Les meilleurs livres de 2022 selon takeshi29

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Même si j'aime habituellement beaucoup Lola Lafon je me suis lancé dans la lecture de celui-ci avec quelques craintes, presque pour vérifier si tous les dithyrambes étaient justifiés. Je craignais du pathos, de la bien-pensance, un ouvrage porté aux nues uniquement par son sujet incritiquable.

Et j'ai reçu tout l'inverse : 250 pages d'une immense dignité, qui accouchent de larmes sans jamais aller les chercher au forceps, où l'auteure parvient à trouver la distance idéale, parlant certes de sa propre vie mais sans oublier où se situe la véritable horreur, celle qui fait d'Anne Frank un symbole. Pas d'états d'âme ici, juste des sensations, des sentiments couchés sur la page avec un style qui lui non plus ne fait pas le malin, sec comme les faits que Lola Lafon décrit parfois sans rien ajouter.

Si je devais caractériser ce "Quand tu écouteras cette chanson" en un mot je crois que ce serait « respect », respect pour des fantômes croisés lors de cette nuit, et donc respect pour le lecteur.

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Edith Bruck évoque la déportation, sa mère, son grand ami Primo Levi, la mort, la vie...

Elle qui a connu de multiples enfermements se venge par la poésie la plus libre qui soit, ses vers frôlent parfois le haïku, occupent parfois un grand espace, avec toujours la même force inouïe.

La seule frustration est inhérente à ce type de recueils au choix arbitraire, et qui donne forcément envie d'en lire plus, bien plus.

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Je m'en veux presque de cette note qui pourrait laisser croire que c'est le moins bon Houellebecq. Et pourtant je suis persuadé que dans quelques années on s'apercevra que c'est peut-être son meilleur, car il n'y fait pas le malin, il ose décevoir ceux qui attendent de lui de la bonne vieille provoc. Et qui en verront de toute façon puisqu'on continue à lire ce qu'il n'écrit pas...

Il y a enfin de l'amour chez Houellebecq, une certaine fragilité, un apaisement, une manière émouvante d'admettre qu'il y a quelques roses sur le tas de fumier qu'est notre société, même si celles-ci doivent prendre l'apparence d'une langue coupée.

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Ce premier roman est remarquable car il ne cherche à créer de l'empathie factice chez le lecteur ni par un contenu racoleur ni par un contenant à effets. C'est sec et ça raconte toujours en creux plutôt que frontalement l'aliénation au travail, le prolétariat ou plutôt la condition modeste, une forme de banalité quotidienne Un coup de gueule donc, avec deux récits et deux temporalités qui se répondent brillamment, mais ici pas de hurlement, juste une parole juste et vraie.

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Le nouveau roman de Nathalie Azoulai est épatant à plus d'un titre, avec ce style fluide et élégant, brillant sans être prétentieux, qui permet d'entrer dans cette histoire d'amitié, presque de sororité, avec gourmandise et passion.

Tout a été dit sur ce qui différencie littéraires et scientifiques, mais jamais avec cette intelligence, cette sensibilité. "La Fille parfaite" raconte la vie, l'inné et l'acquis, tente d'expliquer l’inexplicable, le suicide d'un être cher, et le fait avec brio.

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Ceux qui ont eu du mal avec "Guerre" ne doivent absolument pas suivre Ferdinand à Londres car Céline y va plus loin dans tout : plus de crasse, plus de violence, plus de chair triste, ce qui fait de ce nouvel inédit un truc qui pourrait ressembler à une épreuve pour certains lecteurs. En revanche si les expériences, y compris stylistiques, vous branchent, si vous considérez qu'art et intranquillité de celui que le reçoit peuvent cohabiter, vous devriez venir à bout de ces 550 pages d'une densité folle.

Je n'en reviens pas d'avoir entendu certains critiques littéraires professionnels juger "moralement" cet ouvrage. Céline était un sale type ? Et ça se sent dans ses romans ? Noooooooooooon, quel scoop !

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Ni arnaque ni "fond de tiroir" de la part de Gallimard. Car oui "Guerre" est du pur Céline, qui bouscule, titille, dérange, agite le cocotier stylistique, avec cette histoire de gueules cassées aussi repoussante que prenante.

Et il y a le travail de l'éditeur autour du récit qui permettra à ceux qui ne connaissent pas leur Céline par cœur de comprendre ce qu'il y a de l'auteur dans cet inédit, les éléments biographiques, la part de fiction, en quoi "Guerre" parle autant de l'homme Céline que du reste de son œuvre.

Vivement l'automne qu'on puisse retrouver les (més)aventures de Ferdinand, cette fois à Londres.

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Je ne dirai pas que ce troisième Constance Debré m'a déçu, je pense plutôt que passé l'effet de surprise la déflagration ne peut être que moins forte.

Et pourtant cette voix actuellement unique dans le paysage littéraire français est plus radicale que jamais, le style reste aussi percutant. J'envie ceux qui la découvriront avec ce livre, ou avec un autre, car qu'est-ce que ça fait du bien de voir une telle rage se mettre en mots et en musique.

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L'Islande est décidément un pays d'une richesse incroyable en matière de culture, et ce roman qui sortira chez nous le 3 févier en est une nouvelle preuve.

Du style, un sens de la construction et du rythme redoutables, des personnages délicieusement névrosés, de la littérature qui ne se donne pas immédiatement, qui prend sont temps pour dévoiler toute sa complexité.

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Est-ce un bon Goncourt ? A vrai dire je ne sais pas et je m'en fiche un peu, car si j'ai lu ce livre ce n'est en rien parce qu'il vient de recevoir LE prix qui change la vie des écrivain(e)s qui le reçoivent, non c'est uniquement parce que j'aime Brigitte Giraud depuis une vingtaine d'années, depuis 2001 précisément et la sortie de "A présent" où elle évoquait déjà la mort de son mari Claude.

Depuis de l'eau a coulé sous les ponts du chagrin, quelques images et douleurs se sont évaporées, mais ce qui s'est passé s'est passé, ça rien ne l'effacera, alors Brigitte Giraud se livre à un exercice que nous avons tous pratiqué, refaire le film avec des si, pour atténuer la peine, pour tenter de comprendre, peu importe la raison, propre à chacun. "Vivre vite" pourrait être vu comme une enquête, personnellement c'est une immense lettre d'amour que j'ai reçue, une manière de ne pas laisser les souvenirs s'échapper. Le style est toujours le même, direct et concis, pudique aussi, et pourtant la dernière page vous met à terre, et les larmes coulent.

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Probablement l'un des premiers romans les plus excitants et stimulants de la petite rentrée littéraire car comme souvent chez Verdier c'est de la littérature différente, qui tente des choses.

Nerveux, profondément politique et actuel, et si le style pourra désarçonner certains il ravira ceux qui cherchent la marge.

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Bien que flottant, un peu léger car le sujet aurait pu (et dû) être plus creusé, développé, le personnage et la vie de Gustav Mahler le méritaient, ce court roman autrichien se lit avec appétit grâce à un style élégant, sans fioriture, une douce mélancolie.

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Avec cette note (J'aime passionnément Annie Ernaux, que ce soit l'artiste ou la femme) je sanctionne plus le coup d'édition que l'objet littéraire en lui-même. Car de l'objet parlons-en : à peine 25 pages agrémentées de feuillets d'une blancheur immaculée. On en vient à oublier l'importance et la qualité de l'écrit qui permet d'éclairer une partie de l’œuvre globale de l'auteure.

Ce "Jeune homme" aurait plutôt eu sa place dans le formidable Cahier de L'Herne paru il y a peu, d'autant qu'il aurait mérité une contextualisation, un regard à rebours qui eux auraient évité de gonfler artificiellement un ouvrage qui édité ainsi a un petit côté arnaque.

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Nicolas Mathieu à déclaré qu'il avait conscience que la meilleure littérature était souvent la plus dépouillée et que c'était ce qu'il avait cherché à faire avec ce "Connemara". Alors il lui reste encore des progrès à effectuer car c'est justement le seul reproche réel que je pourrais faire à ce roman qui aurait mérité d'être épuré, dégagé de certains passages redondants qui n'apportent rien au récit, bien au contraire.

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En littérature j'aime l'épure, mais n'étant pas à une contradiction près je n'aime jamais autant Simon Liberati que quand il en fait des caisses, quand il se la joue bobo de droite trash qui fait des phrases prétentieuses au possible. Alors forcément ici j'ai un peu râlé parce qu'il est trop sage, trop lisible. Il n'en reste pas moins qu'un petit livre de styliste se lit toujours avec bonheur.

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Oui c'est du Despentes dans la pensée, donc parfois franchement stimulant, mais du Despentes un peu dilué, comme si l’épistolaire, exercice qu'elle ne maitrise clairement pas, l'avait contrainte, inhibée. Les critiques littéraires qui ne savaient pas quoi dire nous ont servi le sempiternel "roman qui parle si bien de l'époque" mais franchement d'autres écrivains l'ont bien mieux cernée et décrite ces derniers temps, comme le très talentueux Abel Quentin dans son "Voyant d'Étampes".

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Au démarrage le GPS de Lucie Rico est intriguant comme une une boussole qui indique le sud mais souci il tourne en rond encore et encore. On espère on espère, mais rien n'évolue vraiment, à l'image de ce ton ironique qui amuse à la lecture des premières pages mais qui ne variant jamais vraiment ne permet pas de partager les différentes émotions de la personnage principale.

Dommage car il y a vraiment quelque chose...

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Voici un roman qui fait beaucoup parler mais qui m'a laissé assez perplexe.

Tout d'abord par le traitement d'un sujet en réalité facile pour attraper, non sans un certain chantage à l'émotion, le lecteur. Émotion qui n'est d'ailleurs jamais chez moi advenue, la faute certainement à une barque que Sarah Jollien-Fardel charge charge charge.

Et puis par le langage qui aurait mérité d'être lui aussi élagué, qu'on ne sente pas soutenu par un dictionnaire des synonymes jamais très loin.

NB : Ça c'est très personnel mais le fait que l'auteure se mette en position de narratrice m'a posé un vrai problème. Avec un tel sujet, et même si je défends en permanence la liberté du créateur, je ne suis pas certain que ce soit légitime.

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Même si le projet est amusant sur le papier rien de bien nouveau sous le soleil avec ce pastiche politique signé Jean-Marc Parisis. On reconnait si facilement les protagonistes sous des pseudos aussi légers que du Patrick Rambaud, les situations sont tellement fidèles à la réalité, et probablement trop fraîches dans nos esprits, qu'on a bien souvent la sensation d'être plus dans un récit très conventionnel que dans un exercice ludique et stimulant.

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Les paroles de Dominique A sont de la poésie. Pourquoi avoir voulu publier ce recueil ? Lui dit que c'était pour y coucher ce qu'il ne peut pas dire en chansons. Je suis pour le moins sceptique tant tout s'évapore à peine lu.

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Décidément Virginie Despentes est en petite forme en ce moment, même dans ses conseils. J'avoue me laisser facilement tenter quand elle déborde de superlatifs à propos d'un roman, même s'il s'agit logiquement d'un poulain de la team Grasset, et donc là je suis tombé de haut en découvrant ce truc d'une grande banalité sur la lutte des classes, comme s'il suffisait d'user de violence et de crudité dans les descriptions, d'un langage faussement transgressif pour être enragé.

Tu sais quoi Virginie, je vais plutôt retourner lire "Baise-moi", ça c'était punk.

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Si je devais comparer ce récit d'infiltration à un film ce serait au "Chez nous" de Lucas Belvaux dans sa faculté à être contre-productif et donc dangereux. Ne trouvant rien de croustillant, ou plutôt devrais-je dire ne trouvant rien du tout, Vincent Bresson ne parvient qu'à une chose : normaliser cette "Génération Z", et pourquoi pas à rendre ces jeunes "sympathiques" aux yeux de certains.

Troublant de lire dans l'avant-propos que l'éditeur avait hésité avant de s'embarquer dans cette aventure, car ils auraient dû faire leur métier jusqu'au bout et renoncer à publier ce truc qui pourrait leur revenir comme un boomerang dans la figure. Par ailleurs la qualité d'un journaliste d'investigation est de savoir se retirer du jeu quand il constate qu'il ne va nulle part, malheureusement certains vont jusqu'au bout, même si l'échec de leur entreprise est évident.

Ici plus je tournais les pages plus j'hallucinais devant un tel vide, avant de finir franchement énervé. Un journaliste a des responsabilités, un citoyen aussi...