J'aurais mis 8,5 si c'était possible. Avis sans spoilers majeurs.

Cyberpunk 2077 fait partie de ces jeux qui se sont améliorés avec le temps. Loin de l'état dans lequel il était lors de sa sortie, il est désormais tout à fait jouable et n'a plus grand-chose à voir avec la création douteuse qu'on nous a proposée fin 2020.

Commençons justement avec la technique. Oui, le jeu a encore des bugs, mais personnellement je n'en ai vu aucun qui ait un impact réel sur ma progression. De mémoire, je n'ai pas eu de quête bloquée à cause d'un quelconque bug (cela ne veut pas dire que ça n'est pas impossible), mais j'ai eu tout un tas de problèmes qui avaient surtout un effet sur l'immersion. Dès le début du jeu, j'ai pu constater les problèmes d'IA (je m'infiltre discrètement derrière un ennemi alors que Jackie passe en plein devant, dans son champ de vision, mais comme les ennemis sont codés pour ne détecter que le joueur, aucune réaction de l'adversaire, pas ouf), ou un bug étrange (heureusement le seul du genre) où je suis littéralement tombé à 1 FPS en plein combat. Le problème a disparu une fois le dernier ennemi tué. Je n'ai jamais compris ce qui c'était passé.

Il y a aussi des bugs de collision avec des voitures, corps et armes qui rentrent dans le sol, des PNJ qui traversent des objets, des ennemis qui vous voient à travers les murs, etc. Un bug notable aussi, après une mission du DLC : il est possible que la ville se vide de ses habitants. Plus aucune voiture, plus aucun piéton, ne restent que les ennemis tuables. Si ça vous arrive, allez dans votre appartement et regardez la BD qui s'y trouve, ça règle le problème. Et niveau crash, en 113 heures, le jeu n'a planté que trois ou quatre fois, ce qui en soit n'est pas particulièrement alarmant.

Donc oui, des bugs existent, ils sont nombreux, mais on apprend à les ignorer. Il y a les bugs caractéristiques du monde ouvert (les PNJ qui traversent des voitures qui se sont retrouvées sur le trottoir) et les bugs uniques au jeu (le trafic routier qui a tendance à faire n'importe quoi et à créer des accidents). Malheureusement, le jeu est désormais dans sa forme finale, et ça ne sera jamais un jeu sans bugs. On peut au moins se consoler en se disant qu'il est certainement beaucoup moins bugué qu'à sa sortie.

Il faut dire que le jeu est à la limite du jeu expérimental, techniquement. Avec sa myriade de technologies proposées dans les options (ray tracing, path tracing, frame generation, upscalling et plein d'autres choses), on a parfois l'impression de jouer à un jeu qui a péniblement réussi à trouver un équilibre encore un peu instable. Le path tracing par exemple n'est pas encore totalement au point. En l'activant, on voit encore beaucoup de ghosting (effet de trainée derrière les objets en mouvement), certains objets clignotent ou leurs ombres apparaissent trop tardivement (ce qui me fait penser que la distance d'affichage dans ce jeu est malheureusement très limitée pour tout un tas d'effets comme les lumières, la fumée et même les piétons). J'ai aussi beaucoup galéré à avoir un rendu fluide et plaisant à cause des options dans le jeu assez limitées qui m'ont obligé à passer par le panneau de contrôle de Nvidia à la place. Même avec ça et en modifiant directement les fichiers du jeu, j'ai gardé tout au long de ma partie une espèce de flou à chaque mouvement de caméra, probablement à cause de la génération d'images.

Mais il faut l'avouer, Cyberpunk est un jeu visuellement magnifique. De très nombreuses fois, je me suis arrêté pour simplement regarder les environnements. À de nombreux endroits, il y a ce côté photoréaliste qui améliore considérablement les décors. Je pense que c'est visuellement le jeu le plus incroyable auquel j'ai joué.

Et au-delà de sa beauté technique, la ville offre une quantité incroyable de détails. Toutes les rues ont été conçues et aménagées avec un soin du détail qui m'étonne à chaque fois que je me promène dans la ville. Je n'ose imaginer le temps que ça a dû prendre pour réaliser une ville de cette échelle avec autant d'éléments et de détails. Je trouve ça incroyable qu'on puisse avoir un jeu aussi grand et aussi détaillé. Je ne connais aucune autre ville dans un jeu vidéo qui propose ce qu'offre Night City.

Mais venons-en au plus important, l'histoire que le jeu a à raconter. J'ai trouvé que les quêtes et missions n'étaient pas aussi percutantes que dans The Witcher 3. En y réfléchissant, le fait que le jeu se déroule dans un univers si violent et extrême fait qu'il n'y a plus vraiment de nuances. Vous faites une mission où vous tombez sur des corps découpés par des criminels pour qu'ils revendent les implants ainsi obtenus ? Vous trouvez peut-être ça rude la première fois, mais au bout d'un moment ça ne vous paraît plus incroyable. Il y a même une mission où les personnages sont en mode "Faut être cinglé pour faire ce qu'untel a fait, comment on en arrive à devenir un tel barbare?", sauf qu'à l'échelle de Night City, l'événement en question n'était pas particulièrement pire que tout le reste.

Désolé, je digresse. L'histoire donc est au final assez courte, mais elle a ce côté intense grâce à une mise en scène souvent efficace. Certains passages sont vraiment épiques, et trop peu de jeux de cette envergure prennent la peine d'avoir ce côté grand spectacle qui en met plein les yeux. Il y a toutefois un problème, le jeu passe son temps à nous pousser et à nous dire de nous dépêcher. Notre personnage est dans une espèce de contre-la-montre, scénaristiquement. Le joueur se retrouve donc avec cette impression artificielle qu'il faut se concentrer sur la quête principale, et je pense que de nombreux joueurs doivent arriver à la dernière quête avant d'avoir fait tout un tas de contenu secondaire. C'est dommage parce que ça crée un gouffre entre ce que le jeu nous dit de faire et ce que le joueur fait vraiment. Au final, les injonctions des personnages sont superficielles, et l'immersion s'en trouve un peu réduite.

Au-delà de ça, l'histoire reste prenante, ça se suit comme une série et c'est parfois difficile de se forcer à mettre la quête principale en pause pour aller faire autre chose.

Pour ce qui est du contenu secondaire d'ailleurs, ça va peut-être déplaire à certains, mais je trouve que le jeu a trop de contenu. Par exemple, tous les jobs des fixers sont en trop grande quantité. Non seulement il y en a trop, mais l'ensemble est trop répétitif, assez peu scénarisé et du coup peu intéressant. C'est littéralement du "Va là, récupère tel objet ou telle personne, sors de la zone, reçois ton argent". Je pense qu'ils auraient dû n'en garder qu'un tiers et proposer quelque chose de plus développé. Même chose pour les zones où se trouvent les gangs qu'il faut neutraliser pour récupérer un objet, il y en a littéralement plus d'une centaine. Qui a pris le temps de faire tout ça? Autant j'ai pris la peine de faire les jobs des fixers, autant ça j'ai directement laissé tomber en voyant la quantité proposée.

Je pense honnêtement qu'il y a un problème avec les jeux modernes, où on a d'un côté une histoire principale globalement bien construite et prenante, et de l'autre, tout un tas de contenu secondaire qui sert à gonfler la durée de vie, mais qui n'est pas très intéressant, voire pas intéressant du tout. Le contenu de premier plan qualitatif se retrouve dilué dans le contenu secondaire moyen, ce qui tire vers le bas l'expérience de jeu. J'ai remarqué la même chose avec le premier Spider-man.

Du point de vue du gameplay, le jeu peut dans un premier temps paraître écrasant. Se plonger dans Cyberpunk requière un peu de patience. Il y a beaucoup de choses à prendre en compte, plein d'améliorations, de statistiques et de mécaniques. Personnellement, j'ai voulu tester un peu tout, alors j'ai distribué mes points un peu n'importe comment dans l'arbre de compétences pour avoir la possibilité de tester différentes choses plutôt que de me spécialiser dans une seule approche. Mais pour ceux qui veulent un style de jeu précis qui soit optimisé, il faut passer un peu de temps dans les menus pour trouver ce qui est le plus efficace. Autrement, le jeu a un bon feeling, les armes tirent bien et le mélange avec le piratage des ennemis ou de l'environnement ouvre beaucoup de possibilités. Contrairement à The Witcher 3 qui avait un gameplay plat et répétitif, Cyberpunk a de vraies choses à offrir, à tel point que je vais devoir refaire une partie pour explorer les approches que je n'ai pas encore testées.

Malheureusement, je crois qu'il est venu l'heure de parler du point qui fâche, c'est-à-dire la fin du jeu. Tout au long de l'aventure, les dialogues et les choix proposés étaient globalement clairs et bien écrits. Hormis deux ou trois passages où j'aurais aimé d'autres options et où les choix offerts n'étaient pas des plus compréhensibles, les scénaristes ont fait du bon travail. Par contre, la fin que j'ai eu me semble abusive, car elle aboutit à un résultat que le joueur ne peut pas prévoir. Petit spoil :

J'ai choisi de faire confiance à Arasaka pour retirer la puce. Mon choix était motivé par le fait que c'est leur puce, donc ils sont les plus aptes pour trouver une solution. N'est-ce pas logique ? En outre, le jeu nous a prévenu que Johnny allait essayer de nous manipuler pour nous faire faire ce qu'il voulait, voire pour prendre le contrôle de notre corps. Quand on se rend à la dernière mission, Johnny passe son temps à nous dire que c'est une mauvaise idée, qu'il faut refuser l'offre d'Arasaka et qu'il vaut mieux lui donner le contrôle du corps pour qu'il s'occupe du problème lui-même, exactement ce contre quoi on nous a mis en garde. On se rend donc à Arasaka en ayant bloqué Johnny (avec certains "amis" qui trouvent le moyen de nous faire la gueule, désolé si j'essaie de rester en vie hein), ils retirent la puce, on se dit que c'est génial puisque visiblement on est encore en vie. Sauf que non, voilà un deus ex machina imprévisible qui débarque, le retrait de la puce nous a rendu malade et on va quand même mourir. Pas de chance ça. Cet élément complètement imprévisible fait que cette fin, la plus logique du point de vue du personnage et la plus cohérente avec ce que nous a dit le jeu, tourne au vinaigre. Pour moi, cette fin semble artificielle, c'est vouloir forcer le côté "pas de fin heureuse à Night City". J'ai été pas mal déçu que mon personnage se fasse avoir par un élément qui n'est jamais évoqué ni même sous-entendu pendant toute l'aventure.

Il y aurait beaucoup d'autres choses à évoquer concernant ce jeu, notamment le DLC qui est du même niveau incroyable que ceux de The Witcher 3, la musique, le travail sur l'ambiance, les personnages, etc., mais je vais m'arrêter là. Parmi tous les jeux auxquels j'ai joué ces huit derniers mois, Cyberpunk arrive facilement en seconde position (derrière Elden Ring et devant God of War), tant son univers riche, son histoire prenante, ses personnages attachants, son gameplay si divers et plus encore en font un jeu qui parvient à capter votre attention pendant une centaine d'heures, et qui vous donne envie, une fois que vous avez finalement terminé votre aventure, de relancer une partie pour découvrir toutes les options que vous n'avez pas eu l'occasion d'explorer.

Activité sur Cyberpunk 2077