Blood'nd Guts !...




Désert devant, désert derrière, un album qui tient chaud !



Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, dit Moebius, après le cycle "Le Cheval de fer" propose un nouveau chapitre narratif composé de deux volumes connus sous le nom de "L'Or de la Sierra", prenant part au sein de la saga Blueberry. "La Mine de l'Allemand perdu", en tant que onzième tome de la saga mais premier tome de ce diptyque, nous propulse dans une épopée palpitante située vers l'année 1968 à Palomito, une petite ville frontalière de l'ouest balayée par le vent brûlant du désert. Là-bas, le lieutenant Mike Steve Blueberry, accompagné de son fidèle ami Jim Mac Clure, est détaché de l'unité de cavalerie alors qu'il était en pleine construction d'une voie ferrée traversant le continent de l'Atlantique au Pacifique. Un transfert opéré par le général Alister, pour assurer le remplacement provisoire du Marshall de la ville, exécuté par la violente population qui prospecte dans les environs. Une mission synonyme de représailles pour Alister, qui se venge de Blueberry après les évènements survenus dans le dixième tome : "Le Général « Tête Jaune »". Une continuité bienvenue qui tient en compte les évènements passés.
« La peste étouffe cette crapule de "Tête Jaune". Il a la haine tenace et le bras long !... C'est à lui que je dois de moisir dans ce trou à rat, avec tout juste un vieux coyote malodorant en guise de partenaire !... »
Une vie routinière difficile pour le duo, condamné à une nonchalance ennuyeuse dans un véritable trou paumé pétri de bouseux. Une amertume qui se manifeste dès la première page et qui vient à se briser lorsqu'un homme atypique fait irruption, "Prosit Luckner". Un colporteur allemand qui va venir enflammer le récit pour mieux accentuer la tension. À ce moment, l'histoire se transforme en gigantesque chasse à l'homme pour une chasse au trésor mouvementé. Du grand Jean-Michel Charlier à l'écriture.


Une intrigue époumonée qui s'imprègne de la légende la plus connue du folklore américain avec la mine d'or du Hollandais perdu, située dans les monts de la Superstition à proximité d'Apache Junction, une ville située dans les comtés de Pinal et Maricopa en Arizona. Une prétendue mine d'or qui tire son nom de l'immigrant allemand Jacob Waltz, considéré par beaucoup comme un menteur pathologique à l'image de ce cher Prosit Luckner. Un album qui tire également son inspiration de diverses œuvres cinématographiques comme "L'Or de MacKenna" de J. Lee Thompson, sorti en 1969, ou encore "Le Démon de l'or" réalisé par S. Sylvan Simon, sorti en 1949. Une tension narrative qui met l'accent sur la folie de l'or en établissant le basculement psychologique des hommes. Un machiavélisme contaminant qui ronge l'âme des plus sensibles pour la corrompre. Heureusement, Blueberry s'avère insensible à la fièvre jaune. Dès lors, il devient l'homme de la situation. Seulement, devant la roublardise de ses adversaires notre cowboy préféré va avoir bien du mal. En effet, plus d'une fois les rôles s'inversent. Le chasseur devient la proie et vice-versa. Une conjoncture garantissant un maximum de surprise.



L... Le soleil !... B... Boire !... J... Je n'en peux plus...



La Mine de l'Allemand perdu est bondée de péripéties imprévues, de traquenards néfastes et de moments alarmants qui modifient sensiblement les situations pour garantir un périple tumultueux passionnant à suivre. Un album puissant et inventif qui nous régale des nombreux rebondissements qui s'opèrent sur un rythme qui ne cesse de s'accélérer. Le lecteur s'exalte à mesure qu'il tourne les pages. Un jeu du chat et de la souris qui va nous conduire sur une poursuite haletante articulée autour d'une atmosphère suffocante qui plane sur toute l'histoire. Le passage du tunnel de l'ancienne mine de Geraes est autant accablant que saisissant. La course-poursuite entre le duo Mac Clure-Luckner et les apaches est excitante. Le duel final "Blueberry contre Crazy Cole et Wally Blount" est engageant. Jean Giraud, dit "Moebius", insuffle aux rebondissements une texture viscérale à travers des dessins convaincants. Des vignettes saisissantes qui parviennent à traduire une atmosphère asphyxiante avec un soleil dominant qui écrase les personnages perdus dans un un vaste amoncellement rocheux où la poussière et la solitude domine. Un espace désertique oppressant se posant comme un environnement idéal pour la pièce irrespirable qui se joue. Un fatalisme environnemental savamment orchestré.


Le lieutenant Mike Steve Blueberry, sous les traits de Jean-Paul Belmondo version cowboy, se retrouve une fois de plus confronté au pire. Si dans "Le Général « Tête Jaune »" c'est sa foi inébranlable qui est mise à rude épreuve, ici c'est son physique qui en prend un sacré coup. Une longue traversée sous un soleil de plomb qui va jusqu'à écraser le lecteur, notamment durant les déboires de Jim Mac Clure, qui après sa confrontation contre Prosit Luckner, se retrouve dans une cuisante situation. Jim Mac Clure qui trouve un rôle consistant pour nous offrir bon nombre de péripéties aussi savoureuses qu'endiablées. Baron Werner Amadeus Von Luckner digne descendants de l'une des plus illustre famille de la maison de Prusse. Ex-élève officier aux cadets de la garde Impériale, docteur en médecine et en théologie, présentement ingénieur géologue... « Himmelkreutzakrament »... enfin, c'est ce qu'il dit ! Luckner se dresse comme un adversaire savoureux de par la richesse aussi bien sur le fond que la forme qui le compose. Un adversaire redoutable, rusé et impitoyable capable de rivaliser sur le plan stratégique avec Blueberry. J'ai pu lire une anecdote amusante autour du visage de Luckner, qui avec ses rouflaquettes blanches, est inspiré de Lee Marvin dans la comédie musicale "La Kermesse de l'Ouest" de Joshua Logan, sorti en 1969. Se greffent les shérifs, chasseurs de primes et assassins Crazy Cole et Wally Blount. Ils se présentent comme une menace physique à la hauteur de Blueberry qui a fort à faire. Enfin, on note le retour d'un personnage féminin que j'aime beaucoup, Guffie Palmer, vu pour la première fois dans le tome 7 "Le Cheval de fer". Une petite apparition qui fait plaisir. À noter, qu'elle va remettre sur le devant de la scène le nom de Jethro Steelfingers.



CONCLUSION :



BLUEBERRY : La Mine de l'Allemand perdu, du duo exaltant Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, dit Moebius, est un onzième volume asphyxiant qui nous projette au cœur d'une course-poursuite haletante où on se régale des nombreuses péripéties articulées autour de la fièvre jaune, celle qui corrompt les hommes, tout droit tiré de la légendaire histoire de la mine d'or du Hollandais perdu. Un grand moment de bande-dessinée adressé aux afficionados des bulles sur vignettes.


Un album qui donne envie de poursuivre aussitôt cette aventure qui brûle à vif le lecteur.




  • Merci, Guffie !... Tu es un amour !...

  • Bas les pattes, espèce de Casanova pour bouseux !... Et va au diable avant que je change d'idée !...


B_Jérémy
9
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le 31 janv. 2023

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