Les meilleurs livres de 2019 selon Fwankifaël
7 livres
créee il y a environ 4 ans · modifiée il y a 10 moisLes Couilles sur la table (2019)
Sortie : 30 octobre 2019. Articles & chroniques
livre de Victoire Tuaillon
Fwankifaël a mis 9/10.
Annotation :
31 mai 2021
On pourrait être tenté, à chaque fois qu'on ouvre un livre sur le féminisme, de craindre la redite ou de s'appuyer naïvement sur la certitude qu'on n'a plus grand chose de nouveau à apprendre. Ce serait une erreur gravissime. Ce champs de recherche et de militantisme est d'une profondeur à la mesure de l'ordre auquel il s'attaque.
Forte d'une quarantaine de podcasts dédiés aux masculinités et à leur lien avec le combat féministe, Victoire Tuaillon synthétise dans ces quelques 200 pages un corpus de travaux et de réflexions d'une précieuse richesse. Que ce soit sur la forme (des thèmes ancrés dans le réel comme angle d'attaque), sur l'approche par les masculinités, sur le style à la fois clair et percutant ou sur le fond, elle maîtrise à la perfection cet outil de vulgarisation scientifique qui présente la synthèse épouvantable de recherches ciblées en sciences sociales et de travaux associatifs, juridiques, scientifiques empiriques. Epouvantable car le constat de la polymorphie et de la permanence du patriarcat, de la perspective d'une lutte interminable, ne lasse de surprendre et d'indigner.
Je le dis souvent, mais c'est à livre à mettre entre toutes les mains.
Habiter en oiseau (2019)
Sortie : 2 octobre 2019. Essai
livre de Vinciane Despret
Fwankifaël a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
4 janvier 2022
Élargir la pensée, ouvrir le champs des possibles, décloisonner les hypothèses scientifiques. C'est ce travail de déconstruction salutaire que se propose d'engager Vinciane Despret dans cet essai sur le territoire des oiseaux. Son idée : remettre de la complexité et de la variabilité dans le monde, faire valoir une manière différente de penser le rapport des oiseaux à leurs territoires, souligner leur intelligence pratique, leur adaptabilité, loin des conjecture économiques longtemps admises pour vraies qui consistent à considérer le territoire comme un lieu de combat pour les meilleures ressources et les femelles. Ce classique biais de la pensée scientifique lorsqu'elle oublie de prendre en compte le biais d'observation (en l'occurrence le bagage culturel de l'observateur et ses hypothèses biaisées car anthropocentrées) est ici battu en brèche avec un rigueur intellectuelle et une subtilité rares.
Bien sûr il faut s'accrocher : "Habiter en oiseau" est un essai épistémologique sur l'éthologie aviaire. Ayez les reins solides. Mais même quand on ne comprend pas tout, le doux sens du verbe de l'autrice, sa manière de convoquer un rapport égalitaire et émerveillé au vivant, la richesse de ses sources, l'ingéniosité mutine des oiseaux qu'elle donne à voir est tout simple fascinante. Pour qui aime la nature, un voyage déconcertant et enrichissant.
La Panthère des neiges (2019)
Sortie : 10 octobre 2019. Roman
livre de Sylvain Tesson
Fwankifaël a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
31 mars 2020
Voir critique
L'enfant et l'oiseau
Sortie : 24 avril 2019 (France).
livre de Durian Sukegawa
Fwankifaël a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
15 août 2022
Longtemps habité par l'idée que ce roman était destiné aux enfants, j'ai tardivement compris que sa simplicité apparente relevait plus d'un choix stylistique, sinon d'une culture littéraire plus poétique, que d'une intention dans le choix d'un public cible.
"L'enfant et l'oiseau" se révèle être un beau roman sur le deuil et la différence, qu'embrasse une critique nourrie et subtile des liens que tissent le capitalisme et ses logiques d'exploitation des individus et des "ressources", le spécisme et le patriarcat. C'est la plus grande surprise que réserve cette fable amère lorsqu'elle dresse avec une feinte naïveté un parallèle entre un enfant et un corbeau : dénoncer avec une force inattendue les pulsions dominatrices des hommes. La prose de Sukegawa, déjà auteur des "Délices de Tokyo" dont j'ai entendu parler de l'adaptation cinématographique très réussie, ou du moins sa traduction, sert le roman avec beaucoup de délicatesse, usant d'un arrangement simple et imagé de mots. Rien à voir avec un Nobokov.
L'Hiver en été
Sortie : 18 avril 2019 (France). Beau livre & artbook
livre de Jean-Pierre Gibrat
Fwankifaël a mis 7/10.
Annotation :
8 novembre 2019
Je ne connaissais Gibrat que de (bonne) réputation. Je découvre son dessin et ses couleurs exceptionnels, avec ce beau livre offert par une collègue. Mais pas que. "L'Hiver en été" n'est pas qu'une collection très grand format de dessins reproduits ou inédits de Gibrat, c'est aussi une interview de lui menée par son amie, la chroniqueuse Rebecca Manzoni.
Celle-ci, quoique fort intéressante car revenant notamment sur la technique du dessinateur, demeure un peu trop superficielle à mon goût mais rythme agréablement le défilé des planches. Cet aperçu du dessin de Gibrat donne envie d'en découvrir plus sur son oeuvre, et notamment sur la partie récit qui donne vie à ces beaux personnages.
La Clé USB (2019)
Sortie : 5 septembre 2019. Roman
livre de Jean-Philippe Toussaint
Fwankifaël a mis 4/10.
Annotation :
2 février 2020
Pas très emballé par le style direct et très descriptif de ce roman, j'avoue n'avoir que modérément adhéré à son pitch. La fin de "La clé USB", au titre aussi aride qu'une partie de son sujet, offre tout de même un peu de profondeur et d'émotion à un récit somme toute pas très intéressant.
L'Humanité en péril (2019)
Virons de bord, toute !
Sortie : 1 mai 2019 (France). Essai
livre de Fred Vargas
Fwankifaël a mis 4/10.
Annotation :
23 février 2020
Bon. Beaucoup de choses à dire sur ce livre qui oscille entre le pamphlet anticapitaliste maladroit, le livre de recettes magiques et le manuel involontaire de désinformation. Précisons d'emblée : je n'avais jamais lu Vargas pour laquelle j'ai pourtant beaucoup de respect, ma famille étant grande admiratrice de ses polars.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que "L'Humanité en Péril" part du constat sincère et désespéré d'une femme courageuse (elle a abattu un gros travail de documentation) et responsable, consciente que son seul nom pouvait lui offrir une tribune non-négligeable auprès d'un public par forcément sensibilisé aux affres tentaculaires des bouleversements climatiques et de l'effondrement de la biodiversité.
Le résultat est pourtant alarmant du point de vue de la rigueur attendue d'un tel recueil de données et de pistes de progrès. Trois sources sur quatre sont contestables, le propos complètement désorganisé, les pistes d'action contradictoires...cela fait déjà beaucoup. Même sans travailler dans le domaine de l'environnement, et confronté quotidiennement à ces problématiques, j'aurais trouvé ce torchon illisible. J'ai dû m'accrocher pour en achever la lecture.
Bien sûr tout n'est pas à jeter. De nombreuses informations sont correctes, de nombreuses pistes pertinentes. Mais c'est sans compter le ton, carricatural à souhait entre "Nous le peuple" et "Eux les politiciens à la solde des lobbies". Sans compter non plus sur cet horripilant levier rythmique, son censeur, inventé par l'autrice pour justifier de l'inconsistance formelle de son propos... Heureusement - j'ai cru que cela ne viendrait jamais - il est rappelé à la fin que "Nous", malheureux désinformés plein de bonne volonté mais à qui l'on ment éhontément depuis des décennies, avons aussi une responsabilité dans le choix de nos dirigeants par le suffrage universel. Ouf, "Nous" ne sommes pas tous blancs.
Je crois que le sujet mérite quand même un propos d'une autre tenue.