Un.e lecteur.rice peut-i.e.l se permettre de juger un livre sans l'avoir lu entièrement, en ayant passé plusieurs pages, en ayant achevé – brusquement – sa lecture aux trois quarts du livre ? Un.e auteur.rice peut-i.e.l se permettre de briser son lecteur, de lui déchirer le cœur, de lui laisser goûter à l'amour, de le laisser lui brûler le corps avant de lui retirer – brusquement – tous ces présents ?

Oui, et oui.

Étrange lecture que j'ai faite de ce livre. D'abord, la rencontre. Plusieurs livres. Je lis les résumés. Celui-là, je l'ai lu, et il m'a tapé dans l'œil. (Édition Folio) "Oui, nous nous aimons ; oui, nous nous manquons ; oui, nous n’oublions pas ; oui, nous nous souvenons." Oui, j'ai envie de lire cette histoire d'amour. Je n'ai pas acheté le livre sur le coup. Non, j'ai laissé cette phrase occuper mes pensées quelques jours avant de me décider à le prendre.

Ce qu'il s'est passé ensuite... J'ai commencé le livre. Après une centaine de pages, constat : je ne comprends rien à l'histoire ! Comment veux-tu ? Tu as passé plein de pages, lu des bribes, tu as souris, tu as été touché par la beauté des quelques phrases que tu as lues, tu as ri même à une savoureuse trouvaille de l'auteur pour l'appellation d'un père de famille (et d'ailleurs je rirai encore à chaque fois qu'elle apparaîtra tout au long du livre). Mais, mais, où est l'histoire d'amour !? Moi, c'est ça que je voulais... Après une centaine de pages, donc, je commence à lire vraiment le livre.

J'ai encore passé des pages de temps en temps, pourquoi ? C'est difficile à dire. En fait non, c'est facile. Dans ce livre, il y a beaucoup d'histoires, et en fonction de celles qui vous intéresseront, peut-être est-ce que vous passerez des pages. Peut-être pas. Vous pensez peut-être que ce livre est ennuyant : ce n'est pas le cas. En passant des paragraphes, parfois, je revenais en arrière, non pas pour mieux comprendre ce que je lisais, non, plutôt pour lire la beauté des mots, la splendeur des lieux que l'auteur déploie devant nos yeux éblouis.

Ce livre est autant d'envolées lyriques et poétiques, de descriptions magnifiques de lieux, de paysages, d'un pays, de vols de pigeons (parlons-en !), et aussi de savoureux dialogues, de passages drôles, et aussi une plongée au sein de l'être humain, ses états d'âme, ses peines, ses joies, ses bonheurs et douleurs partagées ou solitaires, mais surtout, surtout, ce livre est une ode à l'amour, dans toute sa splendeur et sa beauté.

Je suis amoureux, et je conseille ce livre à toute lectrice amoureuse, et à tout lecteur amoureux, et plus globalement à tout.e lecteur.rice sensible. Mais qu'elle ou il prenne garde, car, moi, j'ai pleuré, j'ai eu mal au ventre, je voulais me coucher et rester là, oublier, voire ne jamais avoir ouvert ce livre. Et puis si, car il y a de si belles choses dont il recèle ! Mais non, car il renferme aussi de terribles douleurs qui risquent de faire souffrir corps et âme.

Je ne peux pas achever ce livre car l'envie me manque de sombrer avec ses personnages. Il m'a déjà assez touché. À l'âme, au cœur.

Activité sur Le Pigeon voyageur