Les meilleurs jeux vidéo de 2017 selon Daveinthehay

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Chez les Finch, la vie est une malédiction. Alors, on a coutume de la perdre très tôt. Pendant les deux heures passées à suivre Edith la benjamine, on s’incruste par le trou des serrures dans l’intimité des cinq générations du clan. Et il y en a pas mal des serrures dans le domaine Finch, la plupart condamnées par les matriarches Edie et Dawn (pour qui longévité rime avec secrets et captivité). Derrière chaque porte, un tableau aussi sublime qu’horrible qui vous condamne à revivre par flashbacks les dernières heures d’un résident… et de provoquer sa fin. Certaines sont timburtonesques (Molly et Lewis), d’autres vous obligeront à lâcher votre clavier + souris tant elles sont insoutenables de réalisme (Gregory).
Live fast, die young and leave a beautiful memory disait la bluette. C’est aussi le credo de What remains of Edith Finch : sortir des sentiers balisés laisser une empreinte dans le temps. Challenge réussi par les développeurs audacieux de Giant Sparrow.

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S’il fallait dire merci à un n° de ce top, ce serait celui-ci. Merci d’avoir braqué une lampe torche 4000 lumens sur la ségrégation culturelle du jeu vidéo et du joueur en 2017. «Addiction», «déficient social», «média mineur», «industrie de l’abrutissement»… autant d’expertises qui dénigrent l’un et l’autre depuis une trentaine d’années. Hors, non seulement le Sacrifice de Senua est une claque visuelle qui n’a rien à envier à un Blade Runner mais en plus elle nous montre la capacité du média à transcender les sens de son spectacteur.
Senua est l’allégorie du joueur : jugée maudite par son clan, impropre aux Dieux, elle évolue dans un environnement hostile, entend des voix-off qui la guident ou l’enfoncent, doit faire la part entre la réalité et l’illusion, achever des quêtes (inutiles ?). A peu de chose près, la feuille de route des sciences… et de la culture.

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Un simulateur de marche - donc à priori avec très peu d’interactions de votre part - mais avec un gameplay mixant celui de The Stanley Parable (des missions à exécuter… ou non… sous peine d’être éliminé) et le FPS façon System Shock. Le jeu est dual aussi dans son design, perdu entre le monde réel (dickien) et le monde onirique (lynchien). A fond raccord avec la production de cette année ! Et pour finir de nous embrouiller, vous incarnez un ersatz de Blade Runner interprété par… Rutger Hauer. Schizogaming.

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Persona doit être la seule franchise fictionnelle qui, à ce jour, arrive à se répéter sans lasser. Tout l’inverse d’un James Bond, d’un reboot de comics, d’un TwilightZone-like ou, dans le jeu vidéo, d’un Final Fantasy. Ce 5e opus (hors spin offs) ne transige pas : même charte graphique, même gameplay, même univers pour nostalgiques du lycée, OST assez familière… et pourtant 100 heures de script original, sans temps mort ni lourdeur. Le catalogue séries de Netflix est laminé. Bonus pour le thème Arsène Lupin qui manquait d’une bonne adaptation depuis Edgar, le détective cambrioleur.

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Vous ouvrez une porte avec la clé de l'imagination. Au-delà, c'est une autre dimension. Une dimension sonore. Une dimension visuelle. Une dimension de l'esprit. Vous pénétrez dans le domaine de l'ombre et de la matière. Des objets et des idées. Vous venez d'entrer dans… Stories Untold ! Le premier (?) hommage vidéoludique à La Quatrième Dimension (ou Au-delà du réel ou Black Mirror selon la génération à laquelle vous appartenez). Découpé en quatre épisodes aux univers très éloignés (et pourtant avec une histoire commune), le nouveau hit nostalgique de Devolver Digital bluffe jusqu’au générique final et réussit l'exploit de nous rendre plus misanthrope que 2017. Haters gonna like.

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Alors qu’il y a un vrai marché avec l’émergence des enfultes qui ont grandi avec Les Sims et Animal Crossing, peu de jeux ont réussi à scénariser la ville comme un personnage à part entière. Personnellement, je ne retiendrai que le TwinPeaks-like Deadly Premonition. Et, depuis cette année, Night in the Woods. Le bourg de Possum Springs est l’un des caractères les mieux écrits de 2017 avec un background de deux siècles. Bon OK, on n’est pas au niveau de The Fountain mais ses enseignes fantômes sont plus poétiques que toute la filmo d’Aronofski. Bon OK, sur la poésie, il n’y avait pas vraiment concurrence.

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L’open world de l’année… tué dans son œuf de dino par Zelda: BoTW. Dommage car le premier nous offre ce que le second a zappé pour mériter son titre de GOTY 2017 : un environnement avec une âme. Rien de bien original quand on a exploré les cartes inoubliables de Red Dead Redemption ou de The Witcher 3 mais de quoi vous retenir près d’une centaine d’heures dans des villages aux identités singulières, là où le monde d’Hyrule vous fait tourner en rond. L’exploration des terres d’Horizon Zero Dawn et de leur histoire (disséminée à travers des items pouvant rappeler un autre hit d’antan, Alan Wake) pourrait même nous faire zapper l’argument marketing choc : les robots-dinos (dont le character design a mis en PLS Michael Bay).

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A l’heure de ce top, je termine la lecture de Billy Bat. Une réflexion méta de Naoki Urasawa sur l’essence d’une fiction : est-elle définie par sa direction artistique ou son récit ? Doit-elle briser les conventions ou représenter le réel ? Faut-il qu’elle choque ou qu’elle séduise le plus grand nombre ? Qu’est-ce qui assure son immortalité : la transmission de sa technique au sein d’une « élite artistique » ou la transformation de sa morale en religion via un bon service marketing ? L’histoire contemporaine de l’animation est marquée par cette lutte : les premiers choix étant incarnés par l’école Fleischer (les Color Classics, Betty Boop, Popeye…), les seconds par Disney. Les uns ont inventé la rotoscopie, la 2,5D, l’intégration des prises de vue réelles et le quatrième mur. Les autres ont misé sur l’évolution des modes de conso… des bons sentiments humains, décennie après décennie, de la docile ménagé… princesse productiviste à la farouche guerrière vegan. On sait qui a gagné cette bataille.
Des Fleischer, on retiendra le fils (papa de Conan le Destructeur et de Kalidor, donc un peu de Schwarzy) et ce joli hommage vidéoludique qu’est Cuphead. L’histoire de deux tasses voulant récupérer leurs âmes dealées avec le Diable. Méta, toujours méta.

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Deux ans que l’Hiver est venu et m’a coincé dans le Sauvage Canada. Deux ans que je raccommode des chaussettes, bouffe du Canigou périmé, purifie l’eau des chiottes du voisinage. Plus de 730 jours à se faire démembrer par des loups et des ours ou vider par la dysenterie sur le trône des mêmes voisins. Maudit Canigou. 1 million de minutes que Mike Horn n’a plus rien à m’apprendre, je suis citoyen émérite de The Long Dark.
Alors quand le studio Hinterland a greffé un mode Histoire sur mon jeu de survie préféré, je pensais être prêt. Le Dieu Winter avait beau séquestré ma foi, il n’aurait plus mes intestins. Raté. L’intrigue de cette nouvelle campagne est aussi féroce que l’univers post-apo dans lequel elle évolue. Solitude, écoculpabilité, tristesse, désespoir et pas un Xanax dissimulé entre deux conserves de pâtés canins. Into The Wild… avec un bon scénar, une bonne réal et une excellente BO.

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Le clown le plus creepy de l’année officie dans Maniac Mansion ep.3 aka Thimbleweed Park. Mais pas de jumpscare avec Ransome, croisement raté entre Pennywise et le Matthew McConaughey de True Detective. Non, il se contente de nous couvrir d’injures à chaque ligne de dialogue, comme un troll des communautés Webedia . Et on ne peut lui en vouloir puisque - sans (trop) spoiler - nous sommes le big bad guy du jeu. Ron Gilbert, divinité vénérée des Point n’clickers et Deus ex Machina de TP, punit par son biais le gamer des 80-90s d’avoir cédé aux sirènes des films interactifs. Nous rappelant qu’il fait des fictions dont nous sommes le héros / scénariste avec l’un des épilogues les plus malins jamais conçus.