Le run du scénariste Nick Spencer sur Spider-Man étant quasiment terminé aux USA, c'est le bon moment de se lancer dans une lecture de celui-ci dans son intégralité. J'avais déjà lu les 6 premiers tomes, mais je préfère tout relire depuis le début pour avoir une meilleure vue globale de ce qu'a voulu faire Spencer dans ce run, notamment au niveau de Kindred (le nouveau vilain qui débarque dès ce premier tome et qui est le fil rouge du run), Osborn et tout ça.

Globalement, de ce que j'ai pu comprendre, le scénariste n'a pas l'air d'avoir juste voulu raconter de nouvelles aventures de Spider-Man, il semble s'être lancé dans une sorte de grande mission pour corriger ou retconner pas mal de points fâcheux de la continuité du tisseur qui gênaient un peu tout le monde, faisaient râler les fans de longue date et étaient le plus souvent pudiquement mis sous le tapis.

La mission est noble, mais elle intéressera surtout les fans de continuité. A côté de ça, il faut quand même raconter des bonnes histoires. Et est-ce que Nick Spencer y arrive, lui qui a un style souvent très bavard et pauvre en scènes d'action ?

En tout cas, il commence dès le premier numéro à corriger ce qui n'allait plus dans l'univers du tisseur, en remettant MJ et Peter ensemble, ce que beaucoup de lecteurs souhaitaient de longue date. A part ça, il ne fait pas d'autres grandes corrections dans ce tome 1, plaçant plutôt des pions pour des intrigues futures, notamment pour celle de très long cours autour du vilain Kindred.

Ce tome 1 est aussi l'occasion de lancer toute une nouvelle dynamique pour la vie de Peter, plutôt bien pensée. Spencer rebondit intelligemment sur le run de Dan Slott, prenant en compte là où le scénariste avait laissé la vie de Peter, mais exploite une sorte de "faille" qui avait eu lieu au cours de ce très long run pour mieux chambouler la vie du héros. C'est plutôt bien foutu et ça paraît plus logique que les transitions d'un run à un autre qu'on a sur d'autres séries et d'autres héros, où parfois la situation change totalement sans explications.

A la limite, le retour de Randy Robertson en tant que pote de Peter est moins justifié, vu que je ne crois pas me souvenir qu'on le croisait beaucoup dans ce que j'ai pu lire du run de Dan Slott. Mais l'idée de mettre Peter en colocation avec Randy est très chouette, surtout avec le 3e coloc qui est ajouté qui permet d'ajouter pas mal de gags et de piment à tout ça.

En fait la série commence sur pas mal de bonnes idées sur son premier numéro, dont on sent qu'il a été bien travaillé, mais se lance ensuite dans un premier arc que je trouve beaucoup moins inspiré. C'est un petit arc fun, basé sur une idée un peu ridicule mais qui arrive à peu près à passer avec le dessin cartoony de Ottley et le ton très humoristique de Spencer. Mais je trouve quand même que le scénariste n'arrive pas vraiment à transformer cette idée en une grande histoire prenante, et au final on a juste un petit arc sympatoche de Spider-Man, mais rien de vraiment incroyable, rien d'indispensable. Je trouve que c'est même assez faible pour donner envie aux lecteurs de se lancer dans ce long run.

Y a pas vraiment de grand moment de tension, y a pas vraiment de scènes d'actions ultra impressionnantes, le dénouement n'amène à pas grand chose... A la limite si vous n'avez jamais lu d'histoire de Spider-Man, ça permet de piger son crédo "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", mais la plupart des lecteurs le savent, je pense. Bref, c'est pas désagréable mais ce premier arc est assez raté à mon sens.

Côté dessins, Ryan Ottley est bien entendu formidable. Il a un trait cartoony ultra fun et dynamique, c'est énergique, ses persos ont une bonne tête... C'est vraiment top. Mais je trouve qu'il dépote vraiment sur les scènes d'action, et le problème c'est que Spencer n'est pas un scénariste de scènes d'action : il en fait souvent très peu, elles sont souvent très courtes, et il ne s'y passe rarement des choses intéressantes. Ici, plus on avance dans l'arc, moins on a de scènes d'action intéressantes, c'est terrible. On a vaguement des images/double pages vaguement action/impressionnante de temps en temps pour voir Ottley s'éclater, mais c'est trop peu avec un tel dessinateur. Par contre, à côté de ça on a trois tonnes de scènes de discussions, et le dessinateur s'en sort évidemment, mais il m'y semble beaucoup moins pertinent. Je ne pense pas que ce soit le genre de script qu'il faut pour un tel artiste, où l'artiste qu'il faut pour un tel script.

Laura Martin a la colo fait quant à elle un boulot formidable pour donner un côté hyper lumineux, joyeux et énergique aux pages, qui colle parfaitement à ce qui ressort des dessins d'Ottley.

Ah et notons quand même que cet arc est l'occasion pour Spencer de ressortir certains de ses vilains préférés de ses précédentes séries, que ce soit Boomerang, la nouvelle Beetle, ou le duo Taskmaster et Black Ant. Pour moi qui avait bien aimé ce qu'il avait fait avec ces persos, c'est très plaisant de les revoir. Ce n'est pas forcément les vilains qui croisent le plus la route de Spidey habituellement, mais ils collent vraiment bien au ton de la série et il faut dire que Spencer les tient bien.

Bref, un tome 1 qui arrive à en même temps poser de bonnes bases et à en même temps être assez décevant. Je le recommanderais surtout aux nostalgiques de la relation Peter Parker/MJ, qui seront content de voir le retour de l'idylle. Pour ceux qui s'en fichent et veulent juste lire une bonne histoire de Spider-Man, je pense qu'il vaut mieux aller voir ailleurs, ou sinon ne pas être super exigeant (ce qui n'est pas une mauvaise chose).

Activité sur Retour aux fondamentaux - Amazing Spider-Man (2018), tome 1