L’heureux Elu (2018) est une comédie satirique qui se base sur une idée simple : une bande d’amis rencontre le futur époux d’une des leurs. Il s’appelle Noël, c’est un homme d’affaires séduisant, poli, riche, mais qui « pense différemment » (genre extrême-droite), ce qui va faire monter la tension crescendo au cours de cette réunion.

Il s’agit d’un huis clos qui se déroule dans un appartement parisien où vivent Greg (Yvan Le Bolloc’h), un journaliste sportif, et sa femme Mélanie (Mathilde Penin), des bourgeois vaguement bohèmes. Bientôt, ils sont rejoints par Bruno Solo dans le rôle de Jeff, leur copain de toujours, qui n’a aucune idée qu’ils attendent aussi pour le dîner Charline (Mélanie Page), son ex-petite amie, et son nouveau Jules (David Brécourt). Comme vous vous en doutez, l’apparition du couple va mettre le feu aux poudres et, petit à petit, les masques vont tomber.

Comme je l’ai dit, on n’a pas affaire à un script original et la mise en scène n’est pas transcendante. Les comédiens surjouent, mais en ce qui concerne Solo et Le Bolloc’h, ça passe. On a l’impression de retrouver leur duo de Caméra Café et leurs mimiques qui vont avec, donc on sourit. Par contre, les comédiennes, elles, sont insignifiantes. Elles font potiches à leur façon gênante de glousser et de s’enlacer comme des midinettes pour bien signifier que leurs personnages sont des amies de longue date (alors qu’elles n’ont rien en commun), le pompon revenant à Mathilde Penin qui fait pantin désarticulé par sa gestuelle. Charline est dépeinte comme une bombe mais elle est nunuche. Bref, c’est une représentation datée de la fémininité qu’on a là. Quant à « l’heureux élu » en question, je ne sais pas si l’on doit être de son côté ou le détester, mais c’est de loin le personnage que j’ai trouvé le plus étoffé.

Alors que les autres affichent des opinions gauchistes particulièrement tranchées (hormis Mélanie qui fait preuve de tolérance), c’est le seul à apporter un peu de pragmatisme dans leurs débats et je trouve désespérant qu’on le décrive comme « différent », comme le facho type sur lequel il faut cracher. Certes, il est favorable au port d’armes et tient des propos souvent limites, voire racistes, sur les étrangers, mais rien qui se veuille offensants selon lui et qui ne parte de nulle part selon moi ; par exemple, il est le seul à traiter la tentative de viol de sa conjointe par un Mexicain comme une chose inacceptable tandis que Jeff s’offusque plus pour l’agresseur blessé par balles dans l’action que pour ce qu’il a essayé de faire à Charline, ce qui indique une banalisation écœurante de ce crime mais aussi une grande hypocrisie et lâcheté de sa part.

De toute façon, on comprend qu’il a été avec elle que pour son physique, par désir. En dehors de ça, il ne lui témoigne pas vraiment de respect, contrairement à Noël qui serait prêt à tout pour la rendre heureuse. Donc qui est le plus toxique des deux, on se le demande.

En outre, la fin de la pièce est expédiée et aboutit sur une morale qui aurait déjà paru mièvre vingt ans plus tôt : personne n’est obligé de penser uniformément du moment que l’on se respecte les uns les autres (sans déc’ !)

L’heureux Elu n’est rien de plus qu’une pièce de boulevard tiède à regarder quand on ne sait pas trop quoi faire. 4/10

Activité sur L'Heureux Élu