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Cover Les meilleurs films polonais

Les meilleurs films polonais selon Arthur Debussy

Photo de couverture : La Poupée de Wojciech Has.

Liste de

11 films

créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a 1 jour
La Poupée
7.6
1.

La Poupée (1968)

Lalka

2 h 39 min. Sortie : 7 décembre 2022 (France). Drame, Romance

Film de Wojciech Has

Arthur Debussy a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Du grand art. Un film puissant, avec un scénario de grande qualité, mettant en scène des personnages complexes, sur fond de récit historique et de chronique sociale.

Ce film et ce réalisateur sont peut-être avant tout connus pour sa mise en scène virtuose et inventive, basée sur d'amples travellings latéraux et des décors luxuriants. Le tout fait très baroque, avec ce goût pour l'étirement, du fait de focales déformantes, des couleurs indéfinissables, des curiosités esthétiques, des intérieurs emplis d'objets...

Mais ne parler que de l'aspect visuel de ce film serait omettre sa richesse sur le fond. Les personnages, et notamment le héros, sont nimbés de mystère et d'ambivalence, ce dernier ayant une aura fascinante.

La Poupée a aussi une forte composante politique et sociale. L'intrigue prend place au 19e siècle, après l'insurrection manquée des Polonais contre l'Empire russe (de 1863 ?). Wojciech Has dépeint une Pologne ravagée par la guerre et la pauvreté, en mettant en scène des aristocrates et des bourgeois, qui luttent pour le pouvoir en cette période trouble. Et Has prend le parti des gens du peuple, qui se battent pour survivre et financent par leur dur labeur toute une clique de personnages oisifs...

Il y aurait beaucoup à dire de ce film, particulièrement riche, et dont je n'ai pas tout saisi. Mais je ne peux que vous inciter à aller le découvrir, je pense qu'on peut parler de chef-d’œuvre du cinéma polonais et même mondial, une pépite à redécouvrir, grâce au travail remarquable de Malavida Films.

Ils aimaient la vie
7.3
2.

Ils aimaient la vie (1957)

Kanal

1 h 37 min. Sortie : 12 mars 1958 (France). Drame, Guerre

Film de Andrzej Wajda

Arthur Debussy a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Sublime film... et terrible, désespéré. Andrzej Wajda filme les dernières heures de l'insurrection de Varsovie, en 1944, alors que les résistants polonais sont acculés et doivent se réfugier dans les égouts (d'où le titre original du film).

Il est incroyable que ce soit seulement le deuxième long métrage de Wajda, car il fait preuve d'une maîtrise et d'une maturité qui forcent le respect, aussi bien du point de vue de la mise en scène que du scénario.

Une bonne partie du long métrage se déroule sous terre, dans un cloaque putride, et pourtant Wajda en tire des images magnifiques. Et puis son récit, fort d'un certain nombre de personnages attachants, dépeint toute les nuances de l'humanité, lorsqu'elle se retrouve en temps de guerre.

Même si ce film est sombre, il y a tout de même des passages lumineux, et régulièrement de l'humour, très bien amené. C'est vraiment un très beau film, qui a traversé le temps, à la fois par son réalisme poétique et par son regard sans concession sur la guerre.

La Passagère
7.4
3.

La Passagère (1963)

Pasazerka

1 h 02 min. Sortie : 28 octobre 1964 (France). Drame, Guerre

Film de Andrzej Munk et Witold Lesiewicz

Arthur Debussy a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Chef-d’œuvre ? Chef-d’œuvre perdu, oublié, incomplet car inachevé. Mais chef-d’œuvre, oui, incontestablement. Qui nous parle de l'horreur et de la cruauté absolues des camps de la mort. Et en même temps qui nous offre des moments de grâce, des lueurs d'espoir et de beauté infinie, par bribes... Je découvre Andrzej Munk avec ce long métrage et je ne compte pas m'arrêter là. Sa mise en scène possède une force énorme. Son film est quasiment muet, accompagné d'une voix off, ce qui fait que tout passe par l'image, démontrant combien Munk fut un cinéaste de très grand talent. S'il ne devait rester qu'un film de fiction sur la Shoah, ce serait probablement celui-ci. Un film indispensable, que je ne peux que vous inviter vivement à aller voir.

Mère Jeanne des anges
7.3
4.

Mère Jeanne des anges (1961)

Matka Joanna od aniolów

1 h 50 min. Sortie : 5 juin 2013 (France). Drame

Film de Jerzy Kawalerowicz

Arthur Debussy a mis 8/10.

La Clepsydre
7.1
5.

La Clepsydre (1973)

Sanatorium pod klepsydra

2 h 04 min. Sortie : 21 mai 1975 (France). Drame, Fantastique

Film de Wojciech Has

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film complètement fou : labyrinthique, obsessionnel, énigmatique, abscons… Wojciech Has a la réputation d’être un cinéaste baroque, et La Clepsydre en est un très bel exemple. Il regorge de scènes toutes plus inventives les unes que les autres, avec une direction artistique complètement délirante et foisonnante, d’une générosité particulièrement appréciable. Il n’y a pas un cm2 laissé vide : tout le cadre est utilisé et est signifiant, bourré de décors ou de personnages.

Il est incroyable qu’un tel film ait pu être réalisé, qui plus est sous l’ère soviétique. Déjà parce que son budget fut énorme, et on comprend pourquoi. Au moins, on peut dire qu’on voit à l’écran l’argent dépensé. Mais surtout, le propos et la narration, surréalistes, obscurs, licencieux et provocateurs, n’étaient clairement pas dans le goût des élites de l’époque… La Clepsydre sera d’ailleurs mal accueillie par une partie de la critique et du public de l’époque. Aujourd’hui, ce film visionnaire étonne par son ambition et la puissance de la réalisation de Wojciech Has, qui fut décidément un immense cinéaste, à l’art et au style sans pareil : en regardant ce film, on se dit qu’on n’a jamais rien vu de tel…

L'Ombre de Staline
6.4
6.

L'Ombre de Staline (2019)

Mr. Jones

1 h 58 min. Sortie : 22 juin 2020 (France). Biopic, Drame, Thriller

Film de Agnieszka Holland

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Excellent film, glaçant voire traumatisant. Agnieszka Holland porte à l'écran l'histoire du journaliste gallois qui fit connaître au monde entier la terrible famine de l'Holodomor, en Ukraine, dans les années 1930, mise en place par Staline et le Parti Communiste... Qui a fait plusieurs millions de morts !

Le film est brillant par son scénario et sa mise en scène : sa reconstitution du Moscou soviétique est fascinante, avec ces journalistes occidentaux épiés par le Kremlin, contraints à l'isolement, pour ne pas découvrir l'envers du décor dans les provinces de l'URSS, ou ces assassinats douteux, clairement commandités par Staline et ses séides...

James Norton, que je découvre avec ce long métrage, est absolument génial, il rend son personnage de journaliste intègre et jusqu’au-boutiste très attachant, par sa finesse et sa vivacité d'esprit, jamais à cours d'idée pour se sortir d'un chausse-trappe...

Je salue Agnieszka Holland, qui a le don de s'emparer des sujets difficiles et qui sont remis en cause par la réécriture de l'Histoire, notamment dans la Russie de Poutine, un maître en la matière... Un film que je recommande vivement, par sa grande qualité et en raison du devoir de mémoire. Mais attention, certaines scènes sont presque insoutenables...

Green Border
7.1
7.

Green Border (2023)

Zielona granica

2 h 27 min. Sortie : 7 février 2024 (France). Drame

Film de Agnieszka Holland

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film indispensable. Beau et bon film, terrible et poignant, qui documente la façon dont la Biélorussie, téléguidée par Poutine, utilise les migrants pour exercer un chantage et une pression sur la Pologne, et ainsi sur l'Union Européenne.

Réaliste et équilibré, ce film ne montre pas que le point de vue des migrants, mais aussi celui des gardes-frontière polonais et d'activistes locaux. Une façon de montrer que ce drame touche tout le monde, des militaires aux civils.

Agnieszka Holland a tout mon respect. Après avoir exercé son métier sous le joug communiste et en avoir dénoncé les crimes contre l'humanité, voilà qu'elle est trainée dans la boue par le parti d'extrême-droite Droit et Justice (PiS) en Pologne, qui a mené une campagne extrêmement violente et dégradante contre la cinéaste et son équipe. On voit qu'elle a touché un point sensible, en dénonçant les incohérences et l'inhumanité de la politique migratoire de la Pologne et de l'Union Européenne...

Par conséquent, attendez-vous à voir sortir du bois les trolls et partisans (pactisants ?) d'extrême-droite polonais, français et les pro-Poutine. Ça commence déjà sur SensCritique et ça ne risque sans doute pas de s'arrêter...

Europa Europa
6.5
8.

Europa Europa (1990)

1 h 50 min. Sortie : 14 novembre 1990. Drame, Guerre

Film de Agnieszka Holland

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Film complètement fou ! Qui n'est pas sans rappeler Little Big Man d'Arthur Penn, mais en Europe, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Avec ce héros balloté entre plusieurs camps, mi naïf mi opportuniste. Mais qui pourrait lui jeter la pierre ?

Europa Europa est un film plus complexe qu'il n'y paraît. Il possède à la fois un ton très réaliste, presque documentaire, sur le front ou l'arrière pendant la guerre, ou encore sur la judéité. Et en même temps, Agnieszka Holland n'hésite pas à recourir à l'humour, voire à la farce... comme dans Little Big Man, justement. Mais ça s'intègre toujours bien au récit, montrant les excès que charrie toute guerre, mêlant tragique et grotesque... Un peu dans la lignée des cinéastes juifs d'Europe Centrale et de l'Est, d'Ernst Lubitsch à Andrzej Munk.

Faut-il rappeler que, aussi incroyable que ça puisse le paraître, la plupart des péripéties de ce film sont vraies ? Oui, ça paraît invraisemblable... d'où certaines réactions outrées des spectateurs. Agnieszka Holland a adapté le récit autobiographique de Salomon Perel en en modifiant certains éléments, comme dans toute adaptation cinématographique. Mais elle a conservé les éléments clés.

A ceux qui préfèrent le schématisme et la simplification, ce film oppose la complexité du réel... et de la vie. Sorte de récit picaresque et d'apprentissage, grevé par la guerre, ce film vaut aussi pour les différentes rencontres que fait le jeune héros, qui dessinent un portrait contrasté et nuancé des protagonistes des pays en guerre, et notamment du côté allemand. Ce qui me rappelle un autre film, Le Pont de Bernhard Wicki (1959), qui montre l'envers du décor, du côté de l'arrière en Allemagne, pendant la guerre.

Riche de multiples influences et poussant à la réflexion, Europa Europa est un film très original et marquant, que je ne suis pas près d'oublier...

La Communion
7.5
9.

La Communion (2019)

Boże Ciało

1 h 55 min. Sortie : 4 mars 2020 (France). Drame

Film de Jan Komasa

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je voulais voir ce film depuis sa sortie, et c'est seulement récemment que je l'ai découvert. Je m'attendais à me prendre une claque, au vu de la presse particulièrement élogieuse qu'il avait eu à l'époque, et pourtant j'ai quand même été surpris.

C'est un très bon film, complexe, puissant, presque viscéral et en même temps qui pousse à la réflexion. Jan Komasa traite beaucoup de sujets difficiles avec une grande justesse, qu'il s'agisse de la foi, du catholicisme, de la vie, du deuil ou encore de la situation en Pologne. Il n'apporte pas forcément de réponses (encore que), mais il propose des pistes intéressantes.

La Communion est un film impeccablement réalisé, au scénario dense et implacable, et surtout porté par des interprètes extraordinaires. Notamment Bartosz Bielenia, extrêmement impressionnant, capable de passer par toutes les subtilités des émotions et au charisme électrisant. A quand un cinéma de cette qualité en France ?!

La Jeune Fille et les paysans
7.3
10.

La Jeune Fille et les paysans (2024)

Chlopi

1 h 54 min. Sortie : 20 mars 2024. Animation, Drame, Romance

Long-métrage d'animation de Dorota Kobiela et Hugh Welchman

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Deux heures après que le film se soit fini, je suis encore sous le choc. Je connaissais le couple Welchman, j'avais été bluffé par La Passion Van Gogh. Je savais donc à peu près à quoi m'attendre. Certes, là nous n'avons plus les peintures extraordinaires du génie hollandais. Mais à la place, sur le fond, le couple de cinéastes polonais adaptent un classique de la littérature de leur pays, Les Paysans, de l'écrivain nobelisé Władysław Reymont.

Et ce récit relève effectivement du chef-d’œuvre. Il s'agit d'une œuvre naturaliste, sociologique et politique, qui dépeint la société nobiliaire et paysanne de la Pologne du 19e siècle... particulièrement rude, surtout pour les femmes.

Władysław Reymont tisse une histoire ample et complexe, avec des personnages subtils, qui ont tous leur part d'ombre. Alors que la plupart d'entre eux, dont certains apparaissent comme des antagonistes, ont parfois aussi leur part de lumière. En somme, La Jeune Fille et les Paysans est un film sombre, pessimiste, mais aussi contrasté, allant bien au-delà de la surface et des clichés, sorte de vaste comédie humaine qui n'aurait rien à envier à Zola, Flaubert ou Maupassant.

Mais c'est aussi un beau film, notamment grâce à cette sublime mise en images, où chaque plan est peint à la main, grâce au procédé de la rotoscopie. La caméra virevolte et les couleurs explosent, lors de danses effrénées ou de disputes homériques. Toutefois, dommage de prendre pour modèle des photos, les visages paraissent trop photoréalistes et contemporains, ce qui m'a sorti plusieurs fois du film. Mais c'est là l'un des seuls reproches que j'ai à faire à ce long métrage.

Je n'ai pas lu le roman d'origine. Son adaptation contemporaine est clairement féministe, mais c'est très bien amené. Notamment avec ce personnage féminin central, très complexe, se débattant avec les traditions et la société paysannes, particulièrement oppressantes.

Sur le fond et la forme, voici donc un film particulièrement puissant, excessif comme l'est l'âme slave, inoubliable par son propos terrible, et surprenant par ses images flamboyantes.

Le Pianiste
7.8
11.

Le Pianiste (2002)

The Pianist

2 h 30 min. Sortie : 25 septembre 2002 (France). Biopic, Drame, Guerre

Film de Roman Polanski

Arthur Debussy a mis 6/10.

Annotation :

Un petit 6. Indéniablement, le sujet est poignant et certains acteurs sont bons. Quant au scénario, tiré d'une histoire vraie, il donne un autre éclairage que les films habituellement réalisés sur le sujet, ce qui joue plutôt en sa faveur. Mais Polanski signe une réalisation très banale, peu soignée, à l'image de la photographie, qui fait plus téléfilm de TF1 ou France 2 qu'autre chose, ou encore de la direction d'acteur, pas toujours au niveau... Difficile de se sentir embarqué dans le film dans ces conditions. J'ai découvert récemment Le Jardin des Finzi-Contini, voilà un long métrage autrement plus bouleversant et subtil sur la judéité dans les années 30-40 et la Shoah...

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