Très clairement, l'équipe de scénaristes de cette série télé, sans doute dépassée par le succès critique de l'entreprise, n'a plus bien su quelle direction prendre. Le savoir-faire est là, indéniable, les moments de bravoure, reconnaissables entre tous, sont au rendez-vous, mais le problème se situe dans les arcs de narration. Pourquoi passer la moitié de cette sixième saison sur les lamentations intimes du héros, suite à la disparition d'Albertine ? (je poile pas, c'est le titre de la saison). Les derniers épisodes, naviguant entre Venise et un retour abrupt dans la vie mondaine parisienne, n'éclairent pas plus le sens général donné à l'histoire.


De même, certains défauts caractéristiques de la série commencent à irriter. Le choix de donner des prénoms masculins à peine déguisés ses héroïnes -Albert(ine), Gilbert(e), André(e)-, pour détourner la censure de certain pays, chatouilleux sur thème de l'homosexualité et dans lesquels la chaine veut que le feuilleton soit diffusé, ne fait plus illusion.
Certains personnages effectuent un retour pour le moins étrange, si ce n'est pour camoufler les béances scénaristiques évoquées plus haut (la mère, Gilberte).
On espère en tout cas que la dernière saison saura rattraper tout ceci avec le talent que l'ont connait aux scénaristes.


.
.
Bon.
Blague à part, chaque nouveau volume de cette recherche nous apporte une nouvelle facette du génie de Marcel.
Car les écueils sont presque innombrables. En plus de ceux abordés sous forme de clins d'yeux respectueux juste au dessus, on peut lister: des ajouts et retraits qui ont fait s'arracher les cheveux de tous ses éditeurs successifs, un pavé de 400 pages sans autre séparation qu'une mise à la ligne une fois toutes les 20 feuillets, des approximations concernant les personnages et les lieux (compréhensibles compte-tenu de la taille et la longueur du projet), des passages du coq à l'âne, des digressions curieuses, des redites, et même - parfois- des phrases alambiquées à la construction un peu curieuses. Si si.


Oui mais voilà. On tourne chaque page avec la même avidité et la même gourmandise parce que, malgré tout ce qui a été dit, on y trouve ce qui est impensable ailleurs. Des réflexions fulgurantes de justesse, de précision et de délicatesse, un humour et une crudité parfaitement enrobées dans des formules qui laisseront le lecteur distrait passer parfaitement à côté du sujet, des pages entières qui nous font mieux découvrir comment, de manière intime mais surtout confuse, nous vivons certains évènements.
A ce titre, les pages consacrées à la première publication d'un article du héros dans les pages du Figaro sont particulièrement jouissives.


Bref, du génie en page. La routine.
A l'année prochaine pour le chapitre final.


(Les saisons précédentes de la série peuvent être trouvées par , , , et ).

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le 15 août 2016

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guyness

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