Je profite de l'événement de l'adaptation animée d'Orange pour faire une critique sur ce j'appellerai tout bonnement un vrai coup de cœur. Je ne traiterai ici que de la version papier pour deux raisons : La première c'est que j'ai eu la chance de découvrir Orange à ses débuts et de pouvoir savourer la version papiers qui est pour moi un pur chef-d'œuvre. J'ai tendance à préférer les animes pour une tonne de raisons que je ne développerai pas ici (parce que concrètement on s'en fou) mais pour moi, et c'est là que vient s'inscrire la deuxième raison : Orange fait partie de ses œuvres qu'il faut absolument lire avant d'apprécier ou non son adaptation.

Les éditions Akata nous font l'immense plaisir de nous présenter une œuvre signée par la grande Ichigo Takano, proposant une histoire qui transgresse les us et aprioris qui pendent au nez du shôjo. Car qui dit shôjo s'attend forcément à des clichés gros comme le monde, justifiés par le caractère répétitif du schéma de la plupart des œuvres qui s'inscrivent dans ce genre. Alors avis à tous ceux qui auraient tendance à juger trop vite tenez-vous prêt parce que le changement c'est maintenant et on remercie Orange.

Pour ne pas bouleverser mes habitudes (chassez le naturel il revient au galop) présentons avant tout l'incipit : L'histoire se tisse au travers du personnage centrale : Naho, jeune lycéenne de 16 ans de nature discrète et timide. Cette dernière reçoit un matin une lettre d'elle-même 10 ans plus tard. Commence alors un récit qui bascule entre présent et futur. Une mission lourde à porter va lui être confiée : effacer certains regrets de la Naho de 26 ans. Pour la soutenir indirectement, elle pourra compter sur sa bande de potes mais surtout sur son meilleur ami Suwa. Mais quels sont donc les remords qui rongent notre Naho de 26 ans ? Le matin où elle recevra la lettre signera aussi l'arrivée de Kakeru, un nouveau camarade de classe venu de Tokyo, stéréotype du mec cool et populaire mais qui contrairement aux apparences cache un côté renfermé presque taciturne. Il ne faudra pourtant pas longtemps à notre bande pour l'intégrer dans le groupe. Cependant on découvre rapidement que dans 10 ans ce dernier ne sera plus là, des suites d'un accident qui aurait pu, selon elle, être évité. Sans grande surprise notre Naho du présent dès lors tombée amoureuse de Kakeru va s'engager de toute son âme malgré doutes et incertitudes dans sa quête. On s'entichera alors de cette jeune fille certes sans grande personnalité mais pleine de détermination. Touchée par la "relation" qui prend forme petit à petit entre nos deux héroïnes, mais aussi par l'ensemble des personnages, je n'ai pu m'empêcher de dévorer chaque tome à la vitesse de la lumière.

Le premier terme qui me vient en tête pour décrire Orange serait : "contraste". Un contraste merveilleusement bien menait par une Ichigo Takano plus investie que jamais à nous faire voyager dans la grande palette des émotions. C'est brillamment écrit pour un sujet de prime abord lourd et sombre pourtant traité avec beaucoup de légèreté et de poésie. C'est un choc entre maturité et insouciance qui nous apprend beaucoup sur nous-même et sur les autres en nous poussant à réfléchir aux conséquences de nos actions, aussi insignifiantes soient-elles. L'objet centrale de cette œuvre : la question du regret, nous concerne et résonne tout au long de l'histoire si bien qu'il en devient facile de s'identifier à plus ou moins chacun des personnages tous très attachants. Joie, tristesse, amertume, rires et larmes, on se plaît à partager tous ces sentiments avec nos petits héros aussi bien ceux du présent que ceux du futur. Cette œuvre nous touche tout simplement part ses questions sous-jacentes qui peuvent paraître simples et classiques mais qui sont pourtant essentielles, à mon sens, à la construction de son soi. On se surprend à grandir avec la Naho de 16 ans en suivant son évolution, mais aussi à voir plus loin que le présent et à envisager l'avenir avec la Naho du futur. Finalement Orange, c'est ce genre de série qui nous marque. L'auteure choisie avec beaucoup de générosité et de savoirs-faire de nous laisser quelque chose sans jamais nous faire la morale. On notera d'ailleurs une dualité marquée entre le caractère à la fois sensible et puissant de cette aventure. Côté graphismes nous ne sommes pas en reste. Bien que le style puisse déplaire à certains le travail reste propre et soignée. Les traits fins des personnages s'accordent avec l'âme qui est insufflée au récit. C'est jolie et les couvertures sont de pures merveilles qui appuient encore une fois le talent de l'artiste.

Alors sans trop en dire, j'encourage le plus grand nombres à partir à la découverte de ce titre que j'achète et recommande grandement.

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