Une traque en forêt qui trouve sa source dans l’histoire, les rêves et les légendes. Magique.

Le quatrième roman de Jérôme Lafargue, publié début mars 2015 par Quidam éditeur, évoque l’histoire singulière d’une famille, l’histoire d’une lignée d’hommes solitaires qui trouve ses racines dans un drame survenu le 20 octobre 1854, évoquée cent soixante ans plus tard lors d’une traque en forêt.


Après le brutal décès de son père, le petit Aupwean, graine de surfer légendaire âgé de seulement dix ans, s’est enfui de chez lui et le passé de sa famille a resurgi par la porte de la mémoire, des récits et des rêves.


«Plusieurs rêves ainsi qu’un acte de désobéissance et de renoncement d’un garçonnet de dix ans, mon neveu Aupwean, commis la semaine passée, nous ont conduit ici, dans cet univers immense et flamboyant, aux trousses du fugitif le plus recherché depuis des lustres. Mais les raisons qui justifient ce que nous faisons sont bien plus ancestrales, elles puisent dans un temps qui se dérobe à nous.»


Le roman raconte une traque mystérieuse dans la forêt landaise, menée par l’oncle d’Aupwean, surfeur et solitaire comme tous les hommes de sa lignée, et par son vieil ami La Serpe, un franco-colombien à l’allure d’un indien taiseux et infatigable, qui veulent à tout prix atteindre le fugitif avant la police et les autres poursuivants, assoiffés de revanche et de sang.


«Nous savons pourtant au fond de nous que nous ne dormirons pas, nous marcherons et courrons jusqu’à être sur ses talons, jusqu’à sentir sa peur. Je n’éprouve nul plaisir à cette traque. Le temps presse, il nous faut arriver avant les gendarmes, faire ce que nous avons à faire et disparaître.»


Au cœur de la nature, non loin du littoral sauvage et fragile, dans cet univers inquiétant de la forêt, les origines énigmatiques d’une famille remontant jusqu’à cet ancêtre, né sur la côte marocaine en octobre 1854, et dont l’histoire est liée à celle d’Arthur Rimbaud et d’Alphonse Allais, et notamment au voyage de Rimbaud à Java, l’attachement à ce territoire, et les haines locales recuites depuis des décennies se dévoilent peu à peu, dans un récit dont les ramifications se déploient comme les branches d’un arbre au feuillage trop fourni – peut-être ce liquidambar fétiche que l’on a déjà croisé dans «L’ami Butler» ou «Dans les ombres sylvestres».


«Quelque chose nous rattache à ce lieu, quelque chose de plus grand que les mesquineries de ces petites gens, quelque chose de plus grand que nous. Et j’ai le sentiment que, là, sur les talons du fugitif, nous en apprendrons bientôt beaucoup plus.»


L’auteur brouille les pistes avec l’habileté d’un illusionniste, rendant troubles les frontières entre visions, fiction et expérience vécue, entre fable merveilleuse et poids de l’héritage de combats sanglants, à la lisière d’un monde fantastique. Beaucoup de pistes resteront ouvertes en refermant ce livre, appelant une ou même plusieurs suites…


«J’ai toujours pensé que ce monde-ci est trop petit, ou plutôt que ce que l’on nous donne pour réalité ne constitue qu’une infime partie de l’infinité du monde. Nos rêves, la force et l’inventivité de notre imaginaire le déploient déjà dans des directions inattendues mais il y a davantage.»


Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/10/06/note-de-lecture-en-territoire-auriaba-jerome-lafargue/


Pour acheter ce livre à la librairie Charybde, sur place ou par correspondance, c'est par là :
http://www.charybde.fr/jerome-lafargue/en-territoire-auriaba

MarianneL
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le 5 févr. 2015

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