Dans leur présentation de Anatomie d'un drame, les éditions Actes Sud citent avec justesse Patrick Modiano car le livre de Gerd Loschütz possède un certain nombre de points communs avec l’œuvre de l'auteur de Rue des boutiques obscures : la consanguinité du présent et du passé, le flou autour des personnages, la précision topographique,... Mais l'écrivain allemand ne possède malheureusement pas la fluidité de son homologue français ni cette petite musique mélancolique si séduisante. Anatomie d'un drame aurait gagné à s'en tenir à son intrigue principale qui occupe le premier tiers du roman : le compte-rendu de la pire catastrophe ferroviaire allemande, survenue en 1939, et, s'adossant à cet aspect documentaire, une fiction autour d'une passagère rescapée, Clara, qui ne voyageait pas au côté de son fiancé mais d'un commerçant italien dont elle prétendit être l'épouse. Cela suffisait largement pour tricoter un excellent récit mais pas pour Loschütz qui fait de son narrateur un être complexe, qui vit dans le souvenir d'une mère qui a regretté toute sa vie son premier amour tandis que lui-même se débat dans une relation avec une femme mariée. A traiter beaucoup d'histoires, à au moins trois périodes distinctes, l'auteur n'en approfondit aucune et rate surtout le portrait du personnage le plus mystérieux, celui de Clara, demi-juive dans l'Allemagne hitlérienne, dont l'amoureux est juif. Le livre est frustrant de par ses partis-pris narratifs avec un élan romanesque qui ne tient pas ses promesses. Bien loin de la brume enveloppante et splendide de Patrick Modiano.

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le 15 mai 2024

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