Note préliminaire : à l'heure de l'écriture de la critique, le Goncourt n'a pas encore été décerné. Comme d'habitude on est servis par des torchons contemporains sans intérêt littéraire. Ce bouquin a eu le mérite de m'intéresser car haïtien et prose originale.

Orcel nous offre des bouts de vie, de conscience d'une femme sans nom, sans Majuscule, sans point ; une prose poétique, créole — on pense aux Haïtiens, Frankétienne — un style formalisé à la Mabanckou. Ca crache, ça gueule, ça chie, ça en chie, ça baise et viole... Nous ne sommes pas dans les Caraïbes mais en France, à notre époque.

[...] moi j'ai confiance en la poésie, elle casse les frontières raciales, identitaires, elle est au dessus de tout... [...] si on écoutait les poètes, le monde irait mieux... [...]

Début prometteur, on est submergés par une narration par moment polyphonique et d'autres par de la poésie en prose d'un auteur haïtien. Et à mesure que le récit, la narration, avance, l'arnaque Orcel apparaît petit à petit. On se demande ce qu'on lit, des clichés littéraires aux clichés politiques, si une partie du roman n'a pas été torchée par manque de temps ?

Le livre s'épuise rapidement ; à partir de la centième, deux-centième page le style se répète sans utilité, au service d'une narration qui se veut fade et sans intérêt littéraire.

Finalement on le préfère poète, quand il fait dans l'abstraction, la prose créole, dans le « spiralisme » à la Frankétienne, que quand il se tente à l'humour, à la politique et qu'il fait sa critique de la France d'aujourd'hui. Il n'arrive pas à s'affranchir de la forme romanesque et peine à s'extraire d'une narration qui devient des plus classiques. Il tombe dans le piège de la littérature contemporaine.

Activité sur Une somme humaine