Alors que toute la famille fait la sieste, un jeune homme, fiancé à une des filles, s'éprend de l'autre jeune femme, et abuse d'elle, ce qui fait qu'elle tombe enceinte. Quand le père apprend cela, il est à deux doigts de répudier la fille dite fautive, mais surtout, il veut pousser l'homme devant ses responsabilités en annulant les fiançailles avec la première fille et en le poussant à se marier avec l'autre fille avec qui il a fauté. Devant son refus, ce père va vouloir le supprimer.


Il faut se rappeler qu'à l'époque, le mot divorce n'existait pas en Italie (jusqu'en 1970), mais que l'histoire se déroulant en Sicile, l'honneur compte plus que tout. Y compris pour ce père de famille, remarquablement joué par Saro Urzi, aux faux airs de Raimu, qui va vouloir non pas le bonheur de sa fille, mais chercher à la caser, même enceinte, au nom de l'horreur. Car au fond, cette jeune femme qu'incarne Stefania Sandrelli n'est rien dans l'histoire, le film repose surtout sur ce père qui va se démener pour éviter d'entacher toute réputation. Jusqu'à des scènes parfois tragicomiques où il va faire appel à la mafia pour tuer ce gêneur.

Séduite et abandonnée pourrait être de l'horreur, à ceci près que des histoires comme ça se sont surement déroulées en Italie à cette époque, où le patriarcat était puissant, où la femme est quasiment considérée comme une monnaie d'échange, peu importe l'amour, c'est à peine si elle a son mot à dire. Par exemple, le sort terrible de la fiancée, qui est réduite à sa plus simple expression.


Pietro Germi filme tout ça avec âpreté, où la foule vindicative est montrée comme une force d'opposition, et où compte l'honneur, la réputation, l'illusion d'être quelqu'un devant les autres, la peur du qu'en dira-t-on, au mépris de ce que veut l'enfant bafouée, jusqu'à une scène finale qui est d'une tristesse incroyable. Le film a vraiment quelque chose de terrifiant, mais en faisant passer quelques moments un peu plus légers dans cette noirceur, Germi réussit quelque chose de grand. D'implacable même et d'une grande violence envers ses pairs.

Boubakar
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le 19 nov. 2023

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