« Spawn of the North » est un film consacré à la vie des pêcheurs de saumon en Alaska, aux premiers temps de la colonisation de ce territoire. Il s’ouvre notamment sur un texte explicatif, qui compare la vie de ceux qui vivent de cette rude contrée à l’ouest sauvage. Le saumon est à l’Alaska ce que le bétail est au Far West, et, comme toute ressources précieuse, nombreux sont les individus peu scrupuleux qui la convoitent.

Les eaux boréales de l’Alaska sont riches en poisson, et il existe deux méthodes pour le capturer. La première, rudimentaire et moins rentable, consiste à partir en pêche avec son filet et d’aller chercher l’animal où il se trouve. La seconde, certes moins aventureuse, mais plus sûre et régulière, repose sur la construction de pièges où le saumon se coince par bancs entiers. Il ne suffit ensuite plus que de récupérer le poisson. Ce travail est toutefois très laborieux, c’est pourquoi il existe une troisième option, plus facile et beaucoup moins recommandable : "vider" le piège à poisson d’un autre en son absence… Cette stratégie est l’apanage des "pirates du saumon" qui écument la région et suscitent l’exaspération des honnêtes pêcheurs.

Le film nous attache aux pas de Jim (un tout jeune Henry Fonda !) et Tyler (George Raft), deux amis, tous deux dans le milieu de la pêche. Après des aventures turbulentes, Jim s’est racheté une conduite et possède son propre piège à poisson. Tyler, quant à lui, plus rêveur et épris de liberté, a plus de mal à rentrer dans le rang.

L’ouverture du film, sous forme de documentaire animalier, laisse peu présager de la qualité de la suite. Comme un bon documentaire animalier, les cinq premières minutes sont assez éprouvantes mais, fort heureusement, tout a une fin. La suite se consacre à la présentation de la vie quotidienne en Alaska, des techniques de pêche employées par les pêcheurs, et sert à poser le cadre et introduire les personnages. On assiste à une succession d’excellentes scènes avec des dialogues vivants, de la bonne humeur et une reconstitution plutôt réussie. L’image est, quant à elle, malheureusement assez moyenne… Les décors polaires de l’Alaska ne sont pas très bien mis en valeur par le noir et blanc.

La seconde partie du film est quant à elle beaucoup plus classique et souffre de quelques longueurs. Il s’agit d’une traditionnelle histoire d’amitié contrariée, avec l’opposition entre le héros parfait à qui tout réussit et son ami d’enfance, qui, au fond est un bon gars, mais est un peu un loser et subit l’influence de quelque mauvais génie (ici, un Russe, c’est pratique).

Le film dure un peu moins de deux heures et se déguste avec beaucoup de plaisir. Henry Hathaway connaît son métier et il n’y a rien à reprocher à la manière dont le film est construit et dont l’histoire se déroule. Quelques scènes sortent du lot, notamment une étonnante manière de briser un iceberg (dont la glace aide à conserver le poisson), ou encore un soir de fête où l’on s’interrompt respectueusement au cœur des festivités pour observer les coutumes des Indiens de l’autre côté du lac. Henry Fonda joue déjà de la même façon que l’intégralité de sa carrière, mais sa jeunesse et son inexpérience, peut-être, lui donnent un peu plus de fraîcheur. George Raft lui donne la réplique de belle manière, mais les seconds rôles sont dispensables.

Une belle découverte dans l’ensemble !

Activité sur Les Gars du large