A David Lowery, on devait tout récemment le très dispensable remake de Peter et Elliott le Dragon. Les plus bienveillants pourront toujours se dire qu'il avait peut-être besoin de remplir les caisses pour pouvoir financer ce projet plus personnel qu'est A Ghost Story.

Le film nous compte l'histoire d'un jeune couple incarné par Casey Affleck (très à son avantage dans le film) et Rooney Mara. Un couple dont on ne sait pas grand chose, si ce n'est qu'il semble connaitre quelques tensions mais dont l'amour qui le lie parait sincère et profond. Un jour, un banal accident de voiture met fin à leur histoire. Le fantôme de l'homme rend alors visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu'ils partageaient. Il découvrira bientôt que dans ce nouvel état, le temps n'a plus d'emprise sur lui.

A Ghost Story est un film difficile à cerner. Ce n'est clairement pas un film effrayant, du moins dans le sens où ce n'est pas un film d'épouvante. Cependant, la représentation du fantôme par un drap blanc pose question. Elle renvoie à une image du revenant aujourd'hui totalement désuète mais encore très présente dans l'inconscient collectif. Un choix qu'on pourra discuter dans le sens où il nous "prive" du charisme de Casey Affleck et qu'il déshumanise complètement le personnage et ses émotions. Un choix qui ne doit probablement rien au hasard mais qui ne fera pas l'unanimité.

A Ghost Story, soulève évidemment la question du deuil mais interroge également sur la manière dont nous laissons notre emprunte, de notre vivant, dans un lieu ; et comment nous vivons à travers les autres une fois que nous sommes partis.

La première moitié du film est centrée sur la perte, le vide laissé par l'absence de l'autre. Elle s'avère aussi réussie que poignante. Et s'il est vrai que certains plans pourront parfois sembler un peu longuets, ils servent plutôt bien le propos. La seconde partie, axée sur la "vie" du fantôme, s'aventure sur un terrain nettement plus mystique. Il accompagne notre "poltergeist" dans cette maison qui va continuer à "vivre" au gré des locataires qui se se succèdent. Il devient spectateur d'un pan de l'histoire d'un lieu, tout en menant une quête personnelle, à la fois insignifiante et primordiale. Cette partie du film est assez déroutante et l'on se demande parfois où le réalisateur veut nous emmener, si tenté qu'il y ait vraiment un aboutissement à ce trip "spectral" plutôt déconcertant.

A Ghost Story, en dépit d'une promotion conséquente, n'est pas un film grand public. Ni film d'horreur, ni vraiment dramatique, il nous emmène dans un "entre-monde" où notre héros semble devoir errer pour l'éternité. Soulevant des questions métaphysiques liées à notre fragile condition d'être humain, le film n'évite malheureusement pas quelques égarements. Reste une œuvre qui interpelle, proposant une image au format 4:3 qui lui confère une identité forte et dont l'atmosphère envoûtante donnerait presque le vertige par moment.
Une expérience peu banale mais qui ne convainc malheureusement pas totalement...

Activité sur A Ghost Story