaule. Bergman en joue, n’hésitant pas à faire une scène dans un décor illuminé d’un rouge presque surréaliste avant de couper à un plan aux couleurs glaciales ; alors que la caméra à l’épaule permet d’augmenter l’intensité émotionnelle d’une scène avec de simples tremblements.

Bergman n’hésite pas à aussi filmer ses acteurs en très gros plans, autre chose rare chez lui, et un dernier élément, que je ne veux pas dévoiler mais qui est assez flagrant au visionnage, montre que le réalisateur est ici dans une démarche presque expérimentale en ce qui concerne le jeu d’acteur. Une Passion est un film surprenant, imprévisible et qui n’hésite pas user d’images chocs, filmées avec une froideur extrême, pour porter son récit, comme peut le faire un Michael Haneke par exemple. Et, à la manière de Lars von Trier avec Dogville, Bergman arrive, par toutes les manipulations qu’il met en place, à mettre à nue une réalité humaine aussi troublante que fascisante. Une manière parfaite de conclure cette trilogie, tout simplement exceptionnelle et encore injustement trop méconnue.

Annotation :

Un chef d'œuvre, tout simplement. Chaque plan est une leçon de mise en scène, et même si elle n'est pas forcément des plus subtiles par moment, elle reste efficace et surtout inventive. Le Lauréat c'est aussi une leçon de montage, d'écriture et d'utilisation de la musique. Et quelle musique d'ailleurs ! Tous les acteurs sont fabuleux. Vraiment, le statut de film culte n'est pas volé, le seul reproche que je peux faire c'est que Dustin Hoffman est et fait trop vieux pour le rôle mais vu qu'il livre une superbe performance c'est presque oubliable comme défaut.

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