J'ai plusieurs fois entendu Fallout être avantageusement comparé à The Witcher ou aux multiples adaptations foireuses de jeux vidéo au cinéma, qui - à quelques exceptions près - ont mis la barre incroyablement bas depuis plusieurs décennies. C'est peut-être pour ça que j'ai lu tant de bien d'une série que je trouve personnellement très dispensable et qui ne me semble briller réellement à aucun niveau, que ce soit son écriture, sa réalisation ou sa direction artistique. Ça n'en fait pas une purge, ça se regarde même plutôt bien, mais il n'y a vraiment pas de quoi crier au miracle.
Quand on parle d'adaptation, l'un des critères les plus soigneusement examinés est généralement la fidélité au matériau d'origine, puisque le producteur de l'oeuvre compte sur les fans de la franchise pour assurer une partie de la promotion de leur produit. Je parle de produit, car dans la plupart des cas, il s'agit d'adaptations opportunistes d'une licence potentiellement juteuse, ou d'un truc à adapter fissa pour éviter d'en perdre la propriété intellectuelle.
Ces projets sont alors lancés par un studio, puis confiés à un réalisateur, plutôt que l'inverse. C'est ce qui semble être arrivé ici, puisqu'on voit Geneva Robertson-Dworet aux commandes, à qui on doit Tomb Raider (2018) et Captain Marvel (2019), deux films de commande aux ambitions artistique très limitées. Pour autant, l'écriture de Fallout est correcte, la mise en scène souvent un peu bordélique, avec quelques scènes d'action difficilement lisibles, mais pas de quoi crier au scandale.
o o o
Mais je m'égare un peu, donc revenons à la fidélité. N'ayant joué qu'à Fallout 1 et New Vegas, je ne m'aventurerai pas trop loin sur ce terrain, mais la série me parait rendre justice au rétro-post-apo des jeux, leur caractère satirique, leur bande son caractéristique et leur bestiaire irradié. En revanche, j'aurais apprécié que la série s'affranchisse un peu de son modèle plutôt que constamment y faire référence, à la manière des nouveaux Star Wars. A ce stade, ce ne sont plus des clins d'oeil, mais des appels de phare, et j'ai eu beau n'en saisir qu'une fraction, c'était déjà fatigant.
L'univers post-apo nucléaire dans les années 60 est toujours ce qui fait le charme de Fallout, et c'est quelque chose que l'on voit assez rarement en série pour être salué. En revanche, j'ai toujours trouvé les jeux Bethesda moches et kitch, et ça n'a pas loupé : la série est assez laide et embrasse les costumes bleus flashy et les grosses armures en plastique. Outre la direction artistique, beaucoup de plans font toc et les compositing ratés empestent le fond vert. Pire : la moitié des plans ont une sorte de détourage flou qui donne l'impression de regarder des dioramas où tout fait faux.
Côté casting, je suis partagé. Walton Goggins (The Ghoul) est toujours excellent, et je ne connaissais pas Ella Purnell (Lucy) mais elle interprète parfaitement les évolutions de son personnage à travers un arc prévisible, mais bien exécuté. Kyle MacLachlan (papa) est... au générique, mais ne vous attendez pas à le voir plus de dix minutes.
Aaron Moten (Maximus) est confondant, et si je n’ai pas apprécié son personnage, je dois saluer sa performance, car j’ai dû l’écouter en interview pour me convaincre qu’il n’était pas réellement teubé. Encore un qui n'a pas suivi les conseils de Robert D. Jr dans Tropic Thunder : "Never go full retard".