La nature de l'humain et de l'âme selon Blade Runner

Si l'on doit citer un film de science-fiction de l'ère mythique des années 80 qui exercera une grande influence dans la fiction sous toutes ces formes encore aujourd'hui, je pense que Blade Runner sera l'un des premiers à venir à l'esprit. Il y a de nombreuses raisons à cela.

A l'origine une adaptation du roman de Philip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, le film réalisé par Ridley Scott (à qui l'on doit bien sûr la saga Alien et bien d'autres chef d'oeuvres du cinéma), finit par obtenir sa propre identité grâce à son univers bien construit et ancré dans le genre dystopique sombre et cynique, sous la forme d'une société humaine technologiquement avancé, mais possédant toutefois une part sombre. La Terre n'est plus la même, et la société terrienne à dû s'adapter en conséquence de plusieurs guerres et cataclysmes qui provoquent la disparition d'une grande partie de la flore et de la faune, seules quelques animaux vivants existant encore, les autres n'étant plus que de vulgaires répliques émulant presque parfaitement les originaux. Pour les assister dans l'évolution de cette société, les humains créèrent les réplicants, des androides identiques aux humains, si ce n'est que des capacités physiques supérieures et une durée de vie limité. Les incidents ne manquèrent pas avec certains modèles, au point que les Blade Runners entrent en fonction, chargés de "retirer" les réplicants ciblés (les traquer et les tuer évidemment). C'est dans ce contexte que le protagoniste Rick Deckard (incarné par Harrison Ford, déjà bien connu pour ses rôles légendaires en tant que Han Solo et Indiana Jones) va être amené un jour à éliminer un groupe de réplicant rebelles mené par le charismatique Roy Batty (interpréter par l'excellent acteur Rutger Hauer).

En plus de proposer un univers sombre montrant une société avancé mais souffrant d'inégalités, le film se penche beaucoup sur la question de la nature humaine ainsi que de l'âme. Les humains présents dans le film ne sont pas très différent de ceux de la réalité, mais on verra toutefois qu'une certaine discrimination existe envers les réplicants, dont l'origine à la base est de les servir. D'ailleurs, ils sont plus traités comme des produits que comme des êtres pensants, d'où le terme "retirer un réplicant" plutôt que "tuer un réplicant". Cela montre qu'ils ne les ont jamais considérés comme des êtres capable d'agir et de ressentir des sentiments par eux-mêmes, comme on peut le voir avec le groupe de Nexus-6 de Roy. Je citerai également la mort de Zhora comme une preuve pertinente, le personnage étant présenté comme une victime en détresse plutôt qu'une antagoniste à abattre. Présenté comme un dangereux groupe de rebelles meurtrier en cavale, on se rendra compte tout le long du film qu'en réalité ils veulent juste vivre normalement et être capable de durer plus longtemps. Ils sont également montrés comme empathiques entre eux et leurs congénères, comme on le voit surtout avec Roy et Pris, qui sont attristé par la mort de deux d'entre eux des mains de Deckard. On illustrera sans problème ce raisonnement vers la fin du film lors de la confrontation finale entre les deux personnages, où Roy va sauver Deckard d'une chute certaine et prouver ainsi qu'il n'est pas qu'une simple machine avant de rendre l'âme. L'aventure va également pousser Deckard à évoluer et à se remettre en question sur sa fonction de Blade Runner et sa vie, en comptant également ses entrevues avec Rachael, autre Nexus-6 expérimental qui pense comme une humaine normale et avec qui il éprouvera des sentiments amoureux inédits.

Ainsi, Blade Runner se veut davantage être une fable philosophique sur l'existence et l'âme qu'un film de SF destiné à être un blockbuster, et la bonne performance du casting combiné avec une ambiance et une structure film noire. Il est considéré encore à ce jour comme une oeuvre influente du genre cyberpunk, avec des codes appropriés, et son histoire se caractérisera aussi par le fait que le film n'a ni de héros, ni de méchants à proprement parler. Chacun à sa propre vision, morale, et principe qui en font des êtres on ne peut plus humain.

Je considère encore le film de Ridley Scott clairement comme un des meilleurs films de cette décennie par la façon dont l'histoire est traité et l'univers cyberpunk présenté.

Luck-Seven
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le 24 avr. 2024

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