Poucelina
6.1
Poucelina

Long-métrage d'animation de Don Bluth (1994)

Chez Disney, le Second Âge d'Or est au coeur du succès.

Le public est à nouveau féru d'Héroïnes/Princesses, de chansons et de belles images emplies de magie.

Ce qui plonge Don Bluth dans une impasse son film Charlie,mon héros ayant été un flop à cause de La Petite Sirène sorti la même année.

Comprenant que le public ne s'intéresse plus aux films sombres préférant voir des films avec des Princesses qui chantent, Don Bluth décide de réaliser des substituts de films de la Compagnie de la souris aux grandes oreilles. Tout d'abord, il songe adapter La Belle et la Bête sur grand écran

https://i.pinimg.com/736x/84/00/26/84002692c67f500dc393a929c5d4584c--cartoon-hair-art-disney.jpg

Malheureusement, il apprend que Disney est sur le point de sortir sa propre version de La Belle et la Bête et renonce à son projet.

Une autre idée lui vient en tête à savoir adapter un conte d'Andersen comme Disney l'avait fait avec La Petite Sirène ayant lancé le Second Âge d'Or. Son choix se penche sur Poucette qui devint Poucelina dans son adaptation sur grand écran en espérant que le film pût être un succès.

Malheureusement, Poucelina fut également un bide? Pourquoi? Parce que la même année sortait ceci

https://www.youtube.com/watch?v=w9u21s1wuok&t=27s

C'est sûr que niveau timing, c'était vraiment mal parti pour Poucelina.

Heureusement, quatre ans plus tard, Don Bluth réalisa un nouveau film de Princesse avec Anastasia et celui-ci fut rentable pour le réalisateur.

Mais, en dehors de cela, que vaut Poucelina en tant que film?

Voici l'histoire

Une jeune fille pas plus grande qu'un pouce tombe amoureuse de Cornélius, le Prince des Fées. Mais alors que ce dernier espère présenter Poucelina à ses parents, celle-ci est enlevée par une grenouille désirant la marier à son fils.

Voulant retrouver Cornélius et rentrer chez elle, Poucelina s'enfuit et se retrouve obligée de parcourir un long chemin pour atteindre son objectif.

Alors comment dire?

S'il y a un mot qui définit ce film, c'est "couci-couça".

En effet, si Poucelina n'est pas un mauvais film, il a, toutefois, beaucoup de défauts.

Déjà, il nous fait croire que Poucette, conte adapté dans le film, est français alors que l'auteur du livre, Andersen, était danois.

Maintenant, parlons du contenu de Poucelina en détails.

Visuellement, il y a quelques passages moches. En effet, durant certaines, nous sommes face à des paysages en 3D ressemblant à des images de films Pixar en cours de création. Ce qui passe très mal dans un film achevé.

Ensuite, de nombreux personnages adjuvants ne sont pas mémorables. L'insecte Gnatty, doublé par Hervé Grull, et ses amis existent uniquement pour faire avancer la narration au lieu d'avoir des personnalités; contrairement à de nombreux adjuvants de protagonistes Disney dont tout le monde se souvient encore.

Le seul qui se démarque, c'est Jacquimo doublé par Michel Elias, ayant une joie de vivre appréciable et étant un doux rêveur aimant aider ceux qui le méritent.

Dont notre héroïne.

En ce qui concerne les autres personnages, il y a du bon et du moins bon. Les crapauds-chanteurs sont amusants, les animaux de la ferme de la mère de Poucelina sont sympathiques (de plus, le poussin est tout choupi), les animaux-enfants sont mignons...Mais ça ne vole pas haut.

Parlons maintenant de Cornélius doublé par Serge Faliu et Olivier Constantin. Autant le dire tout de suite, ce Prince des Fées n'a pas grand-chose pour lui. C'est juste l'ado espiègle n'aimant pas obéir à ses parents et après sa rencontre avec Poucelina devient un trophée pour l'héroïne.

Les personnages vraiment marquants du film sont les méchants. Mama, mère des grenouilles, est une chanteuse et une danseuse ridicule dans le bon sens (malgré un peu de xénophobie du fait qu'elle a un prétendu accent espagnol), son fils Grosso, doublé par Mario Santini, est un méchant alternant avec justesse le méchant ridicule et le méchant menaçant, Baltringue le scarabée, doublé par Michel Elias, est un pervers et un minable détestable qu'on adore voir être martyrisé par Grosso durant le film.

Mais malgré ces quelques bons aspects, le problème principal est Poucelina elle-même (doublée par Julie Turin et Lori Rault). Déjà, écoutez sa chanson

en VF

https://www.youtube.com/watch?v=4K_vYGsmSv4

Et oui! Poucelina est digne des Héroïnes Disney des années 30 à 50 chantant inlassablement son rêve de trouver, ou plutôt d'attendre, l'amour. Ainsi, Poucelina a l'air d'être un mélange de Blanche-Neige, Cendrillon et Aurore connues pour leurs passivités et n'attendant que l'arrivée d'un Prince Charmant sans faire le moindre acte pour réaliser leurs rêves.

Or, pour un film sorti dans les années 90, ça ne passe pas du tout. En effet, les années 90 sont connues pour être l'époque du girl-power où les héroïnes agissaient elles-mêmes pour faire ce qui leur paraissaient juste. Qu'elles soient de chez Disney ou non, elles ne rêvaient pas forcément d'amour et voulaient s'affirmer en étant écoutées et comprises par les autres.

De plus, Poucelina n'agit jamais par elle-même, passive, subit l'histoire au lieu de la vivre et obtient sa happy-end sans s'être bougée le petit doigt durant tout le film.

De plus, l'histoire d'amour Poucelina/Cornélius est basée sur le cliché de "l'amour au premier regard" déjà éculé dans les années 90.

_Et dont Disney s'est moqué plus tard dans "Il était une fois" et "La Reine des Neiges"_

Or, pour en revenir à Disney, les couples héros-héroïnes de cette époque ne s'aimaient qu'après avoir appris à se connaître et à se découvrir mutuellement

Ainsi, nous voici face à une héroïne du milieu du siècle dernier née bien trop tard dans une époque ne semblant pas être la sienne. Ce qui fait qu'on ne s'attache pas à elle quand on est, par exemple, plus intéressés par Mulan que par Blanche-Neige.

Maintenant écoutez la même chanson en VO

https://www.youtube.com/watch?v=xuxfomGU1AQ

Et celle-ci également en VO

https://www.youtube.com/watch?v=SXKlJuO07eM

Vous ne rêvez pas. Don Bluth est allé tellement loin dans le "substitut de film Disney" qu'il est allé jusqu'à donner le rôle de Poucelina à Jodi Benson, l'actrice ayant interprété notre petite sirène nommée Ariel, l'héroïne qui a donné naissance au Second Âge d'Or Disney pour attirer du monde en salles (ironique vu que le film a fait un énorme bide). C'est honteux monsieur Bluth! Honteux!

Mais malgré tous ces problèmes, y-a-t-il des qualités dans Poucelina en dehors des méchants réussis évoqués plus haut? Et bien oui!

Les passages 3D moches sont TRÈS PEU nombreux.

En effet, la plupart du temps, le film est en animation 2D et est très joli visuellement que ce soit au niveau des décors, des personnages et de l'animation.

La scène où Poucelina est emportée par le torrent d'une rivière dangereusement agitée en est le meilleur exemple.

_C'est à se demander pourquoi des passages 3D ont été mis dans le film si l'équipe était meilleure dans l'animation traditionnelle.

Ah. On vient de me dire que la 3D moche était l'idée du réalisateur John Boorman ayant achevé le film en urgence à l'aide d'un studio d'animation délocalisé en Chine car les Studios Bluth étaient en train de faire faillite. Et ben, c'était franchement pas malin parce que la 3D, ça coûte cher. Quand on a pas autant de moyens que Pixar, il ne faut pas se fixer de grandes ambition monsieur Boorman._

De plus qui dit conte dit magie. Dans ce film, la magie est joliment mise en scène avec des fées laissant des trainées de lumière derrière en changeant les saisons.

Et maintenant, laissez-moi vous dire ce qui vaut le visionnage du film: les chansons!

En effet, trois compositeurs se sont chargés de la musique du film. Il s'agit de Barry Manilow, William Ross et Mark Isham. Grâce à eux, la BO de Poucelina reste en tête après le visionnage même quand on n'a pas forcément apprécié le film et on se dit qu'on a pas perdu son temps en le regardant.

Hélas, malgré ces qualités bien présentes, le film a un gros problème: l'histoire va beaucoup trop vite. Résultat, on ne s'attarde pas sur les personnages en détails, ce qui fait qu'on n'a pas le temps de s'attacher à eux.

Ainsi, ce qui doit être primordial a été ignoré, ce qui fait de Poucelina, certes pas un mauvais film, mais un film moyen n'étant pas indispensable à voir.

BlackBoomerang

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