Mention spéciale du jury. Rien à déclarer... Hum hum... Je commence à me répéter et j'en suis le premier navré, il est pourtant difficile de rester impassible face à tant de fainéantise intellectuelle. Le problème majeur et rédhibitoire de ce court-métrage, ainsi que celui de beaucoup d'autres films du même festival, c'est de ne rien proposer du tout. Cela se contente simplement de nous balancer aléatoirement une thématique au visage, gratuitement. C'est tombé cette fois-ci sur l'Amazonie, il faut dire que cela était de bon ton durant le déroulement du festival, en tête de l'actualité, quelques mois supplémentaires nous auraient donné la même chose avec les incendies d'Australie. Il va falloir, à un moment donné, commencer à utiliser son cerveau pour autre chose que relayer des informations notoires en y ajoutant sa touche personnelle de condescendance.

C'est trop facile de faire un montage avec des extraits vidéos médiatisés pris ça et là et de dénoncer ostensiblement quelque chose que tout le monde sait déjà. On peut reprendre le processus et faire la même chose avec tout et n'importe quoi... Tchernobyl, le 11 septembre 2001, les attentats en France entre 2015 et aujourd'hui, Fukushima... quelques extraits d'un discours de politicien par ici, quelques inserts par là, un petit montage avec une personne qui manifeste son mécontentement vis-à-vis de la situation, et pour terminer, une petite chute extrêmement prévisible où un plan d'ensemble témoigne des dégâts causés par l'Homme. Dégâts qui seront niés par ces mêmes politiciens présents dans les extraits vidéos précédemment vus, bien évidemment, car ceux-ci ne sont évidemment pas connus pour leur honnêteté et leur altruisme.

Le problème étant que faire cela ne sert absolument à rien. Les personnes ayant réalisé ce métrage ne font que relayer une information et ne proposent à aucun moment une analyse pertinente de la situation, des pistes de solutions à suivre, de nouvelles idées à adopter ou même seulement un petit témoignage de techniques de cinéma. Rien de tout ceci. S'ils souhaitent être pris au sérieux en tant que cinéastes, il va falloir urgemment se mettre à faire du cinéma. Pour le moment, je ne vois qu'un défilement d'informations que j'avais déjà en ma connaissance, sans aucun développement de la thématique ni inventivité sur la forme. On a davantage l'impression de visionner une vidéo de Konbini sur un militant écologiste brésilien plutôt qu'un court-métrage en festival international de cinéma amateur.

Le sujet n'est pas le moins du monde approfondi et cela est intolérable quand on sait à quel point la problématique amazonienne est complexe et riche. En cherchant un minimum, on se rend rapidement compte que brûler des forêts au lance-flamme est un véritable sport national bien ancré dans les mœurs des grands industriels implantés en Amérique latine depuis de très nombreuses années. Ils en brûlent des milliers d'hectares de forêt, puis défoncent tout au bulldozer et décaissent le terrain pour y faire de la monoculture intensive d'avocat, de soja ou d'huile de palme sur des parcelles de 50 kilomètres carrés, et dont les produits finis seront transformés et acheminés à destination des marchés occidentaux, notamment européens.

Mais quand il s'agit réellement agir et de ne plus feindre le militantisme sur les réseaux numériques, quand il s'agit de changer ses habitudes alimentaires et de devoir abandonner son Nutella, son steak de soja OGM, ses petites tomates cerises en hiver et ses tartines d'avocat pour être raccord avec ses pseudo-convictions, étrangement, les incendies de forêts orchestrés par l'Homme à des fins mercantiles ne semblent plus déranger personne. En tout cas, on n'en entend vraiment pas beaucoup parler... n'est-ce-pas ?...

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