Under the Dome
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Under the Dome

Série CBS (2013)

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Peu de chose me foutent en rogne autant que les séries qui se sabordent non pas à cause d'un vide scénaristique (Under The Dome, dans le genre "série à postulat arbitraire" se défend plutôt bien niveau contenu), ni à cause d'acteurs mauvais (là encore, plusieurs personnages sont assuré par une interprétation proche de l'exemplaire), mais à cause de la malhonnêteté de l'équipe créatrice qui n'hésite pas à nous prendre pour des gnous shootés au poppers, et ce sur plusieurs plans!

Bon, parmi les défauts "mineurs", qui peuvent très bien ne pas en être aux yeux de certains, il y a le syndrôme King quant à la création des personnages : l'auteur est toujours parfaitement incapable (ou non désireux) d'empathie vis à vis de ses personnages (à part quelques très rares exceptions disséminées dans son oeuvre, généralement des gosses), on se retrouve donc avec une galeries de gaillards qui au mieux nous indiffèrent ou ne sont connards qu'à mi-temps (à deux trois exceptions près ici, ce qui est peu à l'échelle d'une petite ville, quand même), mais plus généralement un festival de générateurs à ulcères tant ils sont viscéralement antipathiques! Si ne pas donner dans le manichéisme est généralement une bonne chose, King, à force de refuser de donner dans le "gentils" vs "méchants" aboutit la plupart du temps à du "connards" vs "salopards".
Mais bon, j'avoue, c'est une question d'attentes, de goûts, et ça peut très bien ne pas être un problème, voire une qualité pour d'autres.

Passons maintenant aux vrais problèmes, ceux qui me foutent la rage, qui me donnent l'impression (légitime) d'être pris pour un con. Il y en a plusieurs, mais finalement, deux emportent de loin la palme.

1. Le syndrôme Cliffhanger : Il y a en gros deux grosses catégories de final de saison : ceux qui cloturent un arc narratif de façon satisfaisante, tout en laissant des pistes en suspens pour que les spectateurs qui ont aimé la saison reviennent prendre une seconde part, et ceux qui laissent sur un cliffhanger frustrant sans même un os à ronger pour le spectateur, le laissant carrément sur sa faim et sans autre choix que de revenir, non pas par choix ou par intérêt, pour prolonger l'intrigue, mais simplement pour avoir droit à la fin de la première saison qu'il méritait à la base et que les producteurs ont décidé de repousser en début de saison 2, histoire, tels des dealers à la petite semaine qui jouent avec le manque des clients, de forcer le public un tant soit peu concerné par l'histoire à revenir, de gré ou de force!!

Comme vous l'avez deviné, je ne suis pas fan des cliffhangers par privation, à plus forte raison en fin de saison. Mais là encore, on pourrait se dire que c'est une question de goûts, de choix, mais ce serait passer à coté d'une mécanique tristement omniprésente dans Under The Dome : la dilution de l'intrigue et le ralentissement artificiel, histoire de ralonger le contenu propre à une seule saison pour en faire deux... Oui monsieur, votre café est dégueulasse et fade, mais comme ça, vous en avez plus dans la tasse! Merci, merci...

Le problème ici est que je ne peux pas dénoncer à proprement parler le cliffhanger final sans überspoiler celui-ci, et bon, même si à bien des égards je rendrais ce faisant un service de bien public, je vais m'abstenir, histoire de ne rien gacher à personne. Je reste convaincu que ceux qui l'ont vu, détracteurs comme amateurs de la série, admettront sans trop de peine son coté malhonnête.

(SPOILER ALERT sans rentrer dans les détails, dans le dernier épisode, ce qu'on vous révèle au bout de dix minutes au regard de l'intrigue disons "judiciaire" s'avère être tout bonnement dilué à coups d'artifices foireux pour qu'on en soit au final pas plus loin à deux minutes de la fin - à un cliffhanger au sens le plus strict du terme près -, la seule nouvelle "info" débarquant... à 30 secondes du générique final! /FIN DE SPOILER ALERT, REPRENEZ VOTRE ACTIVITE)

Bref, avec des procédés aussi faciles, aussi -je me répète, je sais- malhonnêtes, une série n'a aucun mal à accrocher un spectateur, pour peu que celui-ci ait mis un pied dans la série au premier épisode et ait été séduit par le postulat de départ. Comme dit en réponse à un défenseur de la série, la série accroche, c'est un fait, et ce n'est pas à son honneur, car elle a recours aux facilités les plus crasses pour s'assurer le retour du spectateur.

2. Le syndrome schizo : Et pour finir, last but not least, voici ce que j'ai trouvé de plus infaillible comme détecteur de séries merdiques/malhonnêtes (don't hesitate to try it at home, it's free, it's easy!!). Il suffit de porter son attention sur l'évolution des personnages à travers plusieurs épisodes de la série.
Si leur personnalité est modifiée grossièrement au gré de l'intrigue pour justifier des scènes cousues de fil blanc, c'est un indicateur assez net de médiocrité ET de malhonnêteté.
Or, dans Under The Dome, entre la fliquette qui jongle entre son statut d'oie blanche et un coté Dirty Harry qui sort littéralement de nulle part, (SPOILER) Barbie qui passe du statut de sauveur avec un passé sombre à celui de personne à abattre sans que PERSONNE n'ait l'idée de remettre en question les affirmations de Big Jim malgré ses casseroles aux fesses et sa réputation avérée de politicien verreux (/SPOILER), parmi une quantité impressionnante de cas de revirements justifiés par rien ("oui mais tu comprends rien, toi, c'est le dôme qui rend les gens fous, c'est tout"... Aaaaahhhh, ok, pardon, j'avais pô compris!), de cas de jonglette médiocre avec les attentes du public à la limite du Deus Ex Machina, la conclusion est sans appel.

Pourquoi une aussi longue critique, aussi pleine de fiel, alors qu'il aurait suffi que j'arrête de regarder la série ? Pourquoi une note inférieure au plus que moyen Perception, alors que la série est malgré tout de meilleure qualité ? Tout bonnement parce que ça m'énerve de voir une série à potentiel gachée et d'être pris pour une buse!
toma_uberwenig
4
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 23 et la "série-soufflé" : appétissante, mais au final pleine de vide

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le 18 sept. 2013

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toma Uberwenig

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