Magaloche, c'est moi !
Quentin Dupieux s'est peut-être dit cette phrase. En tout cas, je le soupçonne d'être aussi misanthrope que le personnage principal de cet Accident de piano. J'ose espérer qu'il n'est pas aussi sociopathe (je ne le pense pas, vu l'humanité qui se dégage de certaines de ses œuvres !).
Ah oui, j'aimerais avoir la capacité d'obliger le réalisateur à reprendre, à chaque fois, dans ses films, Adèle Exarchopoulos. C'est une actrice inégale, parfois peu convaincante dans les rôles qui lui sont confiés. Il n'empêche, quand elle est chez Dupieux, franchement, elle est exceptionnelle de chez exceptionnelle. Je la kiffe comme ce n'est pas permis. D'autant plus qu'elle n'hésite pas à s'enfoncer complètement dans le ridicule (son élocution y est toujours dantesque dans ce sens !) et l'absence totale de glamour.
Sinon, à part dans Le Daim (même ambiance montagnarde hivernale sinistre, même noirceur poussée à fond la pédale, même réalisme social désabusé !), le cinéaste n'a jamais été autant nihiliste. Si, dans les deux premiers tiers, la journaliste – bien que très loin d'être sans reproche, car bien profiteuse, la nana – jouée par Sandrine Kiberlain, apporte une certaine douceur et essaye d'insuffler une dose de raison à ce petit monde de sombre absurdité, dans le dernier tiers, il n'y a plus aucune limite.
L'absurdité – justement – est incarnée principalement dans le portrait d'une influenceuse constamment infecte, dénuée de la plus riquiqui once de moralité, néanmoins fascinante (le talent et le charisme d'Adèle y participent énormément !), dont la célébrité et la richesse se basent sur absolument rien de consistant (elle profite juste du fait qu'elle soit atteinte d'une neuropathie sensitive pour faire le buzz et se faire des tonnes de pognon dans des défis de plus en plus dangereux !), mais qui provoque un fanatisme extrême chez énormément de personnes aux capacités intellectuelles aussi inexistantes (on peut le voir avec l'azimuté interprété par Karim Leklou !) que l'empathie chez la jeune femme (il n'y a pas que son corps à être insensible chez elle !). C'est la vacuité qui est l'intolérable vainqueur dans notre société hyperconnectée (même notre antihéroïne sans peur et sans douleur est incapable de savoir pourquoi elle continue à filmer et à poster ce type de vidéos aussi débiles que toxiques !).
Pour en revenir à l'interrogation exposée au début de ma critique : oui, Magaloche, c'est peut-être lui. Reste que je ne trouve pas que ses créations soient vides. Au contraire. Il vient une fois de plus de me le prouver. Toutefois, ce n'est que mon opinion de petit fanatique de son cinéma.