SensCritique

Les meilleurs films sur la déportation et la Shoah selon Arthur Debussy

Liste de

7 films

créée il y a 6 jours · modifiée il y a 6 jours
La Passagère
7.4
1.

La Passagère (1963)

Pasazerka

1 h 02 min. Sortie : 28 octobre 1964 (France). Drame, Guerre

Film de Andrzej Munk et Witold Lesiewicz

Arthur Debussy a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Chef-d’œuvre ? Chef-d’œuvre perdu, oublié, incomplet car inachevé. Mais chef-d’œuvre, oui, incontestablement. Qui nous parle de l'horreur et de la cruauté absolues des camps de la mort. Et en même temps qui nous offre des moments de grâce, des lueurs d'espoir et de beauté infinie, par bribes... Je découvre Andrzej Munk avec ce long métrage et je ne compte pas m'arrêter là. Sa mise en scène possède une force énorme. Son film est quasiment muet, accompagné d'une voix off, ce qui fait que tout passe par l'image, démontrant combien Munk fut un cinéaste de très grand talent. S'il ne devait rester qu'un film de fiction sur la Shoah, ce serait probablement celui-ci. Un film indispensable, que je ne peux que vous inviter vivement à aller voir.

Le Jardin des Finzi-Contini
7.1
2.

Le Jardin des Finzi-Contini (1970)

Il giardino dei Finzi Contini

1 h 34 min. Sortie : 8 décembre 1971 (France). Drame, Historique

Film de Vittorio De Sica

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Magnifique film, beau, mélancolique et triste.

Le Miroir aux alouettes
7.5
3.

Le Miroir aux alouettes (1965)

Obchod na Korze

2 h 05 min. Sortie : 8 octobre 1965 (Tchéquie). Drame

Film de Ján Kadár et Elmar Klos

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Les années 1960 furent particulièrement riches et fécondes pour le cinéma tchécoslovaque, malgré la censure. La Nouvelle Vague locale fut un des grands mouvements artistiques en Europe, pendant ces années, avec l'éclosion de réalisateurs et de réalisatrices de talent. Mais des réalisateurs plus âgés ont également pu briller.

C'est le cas du duo formé par Ján Kadár et Elmar Klos, qui avaient respectivement 47 et 55 ans au moment de la sortie de leur chef-d’œuvre Le Miroir aux alouettes, quand les cinéastes de la Nouvelle Vague avaient la trentaine. Dans ce film, Kadár et Klos démontrent tout leur savoir faire en matière de réalisation, tout en insufflant un esprit profondément ironique et contestataire typique de l'époque.

L'histoire se passe en 1942, dans la République Slovaque, état devenu "autonome" en 1939, mais en réalité vassalisé par l'Allemagne nazie. Le duo de réalisateurs, également scénaristes, montre de façon comique et terrible à la fois comment le fascisme et l'antisémitisme ont gagné la population, des élites aux gens du peuple, en prospérant lentement mais sûrement...

Avec talent, ils nous font éprouver de la sympathie pour cet anti-héros, Tono, qui se retrouve embrigadé malgré lui dans cette mascarade visant à spolier les Juifs... avant de les exterminer. Il s'attache à cette vieille Madame Lautmann, et nous aussi. La fin n'en est que plus terrible... Le Miroir aux alouettes est une longue descente aux enfers, d'un homme, d'un pays, et de tout un continent, qui s'abîment dans le Mal absolu...

Alternant moments de rire, foncièrement drôles ou grinçants, et séquences glaçantes, Le Miroir aux alouettes est un tour de force magistral, qui n'a absolument pas vieilli (hélas), et qui mérite amplement son Oscar du Meilleur film étranger. Il rejoint aussi la liste des meilleurs films réalisés sur la Shoah. Qu'il faut remontrer de nouveau, particulièrement aujourd'hui où le fascisme ressurgit partout dans le monde...

La Clepsydre
7.1
4.

La Clepsydre (1973)

Sanatorium pod klepsydra

2 h 04 min. Sortie : 21 mai 1975 (France). Drame, Fantastique

Film de Wojciech Has

Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un film complètement fou : labyrinthique, obsessionnel, énigmatique, abscons… Wojciech Has a la réputation d’être un cinéaste baroque, et La Clepsydre en est un très bel exemple. Il regorge de scènes toutes plus inventives les unes que les autres, avec une direction artistique complètement délirante et foisonnante, d’une générosité particulièrement appréciable. Il n’y a pas un cm2 laissé vide : tout le cadre est utilisé et est signifiant, bourré de décors ou de personnages.

Il est incroyable qu’un tel film ait pu être réalisé, qui plus est sous l’ère soviétique. Déjà parce que son budget fut énorme, et on comprend pourquoi. Au moins, on peut dire qu’on voit à l’écran l’argent dépensé. Mais surtout, le propos et la narration, surréalistes, obscurs, licencieux et provocateurs, n’étaient clairement pas dans le goût des élites de l’époque… La Clepsydre sera d’ailleurs mal accueillie par une partie de la critique et du public de l’époque. Aujourd’hui, ce film visionnaire étonne par son ambition et la puissance de la réalisation de Wojciech Has, qui fut décidément un immense cinéaste, à l’art et au style sans pareil : en regardant ce film, on se dit qu’on n’a jamais rien vu de tel…

Europa Europa
6.5
5.

Europa Europa (1990)

1 h 50 min. Sortie : 14 novembre 1990. Drame, Guerre

Film de Agnieszka Holland

Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Film complètement fou ! Qui n'est pas sans rappeler Little Big Man d'Arthur Penn, mais en Europe, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Avec ce héros balloté entre plusieurs camps, mi naïf mi opportuniste. Mais qui pourrait lui jeter la pierre ?

Europa Europa est un film plus complexe qu'il n'y paraît. Il possède à la fois un ton très réaliste, presque documentaire, sur le front ou l'arrière pendant la guerre, ou encore sur la judéité. Et en même temps, Agnieszka Holland n'hésite pas à recourir à l'humour, voire à la farce... comme dans Little Big Man, justement. Mais ça s'intègre toujours bien au récit, montrant les excès que charrie toute guerre, mêlant tragique et grotesque... Un peu dans la lignée des cinéastes juifs d'Europe Centrale et de l'Est, d'Ernst Lubitsch à Andrzej Munk.

Faut-il rappeler que, aussi incroyable que ça puisse le paraître, la plupart des péripéties de ce film sont vraies ? Oui, ça paraît invraisemblable... d'où certaines réactions outrées des spectateurs. Agnieszka Holland a adapté le récit autobiographique de Salomon Perel en en modifiant certains éléments, comme dans toute adaptation cinématographique. Mais elle a conservé les éléments clés.

A ceux qui préfèrent le schématisme et la simplification, ce film oppose la complexité du réel... et de la vie. Sorte de récit picaresque et d'apprentissage, grevé par la guerre, ce film vaut aussi pour les différentes rencontres que fait le jeune héros, qui dessinent un portrait contrasté et nuancé des protagonistes des pays en guerre, et notamment du côté allemand. Ce qui me rappelle un autre film, Le Pont de Bernhard Wicki (1959), qui montre l'envers du décor, du côté de l'arrière en Allemagne, pendant la guerre.

Riche de multiples influences et poussant à la réflexion, Europa Europa est un film très original et marquant, que je ne suis pas près d'oublier...

La Zone d’intérêt
7.2
6.

La Zone d’intérêt (2023)

The Zone of Interest

1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Jonathan Glazer

Arthur Debussy a mis 7/10.

Annotation :

Je savais que ce film serait éprouvant, mais je ne pensais pas qu'il me mettrait autant mal à l'aise... Il m'a fallu 24h pour arriver à le digérer un minimum.

Jonathan Glazer réussit son pari de filmer la Shoah, en en montrant toute l'horreur, avant tout par la suggestion (exercice difficile que je salue), tout en forçant le spectateur à s'interroger sur la banalité du mal.

C'est un film difficile, peu aimable, mais néanmoins nécessaire. Il permet de réveiller nos contemporains sur la tendance qu'a l'être humain à détourner le regard de l'horreur qui nous entoure, pour mieux se plonger dans un confort délétère.

Rien qu'en relançant le débat sur la Shoah et comment en faire mémoire, The Zone of Interest est salutaire. Mais de surcroît, il est brillamment réalisé et marque durablement le spectateur... Espérons que ce soit à vie, que l'on oublie jamais ce drame absolu et qu'on empêche de nouveaux génocides. Hélas, l'actualité ne me rend pas confiant...

Le Pianiste
7.8
7.

Le Pianiste (2002)

The Pianist

2 h 30 min. Sortie : 25 septembre 2002 (France). Biopic, Drame, Guerre

Film de Roman Polanski

Arthur Debussy a mis 6/10.

Annotation :

Un petit 6. Indéniablement, le sujet est poignant et certains acteurs sont bons. Quant au scénario, tiré d'une histoire vraie, il donne un autre éclairage que les films habituellement réalisés sur le sujet, ce qui joue plutôt en sa faveur. Mais Polanski signe une réalisation très banale, peu soignée, à l'image de la photographie, qui fait plus téléfilm de TF1 ou France 2 qu'autre chose, ou encore de la direction d'acteur, pas toujours au niveau... Difficile de se sentir embarqué dans le film dans ces conditions. J'ai découvert récemment Le Jardin des Finzi-Contini, voilà un long métrage autrement plus bouleversant et subtil sur la judéité dans les années 30-40 et la Shoah...

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