Les meilleurs films des années 2010 selon GISMO-PROD

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Œuvre totale et somme, œuvre d'un visionnaire; en tout cas l’aboutissement de plus d'un siècle de cinéma, pensé, monté, modifié sous la houlette de JL Godard l'expérimental. Le film est le miroir de la société des images par les images. Radicalement révolutionnaire, celui qui avait abandonné précédemment le langage, continue ici dans sa lancé : le son, l'image, le texte sont autant de domaine d'argumentation, de dialectique neufs. La chair du film est le cinéma, son âme le monde. La vision poétique d'un train en mouvement métaphore du cinéma, raccord et non-raccord qui affranchissent les barrières des films; Godard coupe, ralentit, détourne, ajoute, enlève accole... bref, il monte. Godard philologue s'en prend à l'ontologie du cinéma, "montage mon beau soucis", montage son beau succès.

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Le film final d'un genre, d'une ère, d'un réalisateur. "The Irishman" est tout autant le refuge d'un cinéma du passé que le symbole des nouvelles tendances de consommation du cinéma. Par ce paradoxe, le maître et son implacable casting, semblent nous accorder leur champ du cygne. La fureur et la nervosité du montage ont laissé place à la mélancolie et au regret. Les idoles ont vieillis, et leur miraculeux rajeunissement n'est que la preuve de ce fait. Scorsese, De Niro, Pacino, Pesci, Keitel appartiennent au cinéma du passé, douce et amère mélancolie. Le présent n'en est que plus marqué par leur passage. Le film est donc la pièce finale d'une œuvre grandiose, le film de gangster Scorsesien. La fin d'un Hollywood où les grands films avaient leurs place au cinéma, pour nous le "on devait le faire" de Scorsese à propos de Netflix est autant le "je devais le faire" de Sheeran au spectateur.

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Très rébarbatif dans un premier temps, c'est par touche que Bonello catapulte ses personnages, son quasi-réalisme social et ses situations éculés dans la fantasmagorie la plus totale. Montrant la fin d'un monde, le délitement d'une époque, la dégénérescence d'une tradition; "L'Apollonide" est une fresque à échelle humaine, pas pamphlétaire, sans remords, sans regrets. Qu'étaient vraiment ces maisons de plaisir, qui étaient ses employées ? En répondant le plus simplement possible à ces questions, avec la finesse qu'il lui sied, le film ne peut qu'émouvoir. Le dernier plan absolument mémorable restera l'un des plus marquants de cette décennie.

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Riche de seulement trois longs-métrages, la filmo de Cattet-Forzani a déjà prouvé son originalité. Alliant toujours des références Bis très 70's avec l'utilisation du corps a des fins artistique, fidèlement aux performances corporelles de l'art contemporain. Faisant ouvertement référence à Sergio Leone (n'oublions pas Corbucci et Sollima), "Ténèbres" et même des dialogues et gueules type Deray, Lautner, Mélville; et à Niki de St Phalle, qui tirai déjà au pistolet sur des tableaux. N'est-ce pas ce qui montre le mieux l'idée esthétique derrière "Laissez bronzer les cadavres" ?

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Toujours à cloche pied sur la fine frontière entre le "trop plein" et le "pas assez", le vulgaire et l'épuré, la série Z et le grand film; l’œuvre de Sorrentino à tout de même captée son époque, son esthétique clipesque, sa décadence. En essayant de réactualiser Fellini, chose dont on avait pas nécessairement besoin, mais en s'écartant du maître, il propose tout de même une partition à milles lieux de "8 1/2". Ici Rome est éblouissante, criarde, explosive à l'image de la beauté de Sabrina Ferilli qui, venant de la TV notamment, doit incarner la candeur, la grâce et la vulgarité tout à la fois. Sabrina Ferilli est autant l'espoir Romain emplit de tragédie là où Toni Servillo parallèle de l'état du cinéma Italien est pragmatique et résigné, mais pourra changer. Un espoir pour le cinéma transalpin.

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Par l'érotisme élégant, la reconstitution minutieuse d'une époque, la grâce de ses actrices et la finesse de ses retournements de situations; "Mademoiselle" est devenu l’étendard du cinéma Coréens dans la décennie. Proposant toujours un alliage de classe et de grands élans baroques, la "nouvelle vague" Coréenne a quasiment égalé un Hollywood des années 50 dans son ampleur, celui des années 70 dans son intérêt politique. La Corée est une des nations de cinéma les plus captivantes de ces dernières 10 années, Park Chan-wook est l'un des grands noms de cette avant-garde. C'est pourtant, il faut le préciser, "Parasite" de Bong Joon-ho qui sera le plus grand succès de cette vague cinématographique.

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Un cinéaste de 71 ans à l'époque, surprend et choque tout son public en proposant une représentation sans concession de l'univers de la bourse par le prisme de Jordan Belfort sorte d'arnaqueur mégalo cocaïnomane (pertinent 5 ans après les Subprimes). Ode à l'excès, la fureur, au "no-limit", au sexe et à la débauche; "Le Loup de Wall Street" est une triple révélation : Dicaprio au meilleur de sa carrière, Scorsese dont l'énergie est hallucinante et l'inventivité rassurante, Margot Robbie qui impressionne par sa beauté et qui nous touchera bientôt par son talent, devenant l'une des actrices incontournables de la décennie.

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Autre ode à la fureur, celle d'un monde décharné, horrible et nihiliste. Pour beaucoup le plus grand film d'action qui soit. Féministe avant l'affaire Weinstein, quasi-expérimental tant l'action supplante le récit et formellement à couper le souffle. "Fury Road" est tout ce qu'un blockbuster devrait faire avec un tel budget, le manifeste du grand film d'action des années 2010. Submergeant nos émotions dans un torrent de poussière et de plomb; ce film s'est imposé à une vitesse folle comme l'exemple à suivre. Mais presque personne n'a su concrétiser l'essai.

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Récit imbriqué, fiction dans la fiction, cercle infini. Le grand film de Dupieux est bien ce "Réalité"; parfois Bunueliens, souvent tout à fait novateur. Cet hommage au cinéma, à l'industrie du rêve, du what ze fuck; porté par un casting exceptionnel où Alain Chabat, impérial, nous fait éclater de rire plusieurs fois. Le film bouscule, dans le bon sens du terme, une accolade comique mais à mille lieux de nos habitudes. Dupieux réussit à adapter son univers inimitable à un film très réjouissant. Je me souviens avoir vu le film trois fois en deux semaines, preuve que l'on ne peut pas s'en lasser.

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Assez simple dans sa forme, cette vison hétéro-centrée de l'amour d'été est absolument magnifique. Comme les "Contes" de Rohmer, voilà un film qui s'adresse directement à la vie de ses spectateurs et montre, avec sévérité certes, la jeunesse érotomane dans son état le plus pur, le plus objectif possible. La caméra virtuose découpe l'espace pour capter les airs, les expressions, les postures du quotidien. Kechiche touche au grandiose au cours d'une scène de photographie où une chèvre met à bas. Loin de toutes les polémiques vaines, une petite histoire universelle peut faire un grand film.

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Exploration malsaine, rugueuse, démesurée et sans concession de la nymphomanie; Von Trier représente la violence des rapports sexuels, la bizarrerie des échanges humains, la décadence d'une femme qui ne s'adapte pas au monde. Le métrage ne se refuse rien, choque bien souvent. "Nymphomaniac" est de ce cinéma extrême, sinistre, philosophique, psychanalytique même et finalement génial. Si le film n'est pas à mettre dans toutes le mains, c'est évidemment pour ces choix de mise en scène radicaux mais aussi pour la représentation désabusée et gênante de la sexualité, de la place de la femme et des rapports humains. Chef-d’œuvre de noirceur.

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Gareth Evans emmène l'action dans des sphères encore rarement explorée, où la cascade, la chorégraphie de bagarre, l'explosion, le gunfight devient une performance contemporaine défiant toutes les limites imaginables. Réglé comme un ballet, filmé dans des plans séquences improbables, "The Raid" se pose autant comme le fidèle descendant de John Woo que comme un nouveau jalon du genre. Au delà de l'action le tout est relativement épuré mais se permet quelques morceaux de bravoure formels réjouissants qui finissent de rendre immanquable le métrage. Culte.

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L'un des derniers grands film d'horreur américain, "The Lords of Salem" annonce déjà les Aster, Eggers, Saulnier; nouveaux génies de la forme; que les travers les plus en vogue du cinéma de genre commercial. Véritable parallèle entre le cinéma et le métal, le film d'ambiance et le clip; le film effraie et fascine. Meilleur film de sorcière qui soit, sous le patronage du cinéma fantastique muet, de l'improbable carrière de Rob Zombie et de plusieurs décennies de Bisseries hallucinées. Pour tout amateur d'horreur ces lords de Salem ne peuvent pas se manquer.

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Pensé et construit comme une énigme, "Under the Silver Lake" est une plongée métaphysique dans les rêveries mystérieuses Hollywoodiennes, un néo-noir symbolique cocasse et remplit d'ironie et une œuvre maniériste emplit de références (De Palma, Hitchcock...). La représentation d'un Los Angeles décalé et mystique est réussie, dans les pas d'un David Lynch. Véritable appel à l'exégèse, le film est résolument cool, radicalement fun; un grand moment de ciné porté par Andrew Garfield possédé.

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Double expérimentation Scorsesienne sur la folie, l'enfermement et sur le film noir.
L'un des grands thrillers d'ambiances de la décennie ou l'horreur pointe le bout de son nez très souvent dans un polar adapté d'un roman de l'excellent Dennis Lahane.
De nouveau porté par un casting impérial, où la collaboration DiCaprio/Scorsese prend tout son sens tant Leonardo est capable de tout jouer. Monument d’ambiguïté, le twist final fait encore et toujours partie des mystères irrésolus du cinéma.

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Superbe fresque mafieuse sur les Yakuzas Coréens qui porte avec elle une esthétique qui révolutionne les habitudes de nos films de mafieux occidentaux.
Ici on se tue volontiers à l'arme blanche et à la batte de baseball dans des combats homériques à 30vs30. Avec un scénario classique d'infiltration, de faux-semblants, de traîtrise et de successions; "New World" propose une mise en scène à la fois pleine de finesse (le film manie l'ellipse, le rythme, le raccord sonore avec génie) se permettant quelques moments de grâce au détour d'une séquence musicale, d'une bagarre dans un parking qui démontre toute la violence du système mafieux et la poétique d'un montage millimétré. Avec un final radical dans sa représentation de l'honneur et du pouvoir, grâce à son casting composé de quelques uns des meilleurs acteurs Coréens et une musique sublime: le film est non seulement un grand film de cette nouvelle vague Coréenne mais aussi un grand film de gangster.

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Pourquoi affirmer que le giallo peut renaître alors que celui-ci n'est jamais mort ?
Accouplant la mort et la sexualité, motif tiré d'Argento, la beauté et le morbide, le cinéma d'horreur et le pur film expérimental; le duo Cattet-Forzani a relancé l'intérêt pour un genre que l'on avait carrément omis et oublié. A l'image de l'affiche le film est d'une beauté rare, rarement vue ailleurs, chaque image inonde la rétine et le tout est allié à un travail de son qui le rend quasi tactile. Un véritable bijoux.

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N'abandonnant pas encore tout à fait la narration, les acteurs, les récits; Godard à tout de même le projet de révolutionner le langage, le sien, le langage cinématographique donc. Lui dire adieu apparemment, car la révolution implique le deuil. Évidemment c'est assez dur à suivre dans l'ensemble. Mais c'est bien parce que le film n'est jamais un trop plein d'image et de son malgré les surprenantes expérimentations à tout les niveaux, qu'il reste lisible. Mêlant la philosophie de haute volée à des sujets triviaux, la célébration de la vie et le deuil de l'art (puisque c'est ça le langage), emmêlant le paradoxe créé par sa volonté de dire adieu à cette langue avec ses dialogues, ses citations. Godard dynamite le régime de l'image. Comment ne pas être surpris, choqués par ce qui semble être la mise à mort d'un cinéma industriel néo-classique qui ne parvient plus qu'à répéter ses effets et ses formules éculés.

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La foi portera un homme à l'héroïsme total, non-intérressé, humble; la forme la plus parfaite d'action terrestre. Christique en somme.
Même loin de ces bondieuseries, comment ne pas être ému par ce sacrifice total, réalisé au nom d'un idéal ascétique, certes, mais pur ?
Mel Gibson réalisateur c'est la réactualisation des icônes Chrétiennes, c'est le cinéma de la foi (Dieu, la liberté), de l'Histoire (remanié) et c'est, surtout, la combinaison d'un romantisme candide et d'une brutalité sans commune mesure. Gibson me fascine, il est autant burné que sensible. Et "Tu ne tueras point" est le film qui représente au mieux cette formule. Le jeune héro pur dans une boucherie totale et absurde représentée à l'écran par des effets spéciaux gorissimes du plus bel effet. Une représentation de la guerre crasseuse et choquante qui me paraît honnête et de bon ton. Je repense à la scène du cauchemar éclairée en vert, absolument géniale.

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Sur le fil très risqué du patriotisme, de la remise en cause des héros américains, de la violence, traitant aussi des armes aux USA, du terrorisme... il m'a bien fallu quatre année pour comprendre qu'Eastwood n'affirme pas, il se questionne. Il questionne le mythique soldat américain, particulièrement le sniper le plus efficace, donc meurtrier de l'histoire américaine. Le film joue avec le feu dans ce qui semble être le discours le plus sensé, le plus raisonnable sur l'héroïsme de guerre, la tragédie personnelle et nationale d'un homme qui a trouvé sa vie à la guerre et l'a perdu dans la paix. Très émouvant, très dur.

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Peut-être le seul film qui a pu me faire oublier la véritable froideur de l'industrie Hollywoodienne. "Lalaland" c'est un rêve filmé, remplit de mélancolie. Une capsule de sentiment. Un shoot de délicatesse.
L'alchimie entre les images et la musique, les acteurs, les lumières, le scénario et l'époque est impeccable; de la grâce, de la beauté et le film peut faire chavirer le plus sceptique. En empruntant autant à Jacques Demy, Chazelle a rendu le plus bel hommage qui soit au Hollywood classique.

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Étrange poésie adressée au cinéma où l'hommage à certaines idées du cinéma, des genres, du métier d'acteur est dépassé par la beauté des images et alliée au jeu de Denis Lavant. Chaque séquence est un nouveau film, rôle où le cinéma n'est plus le miroir de la réalité mais la réalité elle-même. Ce saint moteur du monde, la machine cinéma est offerte au regard de Carax mélancolique et plein d'espoir. “Les caméras me manquent. Avant, elles étaient plus hautes que nous, puis elles sont devenues plus petites que nous. La beauté est dans l’œil de celui qui regarde. Qu’en restera-t-il s’il n’y a plus personne pour regarder ?” dit le personnage de Lavant à celui de Piccoli. Le film semble faire le constat d'un monde qui se meurt, pourtant la technologie peut se révéler la locomotive de la beauté. Car la finesse et la beauté de ce film le rende non seulement intelligent mais aussi résolument actuel.

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Passant par le film de psycho-killer, Von Trier, une nouvelle fois ne se refuse rien : outrepasser les limites du moralement acceptable, du moralement montrable, faire de l'humour, créer un discours méta sur son cinéma, sa carrière. Et si tout le long de ce film il explose toutes les attentes qu'on peut avoir pour un film du genre, il faut encore tenir jusqu'à la fin pour halluciner devant la créativité d'un remake baroque et dégénéré de "L'Enfer" de Dante par le prisme visuel de la peinture romantique. Absolument improbable.