Ceci n'est pas une critique, juste un récapitulatif des idées contenues dans cet ouvrage qui mériteraient réflexions.

David Le Breton présente un réquisitoire contre notre société qui fustige tant le corps aujourd'hui. Il se dresse en défenseur de sa cause en sonnant l'alarme à propos de l'obsolescence de l'homme fomentée par notre héritage platonicien et la célébration de la machine.

Apparaissant comme un simple support, un vulgaire outil pour exprimer son identité, le corps n'est plus l'identité même. Il est relégué au rang de simple accessoire mis en scène par la musculation,le maquillage, les tatouages ou la chirurgie plastique. L'apparence est individualisé. Le corps devient attribut , emblème. Il est sacralisé car il représente le soi . Restreint à une enveloppe épidermique qui masque le soi intérieur,le corps est modifié par la chirurgie plastique employée pour réduire l'écart éprouvé entre soi et soi. Le transsexuel lui, cherche à jouer avec son identité tout en ambiguïté. Son corps devient modulable selon son envie. Il s'affranchit des limites de l'identité sexuelle en arborant une non-identité.

L'homme se méfie de son corps et de ses expressions. Les psychotropes (anxiolytiques,antidépresseurs ect) sont sollicités pour contrôler les émotions afin d'être efficace à la société. L'individu s’intéresse alors aux symptômes sans interroger les causes de ses émotions. Les psychotropes assurent ainsi une congruence factice à l'environnement du patient qui n'a plus confiance en ses ressources personnelles. Il s'en remet à ces substances pour ressentir ce qu'il doit ressentir.
Le sexe est considéré comme un comportement bestial. La sexualité s'aseptise progressivement., elle se platonise. On se méfie du corps de l'autre, le sexe doit être propre, hygiénique. Le corps est sale.

Le corps se mécanise sous l'action des procréations médicalement assistées. La FIVETTE correspond à la jonction des deux gamètes mâle et femelle in vitro. Néanmoins cette pratique ne prend pas compte les soubassements inconscients du désir et de l'accouplement modulant la fécondation in vivo. Les enfants naissent alors hors désir, hors corps. L'auteur ne remet pas en doute l'utilité des PMA, mais dresse plutôt un constat sur cette pratique devenue un phénomène de société de méfiance vis à vis du corps. La création du premier utérus artificiel à Tokyo l'année dernière apparaît pour l'auteur comme le fantasme de l'homme à s'approprier la grossesse, à contrôler des phénomènes biologiques. Une grossesse extracorporelle permettrait aux médecins de mieux appréhender des possibles malformations chez le fœtus, et l’opérer plus facilement et plus tôt. Néanmoins cette pratique occulterait le lien très fort qui se crée entre la mère et l'enfant pendant la grossesse . A l'instar de l'utérus artificiel, la location de l'utérus des mères porteuses amène a réfléchir aux problématiques des liens qui se crée spécifiquement entre la mère et l'enfant pendant la grossesse. Pendant la grossesse ,le diagnostic pré-natal (amniocentèse, échographie ect) contrôle la conformité du fœtus selon les normes sociétales. La mère est alors confronté au dilemme de mettre un enfant au monde et de le confronter à l’intolérance ou l'éliminer. La médecine moderne frôle alors l'eugénisme.Et le fœtus supporte-t-il ces évaluations ? Ne porte-il pas des séquelles de cette discrimination génétique dans son inconscient ?

La génétique a une place dominante dans notre société. Nos gènes sont en ce moment séquencés et brevetés pour être réduit a la propriété intellectuelle des lobbys pharmaceutiques. Ces sequences assureraient un dépistage des maladies rares dues aux gènes de prédispositions. Mais la question de l'après dépistage reste controversée. Que ferait-on après avoir dépisté un génotype prédisposé malade ? Son assurance serait plus chère ? Son emploi menacé à cause de sa possible maladie ? Pour William Shockley, prix Nobel de Physique, défenseur de l'eugénisme, la protection sociale s américaine s'oppose à la théorie darwinienne de l'évolution. La selection naturelle n'agit plus. La société protege les plus faibles et retient donc dans la population les génotypes défavorables. Le clivage socio-économique serait donc due à la génétique et donc impossible à compenser avec des aides. L’État pourrait donc se délester d'aider les plus pauvres. Le gène justifierai ainsi les discriminations sociales en s'imposant comme une nouvelle religion. Or l'environnement , la culture joue un rôle fondamental dans l'expression du génotype. Deux génotypes similaires ne s'exprimeront jamais pareillement dans un environnement différent. Dans notre société du gène, les animaux/végétaux sont désormais considérés comme obsolètes . Ils ne sont pas assez performant. La transgenèse permet donc de fabriquer des animaux sur mesure. Le vivant est instrumentalisé. La théorie de l'évolution est alors jugulée par les transgénéticiens qui modifie les génotypes hérités de la selection naturelle. Beaucoup d'OGM sont relachés dans la nature et bouleverse le biotope.

L'humain a besoin de son corps pour comprendre son environnement. Sa perception passe par ses sens. Tandis que l'ordinateur ne peut percevoir le monde. Il ne peut donc le comprendre et est limité a ses programmes.Mais n'est pas soumis a la vieillesse, la maladie ,le handicap et la mort. Le corps humain apparaît d'ailleurs désuet face a l'environnement ultramoderne. Le développement de la machine signe l’aliénation du corps .

Activité sur L'adieu au corps