J'aimerais pouvoir dire que je m'habitue à la complexité ambiante, mais je crois plutôt que Wolfe, dans sa grande bonté, essaye de s'abaisser à mon niveau de lecteur médiocre. Au moins, j'ai réussi à suivre sans trop de difficultés ce troisième épisode, alors que je m'attendais à encore plus de tangentes éblouissantes et autres illusions fantasmagoriques.

Dans sa structure, ce troisième tome est plus linéaire, et aussi plus scénique. A l'exception peut-être les très belles descriptions de Nessus et de la Citadelle au début du premier tome, rien ne rivalise avec la beauté des paysages traversés par Severian, de la cité escarpée de Thrax aux îles flottantes de Diuturna.

C'est donc avec un certain soulagement que j'ai apprécié ce volet en grande partie montagnard. Je ne veux pas décevoir vos attentes, cela dit: Wolfe ne résout pas vraiment de mystères, ou bien quand il le fait, c'est pour les substituer avec de nouvelles questions. Comme toujours, c'est au lecteur d’interpréter. Si Severian est sans doute un peu plus solitaire qu'auparavant ici, il rencontre plusieurs personnages captivants, et affirme ses capacités.

On retrouve dans le dernier acte des connaissances de Nessus, mais sont-elles amies ou ennemies? Une confrontation violente conclut le récit, palpitante et pleine de surprises. S'il reste possible, voire probable, que Wolfe nous mène en bateau, c'est finalement secondaire: c'est le voyage qui compte, et pas la destination. En l’occurrence, nous sommes servis, et royalement.

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