Steve McQueen et Michael Fassbender reconduisent ici leur association de Hunger pour une étude clinique de l’addiction sexuelle. Représenter les mécanismes du désir par les seules ressources de l’image tient d’une véritable gageure, que le cinéaste relève avec d’autant plus de brio qu’il s’agit ici de pulsions mécaniques et déshumanisées, réduites à un état strictement fonctionnel. Son utilisation systématique du plan long vient ainsi traquer les fêlures existentielles et émotionnelles de son personnage principal sous un vernis érotique pailleté bien vite craquelé, s’aventurant bien au-delà des jeux de séduction standardisés des comédies romantiques contemporaines. L’interprétation joue évidemment un rôle majeur dans cette auscultation glaciale mais jamais dénuée d’empathie de ce sentiment cruel de solitude, Fassbender et Michelle Williams y livrant probablement les performances les plus subtiles et difficiles de leur riche carrière. Un classique moderne.
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Créée
le 9 mai 2024
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