Les meilleurs livres de 2021 selon takeshi29

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Assurément il va falloir compter avec Abel Quentin dans les années à venir, le jeune homme signant avec ce "Voyant d'Étampes" un deuxième roman dense, brillant aussi bien dans le style que dans le constat qu'il pose sur l'époque.

Wokisme, réseaux sociaux, concours de victimisation, chasse à l'homme, tout ça dans le récit d'une descente aux enfers, celle d'un homme qui a eu le tort d'oublier qu'aujourd'hui chaque mot prononcé ou omis peut conduire au bûcher populaire sous pseudonyme.

Selon moi le tour de force de cette rentrée littéraire, mais je préviens tout de suite les vieux comme moi, en le lisant vous prenez le risque de vous prendre un miroir dans la gu..., et le verdict est sans appel : notre temps est définitivement passé.

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Pour l'instant de loin ce que j'ai lu de meilleur lors de cette rentrée littéraire. Dans ce recueil de nouvelles Richard Ford travaille en diverses variations les deux thèmes éternels en art : l'amour et la mort.

Avec son style inimitable fait de grâce, d'une faculté incroyable à raconter 10 personnages, leurs destins croisés, sans jamais vous perdre, à rendre palpable le moindre paysage, le moindre geste, la moindre odeur.

C'est probablement ce qu'on appelle le talent...

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Des souvenirs qui s'imbriquent pour reconstituer le puzzle de la mémoire, des protagonistes aux noms qui résonnent autant que ceux des rues arpentées, la nostalgie d'une balade aussi bien géographique que temporelle.

Aucun doute, on est bien chez Modiano, et la meilleure preuve reste encore ce style et cette mélancolie inimitables, cette élégance, ce rythme qui en trois lignes vous serrent la gorge.

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Parfois la claque littéraire qu'on espérait depuis des mois arrive de là où on ne l'attendait pas. En l'occurrence d'une petite chose qui n'a l'air de rien au premier abord, qui se lit très vite, et c'est justement dans cette vitesse que réside la puissance de cette si vive "Brûlure". Car ici, tout est question d'urgence, d'urgence poétique, d'urgence de vivre et d'aimer quand on a cru mourir, celle de le dire, de l'écrire.

Urgent et fulgurant comme le style de Christophe Bataille, qui ne se paie pas de mots mais vous renverse.

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Autre grand roman de l'année, dans un style totalement différent. C'est romanesque et pourtant très réaliste dans son approche du déterminisme social, c'est violent, ça secoue fort, dans le fond et la forme, l'horreur des actes, jusqu'à l'insoutenable, s'accompagnant de la voix du narrateur, et ses approximations vis-à-vis de la langue française.

Ce qui pouvait passer pour un artifice, une fausse bonne idée, s'avère être l'une des nombreuses armes utilisées par un auteur surdoué pour nous traumatiser. Pour longtemps, très longtemps...

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Pierric Bailly est probablement l'un des romanciers français actuels les plus fins, qui sait faire tout passer par une plume sans prétention et pourtant si riche.

Après son déjà remarquable "Homme des bois" il provoque toujours autant d'émotion avec ce pudique et profond "Roman de Jim".

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Depuis la disparition de Guillaume Dustan Johann Zarca est l'un des seuls écrivains français à oser parler de "sexe qui dérange" frontalement, sans filtre, un certain goût pour la provocation en moins.

Toujours attiré par le milieu underground il pointe cette fois sa plume acérée sur le chemsex, Essai, récit, roman d'une descente aux enfers, tout se mêle, avec légèreté de façade et noirceur dans le cœur.

Ça se dévore et ça secoue, si on aime ce qui démange.

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Assurément l'une des claques de la dernière rentrée littéraire, pour le parcours proprement hallucinant de cet athlète, champion le jour voleur la nuit, mais aussi pour le style de Mathieu Palain, vif, ne laissant pas une seconde de répit à un lecteur accroché aux pages de ce roman-enquête. Sans parler d'un sens de la construction remarquable, à la fois complexe et fluide.

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Certes on pourra reprocher à Katharina Volckmer de s'essouffler un peu dans la seconde partie de ce roman mais on n'avait pas rencontré truc aussi gonflé et irrévérencieux depuis bien longtemps. C'est méchant, drôle autant que dépressif et nihiliste, ça ne respecte rien, et donc ça fait du bien.

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Chris Kraus c'est toujours assez touffu, ça traite beaucoup beaucoup de choses, des plus anodines à la Grande Histoire, alors forcément ça peut perdre, voire lasser. Mais quand on aime son style qui envoie, ses personnages névrosés, on passe un vrai bon moment.

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Antoine Wauters se met dans la peau de Mahmoud, raconte ses souvenirs : la guerre, le chaos, l'amour et les pleurs pour tous ceux qui sont partis. Il le fait en vers libres et c'est... déchirant.

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Sorj Chalandon est toujours aussi efficace, et pourtant Dieu sait si l'entreprise était ici casse-gueule. En effet mettre en parallèle deux bourreaux, son père et Klaus Barbie, avait tout de la fausse bonne idée et du truc qui pouvait aisément déboucher sur de l'indigne.

Et pourtant cela fonctionne à merveille, il raconte l'horreur mais ne cède jamais à la facilité, il a l'intelligence de ne pas renier son style de journaliste, se tenant parfaitement en équilibre entre l'Histoire et son histoire.

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Si les ouvrages sur les faits divers vous font reculer, si on vous vend celui-ci comme un récit sur "L'Affaire Thomassin", n'oubliez pas qu'il est surtout signé Florence Aubenas, et que c'est elle, son humanité, sa façon de préférer les fêlures à ce qui brille et croustille, les oubliés aux puissants, son style que vous retrouverez ici.

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Je ne connaissais Judith Perrignon que comme (excellente) porte-plume de Marceline Loridan-Ivens, et je ne m'attendais donc à rien de particulier avec ce "Là où nous dansions".

D'où une formidable surprise en découvrant une véritable plume, une faculté remarquable à nous immerger dans une époque, une ambiance, une ville. Une ville sacrifiée sur l'autel de l'American Dream, des personnages perdus, de la mort donc, mais aussi le début d'autre chose, au gré de récits qui s'entrecroisent avec fluidité.

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Autre premier roman et autre auteure qui sait redoutablement décrire les sentiments d'une femme face au couple, à l'amour, et qui elle aussi apporte une réflexion apte à faire réfléchir les hommes.

Mais cette fois c'est plus frontal, plus sombre et profond. Et surtout le style - son élégance et sa force - saute aux yeux, percute. Reste à tenir son récit sur la durée et Nolwenn Le Blevennec pourrait bien faire parler d'elle dans les années à venir.

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Autre sacré style, aussi sec qu'intense, à l'image de ce portrait de femme dur, tranchant, poignant. Ce premier bref roman sorti il y a tout juste un an n'est pas de ceux qu'on oublie une fois refermé.

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Ceux qui viendront chercher là une autobiographie de Jim Carrey seront forcément déçus, il s'agit plutôt d'une longue dérive déjantée dans un corps et un cerveau fatigués, ceux d'un homme et d'un artiste ne trouvant plus sa place dans son époque.

Un homme qui se rêverait Mao rencontrant l'amour alors que pour lui ne restent que des sosies au rabais de Marylin et des Hippos Gloutons.

Drôle et désenchanté, comme Carrey.

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Tiffany Tavernier, anciennement scénariste de Tavernier, confirme après le déjà réussi "Roissy" en 2018, toutes ses qualités de romancière.

Cet "Ami" démarre comme un thriller haletant, mais ce qui n'aurait pu être que l'opportuniste récit du parcours d'un Michel Fourniret se transforme peu à peu en un drame psychologique, suivant pas à pas la descente aux enfers d'un homme, sa douloureuse introspection. Le monstre n'est finalement qu'un alibi et prend d'autres visages, miroir inversé mais aussi miroir de la société.

Documenté, construit avec intelligence, écrit avec un style simple mais redoutablement efficace, "L'Ami" est ce qu'on appelle communément aujourd'hui un page-turner, mais pas de ceux qui utilisent une recette toute faite et facile.

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Accusé d'avoir participé au coup d'état de 2016 l'écrivain turc Ahmet Altan s'est vu emprisonné durant quasiment cinq ans. C'est de sa cellule qu'il a écrit ce roman d'amour et de liberté, étonnamment doux. A moins que ce soit tout simplement de l'élégance...

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Qu'il a été dur pour moi de noter ce nouveau Yasmina Reza, tant j'ai vécu avec ce "Serge" de véritables montagnes russes en terme de plaisir. Haut, très haut tout d'abord, avec cette écriture vive, ce style qui envoie et qui fait tellement de bien quand on sort d'un truc assez ampoulé, puis la sensation d'un gigantesque creux.

Et à nouveau un récit vif, qui ose, dérange, va à l'essentiel. Avant de finir sur un plateau, avec une question à laquelle je ne peux pour le moment apporter de réponse : ce roman m'a-t-il réellement raconté quelque chose ou l'aurai-je oublié dans 2 mois ?

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Même si l'aspect didactique (voulue et assumée par l'auteure afin d'en faire un ouvrage accessible aux jeunes) et la structure maladroite des échanges entre la mère et la fille m'ont un peu freiné, Anne Berest signe là un récit romancé fort et utile, disons même indispensable.

Ça se dévore, c'est haletant tel un thriller, bref c'est de la littérature grand public qui ne prend pas celui-ci pour des c....

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Pour qui privilégie le style à l'histoire l'entame, disons même un bon tiers, est prodigieuse de puissance. Malheureusement la suite ne navigue pas vraiment aussi haut, mais ce roman restera un de mes coups de cœur de l'année pour ce qu'il m'a offert de sensations fortes et d'espoir.

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Même si j'en attendais un peu plus, même si je classerais ce "Billy Wilder et moi" dans les Jonathan Coe mineurs, le plaisir est au rendez-vous, les anecdotes croustillantes fourmillant dans ce récit mené tambour battant. Et puis il y a cette description minutieuse d'un milieu et d'une époque, et le plaisir évident de l'auteur à l'évoquer.

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Le phénomène n'est pas nouveau mais s'intensifie : les récits qui se cachent sous l'appellation romans.

Alors aux amateurs de récits je ne peux que conseiller ce "Diable parle toutes les langues" car l'histoire de Basil Zaharoff est incroyable et bien contée par Jennifer Richard, en particulier grâce à une construction maligne.

Par contre ceux qui voudraient lire un roman, surtout s'ils veulent du style, ici ce n'est pas gagné, mais alors pas du tout.

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Même si les louanges dont bénéficie ce "Mon mari" me semblent un brin exagérées tant il est finalement gentillet, il se lit avec plaisir et si je demande encore à découvrir le talent de plume de Maud Ventura je lui en reconnais un évident : celui de parfaitement décrire, avec un cynisme jouissif, la psychologie de ceux qui sont amoureux de l'amour, leur force d'auto-persuasion et les actes qui en découlent.

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Même quand Joyce Carol Oates commet un roman mineur cela reste tendu, éprouvant, avec ce rythme qu'elle tient sans faillir.

Si vous n'en avez jamais lu je ne vous conseillerai certainement pas de débuter par celui-ci, mais les fidèles apprécieront ce moment.

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"Mortepeau" est ce qu'on pourrait appeler un roman d'atmosphère. Le narrateur s'adresse à son père qui n'est plus mais qui continue à lui faire du mal jusque dans la tombe, démontrant ainsi le poids des souvenirs, des traumatismes de l'enfance.

Le style est puissant mais n'a peut-être pas l'impact émotionnel que les premières pages laissent espérer, tout comme l'aspect nébuleux et sombre qui peine à trouver un but.

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Première partie assez laborieuse, on sent la jeunesse de l'écriture, un peu fébrile. Ensuite curieusement je me suis laissé prendre. Donc pas si mal, même agréable.

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Même si j'avais trouvé Vincent Duluc plus inspiré avec "Kornelia", probablement parce que le sujet le touchait de plus près, faisant appel à ses souvenirs d'émotion adolescente, tout amoureux de cinéma prendra du plaisir à lire cette évocation, un brin répétitive, d'un couple mythique du septième art, Carole Lombard et Clark Gable.

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Je n'avais volontairement plus lu Claire Castillon depuis un bon moment et si j'avais fait l'erreur de m'intéresser à ce qu'elle racontait dans son nouveau roman je n'y serais pas aller.

En effet parler d'emprise, de manipulation, de "pervers narcissique" aujourd'hui me semble tenir avant tout d'un certain opportunisme, mais j'avoue que ce témoignage à la première personne, à hauteur d'enfant, est un véritable geste d'écrivain. Elle parvient à nous faire devenir les victimes, par des formules, des détails qui nous parlent forcément. Le style, toujours le style...