Le placard de Fantasio - Une aventure de Seccotine

Quand on suit Spirou et Fantasio depuis qu'on est tout petit, il y a forcément des questions qui se posent un jour ou l'autre. Que font-ils lorsqu'ils ne sont pas embarqués dans une aventure fabuleuse? Comment Spirou gagne-t-il de l'argent depuis qu'il n'est plus groom (il est censé être reporter mais n'en fout pas une ramée)? Ont-ils des amis? Est-ce qu'ils se murgent la gueule le dimanche midi devant un barbecue? Et surtout, la question qui fâche, pourquoi vivent-ils ensemble?

Un truc qui m'énerve pas mal c'est bien cette mode de questionner la sexualité des héros de bande dessinées mythiques, surtout quand les types qui se posent la question en arrivent toujours à la même conclusion, moitié inconsciemment, moitié pour faire chier les fans probablement. Ainsi, le capitaine Haddock fricote avec Tintin; Astérix et Obélix partagent des sangliers aux chandelles et le schtroumpf coquet fait régulièrement oublier la schtroumpfette.

Manquait plus que Spirou et Fantasio, c'est chose faite en long, en large et en travers dans cet album. Problème, la sexualité de Spirou et Fantasio a déjà été traitée avec mille fois plus d'intelligence dans Luna Fatal, et même avant (Tora Torapa, Vito la déveine, Machine qui rêve), mais bon surtout dans Luna Fatal. Le procédé était fort simple, en quelques pages Tome&Janry décrivaient un pan caché des activités de Fantasio et laissaient le reste à l'imagination des lecteurs, cf: au dessus, que font-ils "hors album"?
Tarrin et Yann traitent donc de nouveau la question, mais c'est moins fin, beaucoup moins fin...

Je pourrais parler de l'histoire plutôt bidon - quoique plaisante - de cet album, ou du simili Marsu qui fait de la peine comparé à son prédécesseur mais on s'en fiche un peu vu que la seul chose à retenir c'est de savoir si Spirou et Fantasio prennent leurs douches ensemble. Tout tourne autour d'une Seccotine déchaînée, allumeuse et sexy qui drague Spirou et Fantasio pied au plancher. Spirou craquera, pas Fantasio.

Regardons de plus près l'attitude de Fantasio tout au long de cet album:
Celui-ci, tout d'abord, se retrouvera terrifié par un bruit qui n'effraie personne d'autre puis ne comprendra rien aux sous-entendus de la miss, ensuite il se chamaillera avec elle comme... une bonne copine, retrouvera horrifié Spirou et Seccotine en train de se "réchauffer" et ratera (volontairement, on imagine) les piqures d'anti-froid sur le bras de la donzelle en représailles; enfin il lui rentrera directement dedans en la traitant de vicieuse avant de s'engueuler avec Spirou, une vraie scène de ménage. Alors qu'un personnage étonnant arrive, tous les regards se braquent vers lui, tous sauf celui de Fantasio bien entendu qui lance un regard noir tournée vers Seccotine agrippée aux épaules de son petit Spirou. En guise de mot de la fin, il souhaite ouvertement ne plus la voir venir "les embêter", en fait surtout lui.

C'est officiel, dans le Tombeau des Champignac, Fantasio est une grande folle. Étant donné qu'il s'agît d'un de mes personnages préférés de la série, ça m'énerve un petit peu. Pourquoi Franquin n'a-t-il jamais donné de détails sur la vie sexuelle de Spirou et Fantasio? Parce que c'est inutile ! Spirou et Fantasio n'ont jamais eu vocation à être des personnages sexués, au même titre que Tintin, Johan et Pirlouit ou Blutch et Chesterfield. Le simple fait de se poser la question et d'en faire un album revient à ignorer l'esprit de la BD, ça n'a simplement rien à faire là, si on commence à se poser des questions aussi tordues on peut aller très loin (dans le genre graveleux, la relation Pacôme-Zorglub dans Panade à Champignac). Certes Tome&Janry l'ont fait, mais ils avaient le talent pour introduire des thèmes dits "modernes" sans dénaturer l'esprit de la série. A vue de nez, Tarrin et Yann ne l'ont pas.

Alors pourquoi 6? Parce l'album ne fait pas parti de la série principale (c'est heureux) et que pris en tant que one shot selon la vision personnelle des auteurs, et donc n'appartenant pas à mythologie officielle, c'est un album tout à fait honnête et plaisant malgré tout.
Sans ça, c'était un 1 bien tassé.