Il n'y a pas de surprise dans le fait que les studios Laika ou Aardman soient dans une précarité financière alarmante : l'avènement de l'animation 3D leur aura en effet porté un méchant coup, tout comme les gadins injustes enchaînés, ou encore, peut être, de trop grandes ambitions, pourtant formidables et originales, comme dans le mésestimé Cro Man.

Retour donc aux valeurs sûres du côté de la Grande-Bretagne, aux accents très Mi-laine Farmer et surtout, d'une science fiction universelle. En effet, La Ferme Contre-Attaque, c'est presque soixante années de SF compilées en à peine une heure trente d'une projection où l'on ne voit pas le temps passer.

Une projection où drôlerie, malice, clins d'oeil savoureux et bonnes idées se succèdent, s'entremêlent et se complètent. A l'image d'un premier volet excellent, Shaun le Mouton carbure à l'émerveillement tout enfantin, à une certaine forme de nostalgie et d'hommage tout spielbergiens.

Les références abondent, occasions de trouver d'irrésistible trouvailles de mise en scène. Les petites friandises "à la manière de" que l'on prend un sacré plaisir à reconnaître, sont constantes, sans jamais tomber à côté de leur sujet. Jusqu'à s'autoriser des embardées du côté de Wall-E ou d'une apparition saisissante d'un émule de l'ED-209 cher à Robocop.

Envoyer un mouton, et un chien au passage, dans l'espace n'aura jamais été aussi bon. Car oui, ce bon vieux Bitzer est de la partie, tour à tour tortionnaire et victime involontaire des aventures échevelées de Shaun et Lu-La, il apporte un vrai plus à cet opus, tout comme cet incroyable et non-sensique parc d'attractions aux limites de l'arnaque, fait d'un bric et d'un broc improbable sous-tendant une vision des médias et du capitalisme toute actuelle.

Tandis que la maîtrise technique des studios Aardman s'avère sans faille, que le savoir faire est constant et que la sincérité du gardien du temple Peter Lord dans la volonté d'offrir de la belle ouvrage est évidente. Le tout servi avec un humour tout britannique d'une élégance faisant contraste avec ce qui est offert aujourd'hui de ce côté-ci de la Manche.

Les folies, les facéties et autres maladresses s'enchaînent et se réinventent constamment. Il faut voir par exemple comment s'exécute un crop circle au terme d'un tour en moissonneuse, ou comment une scène de visite d'une supérette se hisse vers des sommets de drôlerie et d'espièglerie.

Et même si l'effet de surprise tend à se dissiper, et même si certains déploreront sans doute des enjeux "seulement" à hauteur du public le plus jeune, on ne peut s'empêcher de jubiler, de se ravir, de sourire, de rire et de s'amuser devant La Ferme Contre-Attaque.

Au point de ressortir tout simplement de la salle heureux et de penser que Shaun le Mouton, une nouvelle fois, arrive donc à friser le délire.

C'est qu'il est fidèle à lui-même finalement, l'animal.

Behind_the_Mask, qui donne des chewing-gums aux moutons pour qu'ils aient la laine fraîche.

Activité sur Shaun le Mouton, le film - La ferme contre-attaque