Pendant la Révolution mexicaine,qui a eu lieu de 1910 à 1920,le bandit Juan Miranda ne se préoccupe nullement de l'agitation qui secoue son pays et se contente de perpétrer des vols et des meurtres à la tête de son gang familial de loqueteux.Son obsession est de braquer la plus importante banque de la région,un rêve en principe inaccessible.Mais il rencontre par hasard John Mallory,un terroriste irlandais ancien membre de l'IRA qui a fui sa patrie pour échapper à la police et à de très mauvais souvenirs.Il se trouve que le gars est un grand spécialiste des explosifs et Miranda se met en tête d'utiliser ses talents d'artificier pour enfin commettre le hold-up qu'il projette.Sauf que l'Irishman n'a aucune envie de s'associer à ce criminel et tente en permanence de lui fausser compagnie.Volet central de la trilogie "Il état une fois",qui succédait à la "Trilogie des dollars",ce film souvent mésestimé n'est pas indigne de la courte et luxueuse filmographie de Sergio Leone.Le cinéaste a coécrit le scénario avec des complices habituels,Sergio Donati et Luciano Vincenzoni,et s'est entouré d'une fantastique équipe de collaborateurs avec qui il avait pour la plupart déjà travaillé.Des très bons donc comme le chef-op Giuseppe Ruzzolini,le monteur Nino Baragli,le décorateur Andrea Crisanti et bien sûr l'indispensable Ennio Morricone qui signe là sa plus belle composition pour le cinéma et une des meilleures musiques de l'Histoire du 7e Art.On comprend que l'oeuvre puisse rebuter eu égard à une première demie-heure à l'humour surdosé.On est dans le clownesque plus proche de ces mauvais pitres de Hill-Spencer que du duo Eastwood-Wallach dans "Le bon,la brute et le truand",film assez similaire à "La révolution" dans sa description de hors-la-loi vaquant à leurs petites affaires au milieu d'une guerre dont ils se soucient fort peu.La course-poursuite répétitive qui voit Mallory glisser sans cesse entre les pattes de Juan qui le rattrape à chaque fois devient vite soulante,heureusement que ça va changer à partir justement de l'attaque de la fameuse banque,qui va entraîner le film dans une toute autre direction.La densité,la gravité et la cruauté vont s'inviter à la fête en même temps que le cynisme consubstantiel au western spaghetti.On plonge dans un autre film qui nous emmène vers la violence atroce et l'analyse socio-politique,car le titre français est pour une fois parfaitement adéquat.Oui,le sujet est ici la révolution,envisagée dans toutes ses dimensions.Le sens du plan et la perfection de la mise en scène de Leone,sublimés par la partition planante de Morricone,servent de support à un récit amer fouillant sans faux-semblants le processus révolutionnaire.Idéalisme et pragmatisme,héroïsme et lâcheté,fidélité et trahison,les auteurs manipulent froidement tous les aspects d'une activité qui n'est pas plus que les autres exempte de la vanité et de la volatilité de tout ce qui est humain.Ils semblent donner raison à Juan,le prolo sans foi ni loi qui sait bien qu'une fois les cadavres enterrés et l'ancien Ordre effacé,une nouvelle oligarchie,pas meilleure et peut-être même pire que la précédente,prendra le relais et que ce seront toujours les pauvres dans son genre qui tireront la langue du mauvais côté du manche.John,l'intello gauchisant fantasmant sur le Grand Soir,a lui-même du mal à contredire son compagnon en contemplant les effets de sa lutte qui l'ont conduit à tuer son meilleur ami,s'expatrier et devenir alcoolo pour oublier parfois son passé.Il continue cependant à y croire,par habitude et parce que c'est dans son ADN,mais le coeur n'y est plus vraiment.Une ironie dévastatrice irrigue tout le film avec des bourgeois arrogants totalement humiliés la séquence d'après,une banque enfin conquise où il n'y a pas un peso,des héros de la Révolution charismatiques et inflexibles qui trahissent honteusement la Cause,un truand jmenfoutiste qui participe malgré lui au soulèvement jusqu'à en devenir une icône,et tout est du même tonneau dans ce cimetière des illusions jalonné de pelotons d'exécution et de charniers.Alors pourquoi faire la Révolution,in fine?Parce que c'est le sens de l'Histoire,tout simplement.Il arrive toujours un moment où les puissants en font trop et dépassent les bornes,où la seule solution apparaissant au peuple est de les dégommer,quitte à ce que ce ne soit pas mieux après.Il ne restera au fond que l'amitié improbable d'un criminel mexicain et d'un soldat perdu de l'IRA,comme si les petites actions individuelles primaient sur les grandes théories collectivistes.James Coburn est parfait en dynamiteur faussement décontracté mais Rod Steiger peine souvent à rendre crédible son gangster suiffeux extraverti,un registre qui ne lui convient guère.Parmi la galerie de gueules marquantes habitant le film on remarque Romolo Valli en médecin leader révolutionnaire,Maria Monti en bourgeoise méprisante violée,David Warbeck en ami traître et la sale tronche de l'inconnu Antoine Saint-John en officier mexicain sadique.Il s'agit d'un français dont le vrai nom est Jean-Michel Antoine.