God's Puzzle (2008) - 神様のパズル / 134 min. Réalisateur : Miike Takashi - 三池崇史. Casting principal: Tanimura Mitsuki - 谷村美月 ; Ichihara Hayato - 市原隼人. Mots-clefs : Japon - Science Fiction - Romance - Physique quantique.

Le pitch : Motozaku, bon à rien bossant dans un restaurant de sushi, nage dans une bonne galère. Son frère jumeau s'est fait la malle en voyage et voilà qu'il faut le remplacer au pied levé pour un séminaire de thésard en physique quantique... En plus la professeure en charge du séminaire lui demande de ramener une étudiante brillante mais asociale, sur les bancs de l'université. Celle-ci vit cloîtrée chez elle, avec une seule obsession : est-il possible pour un humain de fabriquer un univers et de prouver définitivement l'inexistence de Dieu ?

Premières impressions : Regarder un film japonais sur l'adolescence, c'est un peu comme écouter un album de Kyo assis par terre à trois heures du matin après une déception sentimentale. Il y a dans la poétique de l'âme japonaise une soif d'émotion qui, à travers l'art cinématographique, explose à la face du spectateur dans toute sa vérité nue, dans toute sa folie, dans tout son désespoir, dans toute sa mièvrerie, bref dans tout son romantisme. C'est pour ça qu'on aime les yakuzas silencieux de Kitano, que l'on s'émerveille du banal sensible de Kore-Eda, et que l'on philosophe longuement devant les quasi-porno de Koji Wakamatsu. Souvent dépeint comme un cinéaste de la violence et du grotesque, Takashi Miike, l'homme derrière Audition, Gozu ou Ichi the Killer est, lui aussi, un indécrottable romantique. Un romantique foutraque, un romantique punk, mais un romantique tout de même, et cet aspect transpire à chaque minute de God's Puzzle.

Réalisé en 2008, God's Puzzle est l'adaptation d'un roman de science fiction écrit par Shinji Kimoto. Le film nous plonge au cœur d'un groupe d'étudiantes et d'étudiants mis en compétition lors d'un séminaire de physique quantique. L'une de ces étudiantes, peut-être la plus brillante d'entre toutes, Saraka, envisage ni plus ni moins de prouver l'existence ou non de Dieu en créant elle même un nouvel univers. Si elle y arrive, soit notre univers prend fin prouvant alors l'inexistence d'un quelconque sauveur divin, soit Dieu intervient pour l'en empêcher. Dans les deux cas, Saraka sera délivrée de ses souffrances et de l'étiquette de génie qui lui colle à la peau. C'est que la jeune femme vit un cauchemar : considérée comme la nouvelle Einstein, la pression sur ses épaules est telle qu'elle est incapable de se lier avec qui que ce soit, qu'il s'agisse d'amour ou d'amitié. Intervient alors Motozaku, un Great Student O... Non, j'ai rien en O, bref, un jeune punk, qui a pour mission de se rapprocher de Saraka et qui sait, de lui redonner foi en l'humanité.

N'y allons pas par quatre chemins, God's Puzzle est un peu culcul la praline. Le couplet de l'amour qui vient sauver l'humanité (ou pas), on nous l'a chanté mille fois. Pourtant, c'est bien ce romantisme suranné qui rend God's Puzzle sympathique pour peu que l'on se connecte à notre âme d'adolescent tourmenté. Takashi Miike, ce grand sensible, en a pleinement conscience et concentre son récit sur les relations humaines. L'aspect SF, les questions métaphysiques sur l'existence de Dieu et les interminables débats sur la physique quantique ne sont là que pour donner plus de tragique à une histoire de harcèlement et de mal-être adolescent. Si vous êtes venus chercher de la SF, vous feriez mieux de passer votre chemin. Non, ce que vous venez voir avec God's Puzzle, c'est Takashi Miike qui nous chante un morceau désespéré de X-Japan. C'est une proposition quoi et si j'ai passé un bon moment, le film ne fait clairement pas partie des meilleures œuvres de son réalisateur.

C'est que côté réalisation et image, le film est carrément oubliable. Sans être mal fait, c'est beaucoup trop classique, à la limite du Drama plan plan. On s'étonne d'aussi peu de fantaisie de la part d'un réalisateur aussi expérimenté que Miike (presque 70 films tourné à l'époque). Le côté foutraque de l'homme se retrouve plutôt dans une narration bardée d'ellipses et inutilement compliquée qui abouti à un final expédié et maladroit qui tente de jouer la carte du film à grand spectacle sans en avoir le budget. C'est d'autant plus dommage que les relations humaines dépeintes dans les deux premiers tiers de l'histoire rendait le tout plutôt sympathique à défaut d'être très novateur. Le casting est d'ailleurs plutôt bon. Tanimura Mitsuki (Saraka) est très crédible en tant que jeune génie torturée, et le jeune Ichihara Hayato dégage une énergie telle qu'il permet rapidement de s'attacher au jeune punk Motozaku. Hélas, aussi bon soit le jeu, il ne permet pas de rattraper un dernier tiers de film trop ambitieux dans l'image (et peut-être un peu paresseux dans l'écriture).

À l'heure du bilan, si j'ai plutôt apprécié le film pour su raviver mon âme d'ado dépressif, je dois bien reconnaître qu'il ne me reste pas grand chose en tête deux semaines seulement après le visionnage. Une réalisation un peu plate et un final mal géré, finalement God's Puzzle est peut-être une œuvre un peu trop grand public pour marquer les esprits.

Activité sur God's Puzzle