Cette critique a été rédigée après ~35h de jeu, puis complétée à la fin du jeu après 93h.
Avant toute chose, il convient de rappeler que Persona 3 Reload est avant tout un remake, et son existence a de quoi réjouir. Jouer à Persona 3 en 2023, c'était un peu la croix et la bannière : trois versions ont été faites, mais leurs contenus respectifs n'étaient pas les mêmes. La seule qui parvenait un peu à se démarquer était la version Portable, parue sur consoles modernes mais initialement conçue pour la PSP, avec donc un gameplay très bridé. Si cette nouvelle version dite Reload ne réunit hélas pas chacune des améliorations des éditions précédentes, elle parvient à tirer son épingle du jeu avec une caméra entièrement revue, des contrôles et graphismes modernisés, quelques ajouts de type "Quality Of Life" ou encore un aboutissement de la direction artistique... Autant dire que je ne me serais pas vu découvrir le jeu avec les versions FES ou Portable, bien qu'elles valent encore le coup d'œil grâce à leurs contenus exclusifs respectifs.
Parlons maintenant du jeu en lui-même. Il faut dire que ça fait plaisir de retrouver la formule Persona, faite de scénario long et dense, de progression sous forme de calendrier ou encore de concept de mondes parallèles (l'un est une version contemporaine du Japon ; l'autre, nommé dans cet opus Tartarus, un donjon où l'on affronte des créatures appelées "ombres"). Je suis complètement fan de la façon qu'a la série d'infuser des élément RPG dans un monde moderne et urbain, et de le lier à un monde alternatif par le scénario et le gameplay. C'est tellement intelligent et plaisant à jouer que les heures passent vite, et on a continuellement envie de rejouer.
Cependant, il faut avouer que ce Persona 3 reste bancal sur bien des bien des aspects, à commencer par son game design assez mal pensé par moments. Je pense notamment à la mécanique du frigo et au système de stats qui sont complètement sous-exploités... mais surtout au déséquilibre dans la répartition des activités : la plupart se déroulent de jour, tandis qu'il n'y a presque rien à faire le soir, surtout en fin de partie...
La narration non plus n'est pas exempte de défauts. Trop d'éléments sont introduits à la va-vite, que ce soit les personnages secondaires, le concept de Tartarus et de l'Heure Sombre, les affrontements de boss ou encore le système de phase lunaire. Je reprocherais également des dialogues à l'écriture certes efficace mais parfois lourde, quelques passages cousus de fil blanc et surtout, des scènes d'exposition assez ennuyeuses.
Si ces défauts nous rappellent que la saga en est encore à ses débuts, Persona 3 est loin d'être un opus mineur - au contraire, l'expérience vaut encore largement le détour. Au-delà de ces intrigues bancales se cache un récit fascinant et riche en émotions, évoquant avec mélancolie les thèmes du désir de vivre et du deuil qui touchent tous nos personnages. L'évolution de ces derniers va de paire avec celle du joueur, qui sera soumis aux mêmes dilemmes moraux. La magnifique fin achèvera en toute ambiguïté de questionner le joueur, tout en lui offrant une forme de catharsis. Vient alors l'intime sensation d'avoir vécu un grand voyage, dont on chérira les souvenirs.
Ma note : 7.5/10