Pour teaser un peu l’histoire, c’est un roman épistolaire entre un père et une fille, deux grands philosophes dans l’âme. Nour, la fille, part en Irak pour rejoindre l’Homme qu’elle a épousé et qui est un lieutenant de Daesh. Là-bas, elle dit mener un combat exaltant au nom de la religion, et écrit à son père qui essaye de la convaincre de rentrer, lui qui est, tout comme l’auteur, musulman pratiquant et islamologue.

Ce qui est intéressant dans ce livre, c’est tout d’abord le côté actuel, le décryptage de tout un phénomène de radicalisation, la description de la manipulation qui pousse des jeunes à partir faire le Djihad en étant persuadés qu’ils agissent pour le bien ultime, bien qu’ils ne sachent même pas tout ce qui se trame dans leur propre camp. C’est un livre bouleversant, tant par ce qu’il s’y passe que par le lien profond qui unit Nour à son père : les deux ne se comprennent pas mais s’aiment malgré tout, ne rompent pas le contact, leur attachement passe au dessus de tous leurs arguments dans leur lutte pour convaincre l’autre et le ramener à sa cause. Et en parlant d’arguments, il y en a qui paraissent légitimes des deux côtés, tout ce qui est amené par Nour ou par son père semble louable, mériter qu’on se rallie à eux, ce qui met encore plus en exergue le pourquoi du comment certains jeunes brillants se retrouvent à combattre aux côtés de Daesh, avec bon fond et la volonté de faire le bien. Malgré la petite taille du livre, celui-ci faire vivre au lecteur tout un panel d’émotion, de l’affection envers les personnages jusqu’au déchirement aux vues des événements, à en faire monter les larmes.

Un élément qui m’a cependant un peu perturbée durant ma lecture est le côté formel des premières lettres, le style n’étant pour moi pas adapté à la situation, à savoir un père et sa fille brutalement séparés. C’est cependant une impression qui s’étiole au fil des pages, et qui n’est dérangeante qu’au début de la lecture.

C’est un livre bouleversant qui saura plaire à beaucoup de lecteurs, sa petite taille le rendant accessible même à ceux qui n’aiment pas les pavés.

Et pour ceux qui en redemandent,Inconnu à cette adresse de Kathrine Kressmann Taylor est également un livre épistolaire court, qui raconte l’histoire de deux grands amis, un devenant membre du parti nazi, l’autre étant juif et ne comprenant pas cette démarche. Tout comme dans Lettres à Nour, les deux amis s’écriront pour partager leurs points de vue, en essayant de ramener l’autre à leur cause. C’est un livre tout aussi déchirant et instructif, qui présente de grandes similitudes avec celui de Rachid Benzine.

Activité sur Lettres à Nour