LaRoy
6.6
LaRoy

Film de Shane Atkinson (2023)

Deux gars qui ne se connaissent pas, dans une voiture, au milieu de nulle part dans la nuit noire, qui se toisent du regard pour savoir lequel des deux descendra l'autre avant que le moteur refroidisse... La discussion s'engage, froide, faite de petites phrases menaçantes : "Vous pensez que je suis un psychopathe ?" / "Non, c'est pour discuter... Et puis, ça pourrait être moi, le psychopathe." Silence de mort, regard en coin. Sur notre fauteuil, on ne respire plus. Résolution de l'ouverture (sans rien vous dire) qui étonne, démarrage en trombes de la musique lourde, poussiéreuse, entraînante, résolument western : Bienvenue à Laroy. C'est le shérif Shane Atkinson qui vous accueille, poussant son veston du bout de son colt juste assez pour laisser dépasser son DVD de No Country For Old Men, inspiration pleinement assumée, dans cette histoire de mecs paumés (dont un complètement débile, mais étrangement ultra attachant : Steve Zahn crève l'écran à chaque seconde, on l'aime d'amour, ce "Dététive" abruti mais sincère) qui courent après une mallette de billets qui s'est volatilisée, avec un mercenaire qui taiseux qui traîne... Si vous pensiez, à l'ouverture, voir un copier-coller du chef-d'oeuvre des Frères Coen, sachez seulement que Shane Atkinson n'en fait rien, on sent que le Monsieur respecte assez ses modèles pour avoir l'élégance de ne pas en faire un succédané sans saveur, au contraire il fait sien les codes de l'humour noir (on se marre souvent, surtout la scène de "l'interrogatoire-toilettes", ou encore les gags dans la voiture à la concession), l’imbroglio de révélations qui changent toute la donne à l'intrigue (on a eu du mal à suivre, au premier visionnage, mais cela ne perturbe pas le plaisir : on compatit d'autant plus avec les inspecteurs qui font les yeux ronds à chaque révélation indésirable), les enjeux de chaque personnage qui sont très identifiables... Sans oublier la mise en scène plus que solide, la musique impressionnante (et surprise : les compositeurs sont français ! Cocorico !!!) qui a été réfléchie pour dénoter exprès avec les scènes (la scène est tendue ? Allez hop : déclinaison guillerette du thème principal. La scène est drôle ? Allez hop : silence pesant.). Le résultat ? Une BO plus que soignée, qui joue énormément sur l'entre-deux "thriller comique", équilibrant toujours la balance pour ne pas tomber dans la farce ou dans le western poisseux. On a adoré, inutile de le nier. Tout en Laroy sent le néo-western amoureux des Frères Coen, mais surtout de son spectateur, voulant toujours l'amuser avec des gags inattendus, le déconcerter avec une intrigue renversée à chaque révélation, le choquer avec des scènes violentes (le marteau... Aïe), le faire follement attacher à ses personnages faillibles (donc humains), le régaler avec une BO qui ne nous quitte plus... On l'avait dit, c'était notre grand favori du Festival de Deauville 2023, et il est reparti avec trois prix sur les cinq, cela vaut bien toutes les mallettes de fric du monde. Royal !

Aude_L
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Deauville 2023

Créée

le 18 sept. 2023

Critique lue 1.1K fois

11 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

11

D'autres avis sur LaRoy

LaRoy
Plume231
6

No Country for Losers!

Pour son premier long-métrage, Shane Atkinson choisit, comme principale source d'influence bien évidente, le cinéma des frères Coen et, en particulier, Fargo. Même choix du nom d'une ville comme...

le 20 avr. 2024

16 j'aime

3

LaRoy
Electron
7

Sa reine de beauté

Si le film montre une belle galerie de personnages, le titre est judicieux puisqu’en montrant ses habitants s’agiter, le réalisateur Shane Atkinson réalise un portrait saisissant de LaRoy, patelin...

le 21 avr. 2024

13 j'aime

26

LaRoy
Aude_L
9

Royal !

Deux gars qui ne se connaissent pas, dans une voiture, au milieu de nulle part dans la nuit noire, qui se toisent du regard pour savoir lequel des deux descendra l'autre avant que le moteur...

le 18 sept. 2023

11 j'aime

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

41 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

40 j'aime