SensCritique

Activité sur Richard III

Les dernières actions

Huchette

a attribué 10/10 au film

Richard III

2016 • Spectacle de Thomas Jolly et Julien Condemine

Synopsis : Richard III est une conclusion. Le quatrième et dernier volet d’un cycle d’horreur et de barbarie. L’ultime progression d’une inexorable marche du mal avant le rétablissement de la paix. Il ne s’agit pas seulement du magnétique et fascinant personnage : c’est davantage la peinture d’une société meurtrie et dévastée, propice à l’éclosion d’un monstre dont il est question. A bien des égards, conclure la trilogie Henry VI par ce dernier sursaut de noire politique me semble urgent. Car voici qu’une quatrième génération poursuit les conflits amorcés par leurs aïeux. Une génération désolée d’enfants nés dans la guerre, sans autre repère que le sang et d’autre logique que la violence, élevés pour combattre, venger et tuer. Si Richard peut évoluer avec tant d’aisance à la cour et que ses plans se concrétisent avec une facilité déconcertante, c’est certes par sophistication stratégique mais aussi par une complète absence de règles et un climat d’angoisse permanent dans lequel évoluent tous les personnages. Reconsidérer Richard III dans la continuité d’Henry VI permet d’accéder à la lecture que fait Shakespeare de l’Histoire. Depuis le début d’Henry VI, Shakespeare traduit le resserrement de la notion de conflit : d’abord à l’échelle de deux royaumes (guerre de Cent Ans), le conflit se resserre sur l’Angleterre dans l’opposition de deux familles rivales (guerre des Deux-Roses), puis il glisse au sein de la fratrie York pour finir, à l’acte V de Richard III, par opérer dans le corps même d’un seul personnage en proie à lui-même. Proposer Richard III à la suite des tragédies d’Henry VI fait apparaître cette dramaturgie, perçue dès le début du travail en 2010 et traduite par la mise en scène qui suit une lente courbe descendante. Ce resserrement s’opère tandis que le temps suit sa course… Thomas Jolly. Avril 2015.