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Fresh
6.1
Fresh

Film de Mimi Cave (2022)

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Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour : Bon appétit !



  • Tu as pas besoin d'un mec, OK ? D'ailleurs, en fait tu as besoin de personne. C'est juste ce qu'on s'est mis en tête à force de regarder des putains de films Disney.

  • Ouais. J'emmerde Ariel.

  • On l'emmerde ! Cette pauvre conne a quitté l'océan pour un mec. N'importe quoi ! On l'emmerde et on emmerde Belle.

  • Et j'emmerde la Bête. Je suis la Bête.

  • Ouais, c'est toi la Bête.




Hannibal Lecteur à trouvé son héritier : "Steve"



Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Mimi Cave ne fait pas les choses à moitié en proposant avec " Fresh ", une comédie romantique d'un classicisme absolu qui sans prévenir garde va se transformer en un véritable torrent cauchemardesque dans lequel l'amour et le romantisme cèdent la place à l'horreur et au sadisme. L'on suit Noa (Daisy Edgar-Jones), jeune femme en quête de l’amour, qui va faire une rencontre amoureuse imprévue dans une épicerie avec Steve (Sebastian Stan), un homme séduisant. Le récit romanesque idyllique par excellence dans une mouvance mielleuse qu'on a vu des milliers de fois et qui va subir une virevolte totale lors du premier weekend amoureux, lorsque Noa va se retrouver prise au piège dans la demeure de Steve qui se révèle être un psychopathe. Un revirement à la hauteur de la surprise qui vient totalement prendre au dépourvu le spectateur non averti qui d'un coup après une première partie qui prend son temps dans le développement poétique de cette relation amoureuse va se retrouver plongé dans un univers complètement barré. S'ensuit un récit cadavérique morbide qui prend plaisir à faire souffrir les victimes à travers une méchanceté manifeste autour d'une cruauté systématique à laquelle s'offrent plusieurs niveaux de lecture entre le véganisme, le bien paraître, les faux-semblants, ainsi que les sites de rencontres en ligne.


Sebastian Stan se révèle impressionnant dans ce rôle psychologiquement dérangeant, déroutant et provocant. Le comédien se glisse sous la peau de Steve, un personnage déconcertant doté de deux visages : celui du parfait petit gendre médecin embourgeoisé bien sous tous rapports, et celui d'un psychopathe tordu. Un chef restaurateur qui cuisine pour une clientèle particulière les femmes qu'il capture. Un véritable gourmet au palais fin pour qui la viande de femme offre un large éventail de morceaux, de forme, de texture et de goût différents qui lui permettent de varier les plaisirs. Seulement, pour obtenir un apport aussi goûteux et subtil dans la bouche, il faut de la viande fraîche. C'est pourquoi, le chef Steve maintient vivantes durant plusieurs semaines ses proies qu'il découpe au fur et à mesure, prélevant le morceau qui l'intéresse. Une partie machiavélique où il n'endort que partiellement les femmes pour qu'elles puissent assister au terrible spectacle. Lorsqu'on peut joindre l'utile à l'agréable pourquoi s'en priver, n'est-ce pas ? Une attitude démoniaque immorale qui n'a d'égale que la perfidie de ce personnage au sourire diabolique qui prend un malin plaisir à torturer de manière ''délicate'' et ''soignée'' les gentes demoiselles. Après tout, une viande de caractère, tendre et savoureuse ça se respecte. Sebastian Stan remplit son rôle à la perfection, viscéralement habité par son personnage suave, charmeur, distingué et tiré à quatre épingles empreint de folie offrant de nombreux moments cultes aussi subtiles que glaçants.


Nombreuses sont les scènes qui marquent les esprits, imbibées d'une ambiance détraquée, glauque et malsaine. Les séquences de cuisine mettent mal à l'aise à travers une gastronomie élaborée détaillée où l'on voit la découpe de la viande via une caméra qui ne se détourne pas, malgré une certaine réserve bienvenue qui empêche de pleinement basculer le film dans un porno de violence. Une tambouille qui prend alors là forme d'une véritable démonstration culinaire digne de Top Chef, dans laquelle on nous détaille les saveurs explorées à chaque bouchée histoire d'être encore plus vicieux. Un spectacle à part entière qui de par son contexte si particulier sera à l'origine de nombreux dialogues décalés ! Une violence qui malgré son concept tyrannique, persécuteur et immoral n'est jamais sale à l'écran. La réalisation offre une esthétique superbe. Une expérience sensorielle étonnante qui dresse ce cauchemar comme un tableau de renom. Une approche qui soigne les détails par le biais d'un décor sublimé qui fait subtilement écho à son propriétaire désaxé, en tant que demeure du mal soigneusement agencée sans la moindre fioriture véhiculant la froideur d'un lieu sans émotion. Un travail visuel dressant une belle composition de plans avec une attention portée sur l’éclairage, les palettes de couleurs, les costumes, jusqu'à la conception sonore avec des bruits de mastication, de claquement de dents, ou encore de salive. Une expérience cinématographique qui ne laisse rien au hasard en témoigne l'excellente composition musicale d'Alex Somers à laquelle s'ajoutent des chansons top comme lors du générique de début du film avec Complete Failure de Blood Orange, Leopard’s Tongue de Karen O & Danger Mouseou, Obsession d'Animotion et bien d'autres encore. À noter une particularité pour You’re Not Good Enough (toujours de Blood Orange) ainsi que Le Jardin de La Femme, qui seront à l'origine de deux danses atmosphérique et symbolique.


Un périple hors proportions dans lequel la comédienne Daisy Edgar-Jones va vivre un véritable enfer en tant que Noa. Une femme lambda qui pour survivre va devoir pactiser avec le diable. Ce n'est pas le loup qui se déguise en agneau, mais l'agneau qui se déguise en loup. Une attitude qui enrichit un scénario très bien ficelé qui ne souffre d'aucun problème de rythme, d'illogisme ou d'incohérence, pour un maximum de surprise. On est pris de stress car vu la texture nihiliste, anarchiste et séditieux de l'œuvre l'héroïne pourrait bien ne pas s'en sortir. Une macabre course contre la montre s'engage puisque Noa va devoir trouver le moyen de s'échapper avant que celle-ci ne se retrouve trop amputée de membres pour pouvoir se déplacer. Un enjeu pervers pathologique qui va animer une histoire à laquelle on ne peut se soustraire. Une expédition culinaire que la comédienne porte avec une crédibilité débordante. Ne tombant pas dans le cliché facile de la victime pour un résultat authentique. Le reste de la distribution bien que secondaire fait le taf avec avec Jonica T. Gibbs dans le rôle de Millie, Charlotte Le Bon pour Ann, Dayo Okeniyi pour Paul, Andreas Bang pour Penny et Brett Dier pour Chad.



CONCLUSION :



Fresh réalisé par Mimi Cave est un délice culinaire effroyable qui vient intelligemment anéantir les prémisses d'une comédie romantique via un thriller cauchemardesque empreint de cannibalisme. Une expérience malsaine saisissante à l'origine d'une réalisation soignée qui ne laisse rien au hasard, où les scènes de folies meurtrières s'enchaînent à mesure que Sebastian Stan s'illustre via une performance hallucinante et glaçante, face à une Daisy Edgar-Jones efficace qui n'use pas de beaucoup de chance.


Une plongée dérangeante, fascinante et révoltante dans les méandres de la gastronomie selon Steve, à laquelle je souscris avec appétit. Miam miam...




  • Pâté.

  • De foie.

  • Avec de l'ail et du romarin.

  • On sent bien l'ail. C'est évident.

  • La prochaine fois, tu pourras le faire toi-même. Tu le feras à ton goût.

  • Et qui c'est ?

  • Ça ? Ça, c'est Mélissa.

  • Mélissa. En fait, c'est sans intérêt. Pas vrai ? Elle a... Elle a un goût tellement décadent, alors qu'elle s'appelle Mélissa. Hé ! Hé ! Hé !

  • Et bien...

  • Je croyais qu'elle aurait plutôt un nom du genre : Joy.


B_Jérémy
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2022 et Classement du meilleur au pire des films d'horreur dont j'ai fait une critique

Créée

le 27 juil. 2022

Critique lue 803 fois

31 j'aime

10 commentaires

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