SensCritique

Activité sur Gosses de France

margotpo

a attribué 9/10 au film

Gosses de France

2019 • Documentaire de Caroline Le Hello et Andrea Rawlins-Gaston

Synopsis : "Gosses de France" est un film sur les enfants pauvres. Ou plutôt non, c'est un film sur Benjamin, Sofia, Jassim et Brocéliande. Quatre gamins qui ont entre 13 et 21 ans. L'un habite en Moselle, l'autre dans le Beaujolais, une autre encore en région parisienne. Et comme trois millions de mineurs en France, ils vivent en dessous du seuil de pauvreté (qui correspond à 2155 euros par mois pour un couple avec deux enfants). Oui, il y a trois millions d'enfants pauvres en France (un enfant sur cinq) et Andréa Rawlins-Gaston, grande documentariste, vient nous rappeler qu'ils existent. Ce film mériterait le grand écran d'un cinéma : l'image est belle, la réalisation très soignée. Ces enfants se livrent avec une sincérité désarmante et la tchatche de leur âge. "Dans le frigo, il n'y a que de la lumière" Sofia a été orientée dans une filière pour élèves en difficulté, parce que quand sa famille a été expulsée et s'est retrouvée dans un hôtel social, ses résultats scolaires et ceux de son frère ont plongé de façon vertigineuse. Aucun misérabilisme dans ce documentaire précieux, mais des témoignages concrets. Sofia explique qu'à la fin du mois, "dans le frigo, il n'y a que de la lumière". Benjamin se souvient qu'il était invité à des anniversaires, avant, mais qu'à force de répondre qu'il n'était pas disponible, plus personne ne l'a invité. En réalité, il n'avait pas de quoi acheter un cadeau et ne voulait pas y aller les mains vides. Il ne va pas non plus au self du collège à midi avec les copains, parce que c'est moins cher de rentrer à la maison manger des pâtes. Il a un peu l'impression, à force, que l'amitié, ça s'achète. Des gosses qui crèvent l'écran Leurs parents témoignent aussi. Ce sont d'ailleurs les passages sur les liens entre enfants et parents qui sont les plus bouleversants. La mère de Sofia décrit la culpabilité qui la ronge à la fin du mois (qui commence le 15, souvent). Tous racontent le sentiment de honte vis à vis des autres enfants, parce que les chaussures sont trouées, ou parce qu'il faut aller au Secours Populaire chercher à manger. On mesure les répercussions de la précarité sur l'éducation des enfants, sur leur santé, sur leur estime de soi. Je ne vous cache pas que j'ai pas mal pleuré (sans doute une vilaine poussière dans l'œil) mais j'ai surtout passé un peu plus d'une heure avec quatre gamins géniaux et d'un indécrottable optimisme. Ils sont très attachants. Jamais, je crois, un documentaire ne m'a donné à ce point l'impression de connaitre celles et ceux qui sont filmés. Andrea Rawlins-Gaston a consacré une année entière sur ce film. Un an de préparation, de rencontre, de tournage. Et le temps passé se voit.