Les meilleurs films des années 1980 selon Venceslas F.

Photo de couverture : Olga Mironova et Aleksey Kravchenko, Requiem pour un massacre, Elem Klimov (1985)

Liste de

10 films

créée il y a environ 7 ans · modifiée il y a environ 5 ans

8.2

Requiem pour un massacre (1985)

Idi i smotri

2 h 22 min. Sortie : 16 septembre 1987 (France). Drame, Guerre

Film de Elem Klimov

Venceslas F. a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je n’ai pas les mots.

Je pourrais parler de la mise en scène impressionnante : de la photographie impeccable, grâce notamment à l’utilisation de lumières naturelles et des paysages biélorusses ; de l’importance du son dans l’immersion du spectateur, du fait qu’il est corrélé à ce que ressent le personnage principal, de son importance dans la mémoire humaine et des manipulations qu’il subit pendant tout le film ; plus généralement, de la manipulation de nos sens, qui manipule notre perception de la réalité, pour nous faire rentrer dans la subjectivité d’un personnage sans défense et victime de la guerre ; du réalisme frappant qui fracture la frontière entre le réel et le cinéma, faisant du film une reconstitution historique à la puissance aussi exceptionnelle que traumatique ; des performances d’acteurs, et de l’importance des regards caméra qui entraînent un aspect témoin chez le spectateur, ce qui fait qu’on ne regarde pas ce film mais qu’on le vit, en tant qu’être humain, avec Florya – et pensez-vous que le fait que son nom signifie fleur est un hasard ? ; de l’utilisation magistrale des plans-séquences et de l’influence du cinéma de Tarkovski sur ce film ; de La chevauchée des Walkyries de Wagner ou du Lacrimosa de Mozart ; de l’aspect mémoriel de l’œuvre, autant au niveau personnel pour le réalisateur que pour la Biélorussie en général ; de ce contrechamp – ce putain de contrechamp ! – qui va me hanter pendant longtemps ; de la monstruosité de la guerre et de l’assassinat de l’innocence.

Et je pourrais parler encore de tant d’autres choses concernant Requiem pour un massacre, sauf que parler de tout ça, maintenant, ne rendrait pas compte de mon état de sidération actuel, qui, je crois, n’a jamais été aussi grand qu’avec ce film. Ça ne serait pas juste de parler d’aspects techniques après une telle claque, émotionnelle et humaine, aussi éprouvante – et tout de même cinématographique, car mon 10 est réfléchi, je vous l’assure –, d’une telle expérience qui me fout les larmes aux yeux rien que d’y repenser. Un jour, peut-être – probablement même, tellement ce film est déjà une pièce maîtresse du septième art à mes yeux (d’ailleurs, qu’on ne vienne plus me parler d’autres films de guerre que celui-là, si ce n’est La Honte de Bergman, et encore) – mais aujourd’hui, à l’arrivée du générique de fin, il n’y a juste rien à dire concernant Requiem pour un massacre, ou, de son titre d’origine, Va et Regarde.