Trouver une raison de vivre dans le vide, au milieu de l'espace tel un alpiniste rêvant d'aller toujours plus haut afin de dépasser le stade de la survie, il s'agit de ses pensées existentialistes qui seront abordées tout au long de Cowboy Bebop.

Vous y suivrez les aventures d'une bande de chasseurs de primes dans un système solaire où le crime est banal, en dépit de ce postulat, l'histoire se concentre davantage sur les interactions entre personnages que sur l'action.

Cowboy Bebop nous rappelle brutalement dans ces heures les plus sombres, que peu importe ce qu'on en pense la majorité de notre vie est passé sans but et que la vérité se cache dans la simplicité …

Il s'instaure en plein conflit entre le cinéma et la télé en se servant d'un schéma épisodique pour servir sa narration et aborder ou réaborder des thèmes au travers de répétitions, c'est dans tout ces univers et ce mélange hétéroclite qu'on peut connaître l'identité de Cowboy Bebop.

Quand on commence à prendre tous les épisodes et les considérer comme un tout intrinsèque, on y trouve une réflexion métaphysique profonde sur la façon dont nous surpassons les épreuves de la vie.

Tout ça peut paraître pompeux, mais au fond chaque portrait que Spike observe est un personnage qui affronte son passé, Spike et ses camarades ne sont que les facettes secondaires de l'épisode … ils sont déconnectés par rapport aux problèmes des autres, car ils ont tous un passé qui les rongent de l'intérieur, auquel ils n'arrivent pas à se séparer, jusqu'à finir dans un monde où seul ceci n'a d'importance, et la seule solution qu'ils ont trouvé pour surpasser ses chasses de primes, est d'adopter le stoicisme (courant philosophique visant le bonheur individuel sur la tempérance au détachement : il repose sur ce qui ne dépend pas de nous. Les personnes issus de ce courant ont un Amor Fati, ou amour du destin).

Leur indifférence est dû au regret de leurs passés respectifs, que ce soit Jet qui à presque tout perdu à cause de sa passion pour son travail, Faye incapable de se souvenir de son passé, Ed qui a perdu son père ou encore Spike passé pour mort après avoir perdu tout espoir d'atteindre le bonheur avec la seule personne qu'il n'a jamais aimé, et trahi par son ancien partenaire. Enfin, c'est dés lors que les protagonistes se décident à affronter leurs passés, que leurs personnalités changent, pour révéler leur véritable nature pour fuir la vanité de leur vie, révélant par la même occasion leur vulnérabilité.

Spike qui avait l'habitude d'observer des sujets d'une mosaïque regroupée en une seule grande aventure pendant que nous l'observions nous-mêmes, se retrouve à la fin sans sujet, perdant toute objectivité pour devenir à son tour le sujet. Et c'est à ce moment que l'on apprend que l'on est finalement devenu Spike, que c'est à notre tour d'affronter notre passé pour finir sur " You're Gonna Carry That Weight " dernière chanson des Beatles, nous demandant si nous serions seulement capables de supporter le poids de voir quelqu'un confronter son passé et que cette expérience nous servira pour l'affronter à notre tour pour terminer comme Spike l'a fait.

Avec une réalisation aux petits oignons de Shini'chiro Watanabe qui nous offre une myriade de plans somptueux (les plans du tout premier épisode, la scène de la chute de l'épisode 5 ou encore le plan de fin qui magnifie Spike !) servit par un découpage jouant des codes des différents genre du cinéma que ce soit le film noir, le Western, le film de Kung-Fu, le Thriller, le film d'horreur, etc.

L'anime peut également se vanter d'avoir une atmosphère incroyable, Yoko Kano et The Seatbelts (son groupe), ont fait une BO convenant parfaitement à l'anime entre du Jazz mélancolique avec Memory, Waltz for Zizi ou encore Farewell Blues, des titres plus nerveux (du Jazz Bebop, et oui voilà d'où vient le nom, d'ailleurs le titre des épisodes viennent de classiques du Jazz) comme Rush, Bad Dog No Biscuits ou Tank!, de la musique folk avec Spokey Dokey, du Blues avec Adieu ou Goodnight Julia, du gospel avec Ave Maria, Ballad of Fallen Angels ou Blue, l'éclectisme de la BO est équivalente à celle de l'anime qui mélange Space Opera, Cyberpunk, Western Spaghetti, Action, Drame, film noir et plein d'autres genres du cinéma !

Sans parler des relations entre les personnages, surtout celle entre Spike et Faye remplis de quiproquos qui est surement la plus complexe de l'anime, car bien que Spike se plaint du fait qu'il déteste les filles avec du caractère, les animaux et les enfants, Spike montre toujours de la sympathie envers la situation de Faye, tandis que Faye s'inquiète constamment pour Spike et prend soin de lui quand il est blessé (comme dans l'épisode 5 pour qu'il lui balance qu'elle chante faux …) !

L'affection qu'ils ont l'un pour l'autre est évident et peut-être même que Faye aime Spike, mais vu que Spike a déjà Julia et qu'il n'est pas très direct, on ne sera jamais vraiment ce que Spike ressent réellement … et c'est peut-être mieux ainsi, le mystère n'est pas si désagréable que ça !

Bref, Cowboy Bebop est un anime qui implique son spectateur le laissant un peu vide à l'idée de quitter ses personnages principaux, son univers et ce charme si particulier qui fait les grandes œuvres, tellement qu'il est l'un de mes animes préférés, par contre, préférez la version anglaise que la VF voire la VO qui est elle aussi excellente !

See you Space Cowboy … from a Space Pirate Captain.

Activité sur Cowboy Bebop