Mettons nous au clair tout de suite, je n'apprécie que très moyennement les Têtes Raides. Comme dirait Renaud, "c'est pas mon style, pas mon credo" et je ne devrais même pas connaitre cette chanson.

Sauf qu'un jour, le frangin, qui me devait un job pour l'avoir dépanner plusieurs fois sur d'autres tournages, m'a engagé pour l'assister à l'éclairage du clip "J'ai menti". Une des différences majeure entre lui et moi étant que j'ai une grande gueule et un pouvoir de sociabilisation avancé, j'ai non seulement obtenu le CD mais aussi deux places de concert.

C'est de bon aloi que j'ai écouté l'album une paire de fois et si je n'ai pas changé mon à priori sur le groupe, j'ai découvert ce titre qui titille forcément. Une chanson de 19'35 ou plutôt un texte et une chanson, car il s'agit d'un écrit rédigé par un suédois en 1952, Stig Dagerman mis en lumière, et donc en musique, par les Têtes Raides.

Alors, je ne vais pas faire l'inventaire du texte qu'on peu facilement trouver sur le net mais je suis contraint d'admettre un "touché" tant la pertinence du propos est lucide, claire et, paradoxalement, optimiste, malgré un manque d'humour évident. Et c'est dans la mise en valeur de ces variations d’appréhension de la vie que le groupe excelle son interprétation.

Le pire dans tous ça, c'est que ma copine de l'époque aimait bien les Têtes Raides, que de ses potes avaient des places pour le même concert, que je me suis fais chier grave pendant une bonne partie avec un mec qui n'arrêtait pas d'hurler à coté de moi et que j'ai eu un répit le temps de cette chanson pour une version lumineuse et pour le coup, plus vivante. Un excellent souvenir, un peu terni par la suite.

Car peu de temps après, je suis sorti de la salle avant la fin pour me rouler un pétard et à chaque fois que j'écoute la chanson, je pense à ce moment, profitant de mon lot de consolation en attendant ma chérie à contempler la faune du boulevard Richard Lenoir, les vigiles du concert et le bâtiment dont je venais de sortir . Ah oui, parce que je ne vous ai pas dit, le concert était au Bataclan et lorsqu'on met en exergue les paroles et les évènements quelques années plus tard, comment dire ?

En effet comment dire ?

Pour la petite histoire, l'auteur suédois s'est suicidé 2 ans après la publication de son texte

Aussi, une petite playlist que je trouve bien conclue avec ce titre https://www.senscritique.com/liste/Tu_veux_un_camembert/3117286

Activité sur Notre besoin de consolation est impossible à rassasier