Perplexité et embarras à la lecture de Littoral, venue après celle de Requin et après tout ce qui s'écoute de Belin que je suis depuis sa participation décisive au groupe Les enfants des autres. J'ai ainsi éprouvé pendant plus de 10 ans une admiration très vive pour Belin qui m'a longtemps paru être l'oiseau rare réunissant en un équilibre rare les talents de musicien, d'auteur et de trogne, de charisme. Une présence en scène marquée autant par le goût de langue que le jeu avec les mots. Son activité musicale m'a semblé se stéréotyper un tantinet au moment - coïncidence ? - où Belin devenait un auteur. L'apparence elle aussi s'est figée, dans une ressemblance assez déroutante avec Eric Reinhardt qu'il affectionne. Si le 1er ouvrage témoignait avec autant d'humour que, pourquoi pas, de profondeur du rapport au monde de l'auteur, en biais, en crabe, et en gommait la légèreté de la trame; le second a toute les apparences de la commande. L'auteur ayant accédé à un certain succès d'estime a désormais la possibilité de publier. Ce qui fut fait. Mais il manque à ce livre l'élan et la jubilation palpable du premier. Ne demeure qu'une ossature esthétique qui paraît un peu maniérée. Dénué de souffle, le texte qui d'ailleurs à la taille d'une nouvelle, a rapidement trouvé sa fin à défaut de toucher au but ou ne serait ce que dessiner un horizon. Il reste quelques trouvailles ça et là, Belin si brillant n'est pas devenu plate limande. Mais par trop extérieur à son récit, Belin m'a condamné à rester observateur de cette lecture. Elle confirme hélas l'idée que je me fais de la pente qu'emprunte Belin : systématique plutôt que jaillissant, poseur plutôt que gracieux, du sérail plutôt qu'enfant des autres.
Puisse l'avenir me donner tort !

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