Ne pas se laisser refroidir par la forme du premier épisode ; derrière une réalisation proche du documentaire dont la maitrise semble relever de l'amateurisme, se dessine une intrigue au suspens implacable basé sur un fait divers ayant agité l'Espagne au début des années 2010. L'Affaire Asunta retrace donc l'enquête sur le meurtre d'une jeune fille de 12 ans ayant conduit à la mise en examen des parents adoptifs de cette dernière.
Divisée en 6 épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun, cette mini-série réussit à tenir en haleine le spectateur par la participation active qu'elle lui réclame. Cela passe par une narration qui est menée à charge et à décharge, nous poussant sans cesse à composer avec notre intime conviction et le doute raisonnable que les avancées de l'enquête révèlent. Ainsi, à chaque nouvel épisode, les maigres fondations sur lesquelles notre conviction pouvait reposer à l'issue du précédent, s'effondre. On redouble alors d'attention, se focalisant sur le moindre détail : un geste, un regard, un mot ou une tournure de phrase suspecte. La réalisation, assurée pour l'essentiel par Carlos Sedes, devient elle-même plus intéressante au fil des épisodes, avec des choix de cadrage qui interpelle. Une ambiguïté également entretenue par les deux acteurs principaux, particulièrement Candela Pena, qui porte toute la détresse et la prétendue culpabilité de son personnage sur son visage et dans son regard.
L'autre force de cette mini-série tient aussi dans ce qu'elle montre de l'intimité des policiers et du juge ayant diligenté les investigations. Ce supplément d'humanité que la narration leur octroie réintroduit également un peu de cette fameuse ambiguïté humaine qui apparait finalement comme le leitmotiv de la mini-série.
Si l'issue judiciaire de cette affaire est connue, il subsiste néanmoins de nombreuses interrogations et zones d'ombre concernant les circonstances du drame. Et L'Affaire Asunta de nous quitter sur une photo de famille, tendre et troublante, et sur ce sentiment d'un bien triste gâchis.